SNCL

Syndicat National des Collèges et des Lycées

  • Septembre 2024 : le SNCL vous offre son bulletin de rentrée

    SNCL – Bulletin n°635 – Au sommaire : 

     

    Collège – Du BEPC au DNB, un examen et des enseignants bien malmenés

    Lycées – Baccalauréat 2024 : quel bilan ?

    Universités – La réforme de la formation s’éloigne

    Mémento – La médecine du travail et de prévention 

     

    Gestion de carrière 

    • Remise en cause du statut des agrégés : nous sommes tous concernés 
    • Le point sur … le baccalauréat français international 
    • Plan d’action métier pour les AESH 
    • La médecine préventive dans les académies : c’est préoccupant !
    • Complémentaire santé à l’Éducation nationale : une révolution arrive
  • Santé au travail : tout savoir sur la médecine préventive

    Le SNCL vous a préparé ce dossier pour mieux connaitre vos droits et prendre soin de vous tout au long de l’année. Découvrez d’abord les résultats de notre test sur l’accès à la médecine du travail, puis retrouvez toutes les informations utiles grâce à notre fiche mémento.

    1.  Accès à la médecine préventive : les résultats préoccupants de notre test
    2.  Fiche mémento : tout savoir sur la médecine du travail et sur vos droits

     

    I. Accès à la médecine préventive : les résultats préoccupants de notre test

    Notre syndicat a voulu tester l’accessibilité des informations académiques concernant le service de médecine préventive.

    La méthode était la suivante : sur la page de contact des académies (site education.gouv.fr),  Nous avons choisi chacune des 34 académies et saisi la recherche « médecine de prévention ».

    L’organisation réglementaire prévoit normalement que tout service de médecine préventive académique soit coordonné par un médecin du travail, assisté d’infirmiers en santé au travail, et composé en outre de médecins collaborateurs généralement appelés « médecins de prévention ».

    Premier constat : symptomatique du manque criant de personnel : la plupart des sites académiques répondent à la recherche en donnant accès à des fiches métiers sur la profession de médecin du travail dans la Fonction publique et de médecins scolaires ainsi que des offres d’emploi pour ces métiers.

    Deuxième constat : seules 3 académies sur 34 sont en capacité de publier le nom d’un médecin du travail ; il s’agit de la Corse, de La Réunion et de Reims. Il semble donc que 31 académies ne possèdent plus de médecin du travail coordonnateur de la médecine préventive.

    D’ailleurs, notre syndicat a fait plusieurs fois le test en demandant à voir le médecin du travail et la réponse a toujours été la même, celle d’une orientation vers le médecin « de prévention » sans plus de détails.

    Certaines FSSSCT (formations spécialisées en santé, sécurité et conditions de travail) n’ont jamais répondu non plus à notre demande syndicale d’identification du médecin du travail de l’académie.

    Troisième constat : s’il existe des infirmières en médecine préventive, très peu sont spécialisées en santé au travail. Là encore seules trois académies publient l’identité d’infirmières en santé au travail, par la méthode que nous avons indiquée.

    Quatrième constat : en ce qui concerne l’accessibilité des données au sujet des médecins de prévention, il n’existe pratiquement pas de résultat global académique. Bien souvent les réponses à notre recherche impliquent de chercher quelques données supplémentaires dans les publications des DSDEN de l’académie.

    Il n’existe donc pas de documents académiques officiels intitulés « Service de médecine de prévention », sauf pour l’académie de Corse, vraiment exemplaire sur ce point. On y trouve réuni sur une même page, le nom du médecin du travail, celui du médecin conseiller technique du recteur, celui des 3 conseillers de prévention et des 12 assistants de prévention.

    Cinquième constat : en cherchant un peu, on parvient par notre méthode à être renvoyé sur des pages de contact avec la médecine préventive académique ou départementale, mais à part le titre de médecin de prévention, bien peu d’académies sont capables de publier autre chose qu’un mail générique de médecine préventive ou de secrétariat.

    Sixième constat : par notre méthode, 19 académies ne publient aucune information directement en lien avec le service de médecine préventive des personnels.

    Septième constat : beaucoup de sites académiques se contentent d’énumérer les missions de cette médecine de prévention, textes à l’appui, plutôt que d’identifier les personnes ressources.

    Ajoutons à cela que les collègues les plus expérimentés viennent de passer leurs trente dernières années au travail sans convocation du médecin de préventionIl y a péril en la demeure, mépris du droit de plus d’un million de travailleurs !

    Le SNCL dénonce un tel abandon de la médecine de prévention à commencer par la disparition du médecin et de l’infirmier du travail.

    Le SNCL dénonce aussi l’absence de transparence dans la communication de documents récapitulatifs des moyens et postes existants dans chaque académie, comme si la consigne était donnée de cacher le désastre. Ce n’est pas non plus le carré régalien académique, qui souffre des mêmes maux que la médecine préventive – affichage sans identification des personnes ressources – qui permettra de lutter contre les violences et harcèlements subis par les personnels.

    Face à l’opacité qui règne pour accéder à la médecine préventive, mieux vaut bien connaitre son fonctionnement et vos droits en la matière. Notre fiche mémento résume l’ensemble des textes de référence qui les définissent et vous aidera à y voir plus clair.

     

     

    II. Fiche mémento : tout savoir sur la médecine du travail et sur vos droits

    Cette fiche a pour but d’éclairer l’organisation générale des missions de santé, de sécurité et de prévention aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Elle abordera plus particulièrement l’organisation du service de médecine préventive, les prérogatives du médecin du travail et les droits des agents.

    1. Textes de référence :

    – Article L 3 du Code général de la Fonction publique qui définit les fonctionnaires civils,

    – Article L 911-1 du Code de l’Éducation qui assimile les corps de l’Éducation nationale à la Fonction publique d’État.

    – Article L 811 – 1 du Code général de la Fonction publique instaurant une similarité de règles de prévention en matière de santé et de sécurité entre dans les services et établissements relevant de L3 et les travailleurs du privé (inclusion des contractuels), mais dérogation possible par décret en conseil d’État.

    – Code du travail, Partie 4, livres I à V et articles R 4121-1 à R 4822-1 : les règles en matière de santé et de sécurité au travail.

    – Article L 133-2 du Code général de la Fonction publique concernant la protection des personnes victimes de harcèlement ou dénonçant le harcèlement.

    – Décret n° 82-453 du 28 mai 1982 modifié relatif à l’hygiène et à la sécurité du travail ainsi qu’à la prévention médicale dans la Fonction publique, pris en Conseil des ministres.

    – Décret n°86-442 du 14 mars 1986 relatif à la désignation des médecins agréés, à l’organisation des conseils médicaux, aux conditions d’aptitude physique pour l’admission aux emplois publics et au régime de congés de maladie des fonctionnaires, article 20.

    – Articles L 4624-8 du code du travail, L 1110-4, L 1111-2 et R 1111-44 à R 1111-52 du code de santé publique, accès, conservation, conditions d’utilisation et clôture du dossier médical.

    2. Organisation générale

    • Il existe une Commission centrale d’hygiène et de sécurité au Conseil supérieur de la Fonction publique de l’État.

    • Le ministre de la Fonction publique adresse un rapport annuel à cette Commission centrale d’hygiène et de sécurité.

    • Globalement les règles en matière d’hygiène et de sécurité sont celles du Code du travail (livres I à V, partie 4 du Code du travail).

    • Dans chaque administration déconcentrée de l’État (par exemple un rectorat), dans chaque administration centrale de ministère ou de plusieurs ministères réunis, ainsi que dans chaque établissement public de l’État ou de plusieurs établissements publics d’État réunis, il existe en matière de santé et de sécurité au travail :

    1. un chef de service responsable chargé de la sécurité et de la protection des agents au travail,

    2. une formation spécialisée en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail (FSSSCT) ou un Comité social d’administration (CSA),

    3. des assistants de prévention et parfois (selon les risques de la profession ou l’effectif de celle-ci) des conseillers de prévention nommés par le chef de service. Le rôle des conseillers de prévention est celui de la coordination des assistants. Assistants et conseillers sont appelés agents de prévention.

    Ces agents reçoivent une lettre de cadrage du chef de service. Leurs missions :

    a) assistance au chef de service pour évaluer les risques,

    b) proposer une politique de prévention,

    c) assurer le suivi des registres de santé et de sécurité au travail (RSST),

    d) participer à l’information, la sensibilisation, la formation des personnels en matière d’hygiène, de santé et de sécurité au travail,

    4. des inspecteurs de santé et sécurité au travail désignés par le ministre ou le directeur d’établissement public de l’Etat et rattachés aux inspections générales des ministères ou des établissement publics.

    a) Ils reçoivent une lettre de mission.

    b) Ils proposent au chef de service des mesures d’amélioration et se font présenter les registres réglementaires.

    c) Ils peuvent recevoir le concours des inspecteurs du travail.

    d) Ils peuvent demander l’aide d’un médecin inspecteur de la santé ou de la sécurité civile,

    5. un service de médecine de prévention, animé et coordonné par un médecin du travail.

    3. Le service de médecine préventive

    Organisation générale :

    1. Le service est sous la responsabilité du chef de service chargé de la sécurité et de la protection des agents.

    2. Il est animé et coordonné par un médecin du travail qui rédige un rapport annuel transmis au chef de service et à la FSSSCT.

    3. Il comporte une équipe pluridisciplinaire appartenant soit au service créé par l’administration ou l’établissement public d’État, soit à une réunion de plusieurs de ces services, soit à une organisation à but non lucratif ayant un objet social de médecine du travail. L’indépendance des personnes et organismes associés extérieurs à l’administration est garantie dans le cadre d’une convention. 

    4. Cette équipe pluridisciplinaire comporte le médecin du travail, un infirmier en santé au travail ainsi que des collaborateurs médecins, des internes en médecine du travail en tant que de besoin et peut recevoir l’aide des services sociaux.

    5. Le service possède un secrétariat, des locaux, le matériel nécessaire, fournis par l’administration.

    Missions :

    1. prévenir toute altération de la santé des agents du fait de leur travail,

    2. conduire des actions de santé au travail pour préserver la santé physique et mentale des travailleurs tout au long de leur parcours professionnel,

    3. Organiser des visites d’information et de prévention tous les 5 ans auprès de tous les agents, réalisées par le médecin du travail ou le médecin collaborateur ou l’infirmier.

    4. Médecin du travail : rôle et prérogatives

    Rôle :

    1. Le médecin du travail reçoit une lettre de mission.

    2. Il agit dans l’intérêt exclusif de la santé et de la sécurité des agents.

    3. Il n’est ni un médecin chargé des visites d’aptitude physique, ni un médecin de contrôle, cependant son action peut être complémentaire à celle du médecin chargé des visites d’aptitude physique lors de l’affectation d’un agent en ce qui concerne l’adaptation du poste à l’état de santé de l’agent.

    4. Il fixe les objectifs et modalités de fonctionnement du service de médecine de prévention dans un protocole écrit.

    5. Il donne un avis sur les moyens nécessaires à attribuer au service de médecine de prévention.

    6. Il est le conseiller de l’administration, des agents et de leurs représentants en matière d’hygiène, de santé et de sécurité au travail.

    7. Il met à jour périodiquement une fiche où sont consignés les risques professionnels propres à un service, la communique au chef de service qui l’annexe au document unique d’évaluation des risques socio-professionnels (DUERP), et la tient à disposition des inspecteurs de santé et sécurité, de la FSSSCT ou du CSA, de l’inspecteur du travail, du médecin inspecteur de la santé, du ministre, du directeur d’établissement, de l’inspecteur général du travail.

    8. Il est consulté pour tout projet de construction ou d’aménagement important de bâtiment ou de modification des équipements.

    9. Il est informé de l’utilisation de produit dangereux.

    10. Il peut demander des prélèvements et mesures à fin d’analyses à l’administration qui peut refuser dans un avis motivé.

    11. Il participe aux études et enquêtes épidémiologiques.

    12. Il doit passer au moins un tiers de son temps en milieu de travail, accompagné en cela par l’équipe pluridisciplinaire de médecine préventive selon le protocole écrit rédigé par lui-même.

    Prérogatives :

    1. Il peut réaliser, prescrire ou recommander des examens complémentaires à un agent aux frais de l’employeur pour s’assurer de la compatibilité de l’agent à poste de travail, prévenir un risque épidémiologique ou une maladie professionnelle.

    2. Il surveille particulièrement les agents en situation de handicap, les femmes enceintes, ayant accouché récemment ou allaitantes, les agents réintégrés après un congé longue maladie ou longue durée, ceux qui ont une pathologie particulière, ceux affectés dans un service présentant un risque.

    3. Lui seul peut proposer des aménagements de poste ou de conditions d’exercice, en raison de l’âge, de la résistance physique ou de l’état de santé.

    4. Lui seul peut proposer un aménagement temporaire de poste ou de conditions d’exercice à la femme enceinte, ayant accouché récemment ou allaitante.

    L’administration peut refuser ces aménagements par un avis motivé transmis à la FSSSCT ou au CSA.

    3. Droits et devoirs des agents

    La visite d’information et de prévention tous les 5 ans

    – La visite peut être réalisée par le médecin du travail, un collaborateur médecin ou un infirmier dans le cadre d’un protocole écrit.

    – L’agent est informé au cours de cette visite qu’il peut bénéficier à tout moment d’une visite avec le médecin du travail ou un membre de l’équipe pluridisciplinaire sans que l’administration ait à en connaître le motif.

    – L’agent reçu par un médecin collaborateur peut être orienté sans délai vers le médecin du travail.

    – L’agent fournit à son administration la preuve qu’il a satisfait à l’obligation de visite médicale tous les cinq ans. 

    La visite libre de l’agent

    Il peut bénéficier à tout moment d’une visite avec le médecin du travail ou un membre de l’équipe pluridisciplinaire sans que l’administration ait à en connaître le motif. 

    La visite à l’initiative de l’administration

    L’administration peut demander au médecin du travail de recevoir l’agent, elle doit informer ce dernier de sa démarche. 

    Droit de contestation

    L’agent peut contester un aménagement de poste préconisé par le médecin du travail auprès du chef de service qui saisit l’inspecteur du travail territorialement compétent. 

    Droit à une autorisation d’absence

    Des autorisations d’absence sont accordées pour permettre aux agents de bénéficier des examens médicaux et des visites avec le médecin ou un autre membre de l’équipe pluridisciplinaire. Cela concerne également les examens prescrits ou recommandés par le médecin du travail. 

     

     

    Vous avez des questions, besoin d’être accompagné ? N’hésitez pas à nous contacter : communication@sncl.fr

  • Rentrée des écoles 2024 : la guerre des postes

    La rentrée 2024 ? Encore une pénurie de professeurs des écoles. Pour le seul concours externe, il est resté 1 100 postes à pourvoir en juillet dernier.  Cette situation a maintenant des conséquences importantes pour les personnels sur le terrain. Ainsi de nombreux collègues se voient refuser leurs demandes de temps partiels pour des raisons de service en cette rentrée. 

    Le SNCL dénonce une nouvelle fois cette gestion du personnel. Tout professeur doit pouvoir diminuer son temps de service quand il en ressent le besoin. Imposer aux collègues un travail à temps complet quand ces derniers ne le souhaitent pas, c’est créer des situations bien plus graves avec des risques de burn-out qui peuvent conduire à des arrêts maladie à remplacer. Ce n’est pas aux collègues titulaires à pallier la crise du recrutement des professeurs. 

    Le SNCL invite les collègues concernés à déposer des recours.

    De plus, le manque d’enseignants entraine un déficit du nombre de remplaçants. Ainsi les collègues se retrouvent pendant plusieurs jours voire semaines avec des classes à 30 élèves ou plus faute de remplaçant. 

    C’est nier les difficultés quotidiennes de plus en plus croissantes du métier que de surcharger les classes et de ne pas réussir à inverser la tendance du recrutement. 

    Le métier n’est plus attractif et le SNCL demande une véritable revalorisation pérenne des enseignants. La diminution des parts de Pacte pour la rentrée 2024 de plus de 35 % montre le mépris du ministère qui après avoir diffusé en 2023 l’information selon laquelle les enseignants seraient payés plus pour des missions supplémentaires, renvoie tout le monde au tapis avec de nombreux collègues qui perdent leurs missions pour la rentrée faute de moyens suffisants alloués.

    Le Pacte n’est de toute façon pas la solution pour une revalorisation pérenne et ne présente que l’avantage de permettre aux collègues volontaires de compléter leur salaire. 

     

    Circulaire du 26 juin 2024 : points à retenir

     

    Dans la circulaire de rentrée publiée le 26 juin 2024, de nombreux points sont abordés concernant l’école primaire. Les priorités en mathématiques et en français sont réaffirmées afin « de réduire les écarts scolaires et les inégalités qui leur sont attachées ». Concernant les nouveaux programmes qui devaient s’appliquer en septembre, ils sont suspendus mis à part celui de l’EMC qui se fera de façon progressive dans tous les niveaux de l’école élémentaire. 

    Le SNCL défend la liberté pédagogique dans le choix des manuels scolaires et se félicite que la mise en œuvre de nouveaux programmes ne se fasse pas dans la précipitation afin que les équipes puissent avoir le temps de se les approprier et de revoir leur programmation annuelle.

    Les évaluations nationales de début d’année concerneront désormais tous les niveaux du CP au CM2. Pour le ministère, « ces évaluations permettront (…) d’identifier, dès le début de l’année, le niveau de maîtrise des compétences des élèves et de permettre aux équipes de positionner leurs résultats en référence aux données nationales, académiques et départementales ». 

    Même si les données permettent aux équipes de cibler des points de vigilance et d’y remédier, ces évaluations ne reflètent pas toujours le niveau réel des élèves, ni leurs besoins. La formulation de certains items, le temps imparti pour chaque exercice, la passation en début d’année sont autant d’éléments qui peuvent impacter les résultats. De plus, chaque enseignant a ses propres évaluations diagnostiques qui lui permettent d’ajuster au mieux sa pédagogie au profil de sa classe. 

    Le SNCL n’est pas favorable à cette imposition, et demande à ce que l’usine à gaz que représente la passation de ces évaluations et la saisie des résultats soit au moins compensée par une déduction sur les 108 heures pour les professeurs concernés.

    Inclusion à l’école : la circulaire augure des changements à venir dans la prise en charge des élèves en situation de handicap : « Afin de diminuer les temps de déplacement et de simplifier la vie des familles et de leurs enfants, les conditions d’intervention des professionnels de santé libéraux (…) dans les murs de l’école seront définies par voie réglementaire d’ici la fin de l’année. Au-delà des conditions de pratique professionnelle, il s’agira de prévoir la mise à disposition de salles et de matériels. Cette innovation fera de l’école le lieu principal de vie des élèves, qui n’auront pour la plupart plus besoin de se rendre ensuite chez un spécialiste ».

    Le SNCL défend l’inclusion scolaire et souhaite une école ouverte à tous. Toutefois, cette inclusion peut rencontrer des limites dans des cas de handicaps très lourds ou de troubles du comportement extrêmes. La place de ces enfants est dans des petites structures spécialisées qui peuvent répondre de façon réelle à leurs besoins. Or ces structures sont elles aussi impactées par la baisse drastique des moyens qui leur sont alloués.

    Faire entrer le médical dans les écoles est une solution qui pourrait en théorie simplifier le quotidien des familles mais pour le SNCL, cela va poser des problèmes matériels et de gestion importants dans de nombreuses écoles, sans parler des considérations statutaires et de responsabilité. Le ministère sait-il vraiment où il met les pieds ?

    Quand les équipes peinent déjà à avoir une salle de motricité en maternelle ou une salle informatique en élémentaire, quand une BCD fait aussi office de salle d’arts visuels, comment les directeurs vont-ils pouvoir libérer une ou plusieurs salles pour les services de soins ?

    Le directeur va-t-il devoir aussi organiser le planning des intervenants médicaux si plusieurs élèves sont concernés par des soins dans la journée ? Les municipalités déjà impactées dans leur budget par la crise économique vont-elles pouvoir investir dans des aménagements matériels dans leurs écoles ?

    Autant de points sur lesquels le SNCL sera vigilant car il n’est pas question que les directeurs voient leurs missions et responsabilités encore augmenter sans compensation. 

    Pour le SNCL, la baisse croissante des effectifs des enseignants spécialisés et des psychologues scolaires du RASED a impacté les écoles et la prise en charge des élèves à besoins spécifiques. Remettre les RASED en nombre suffisant dans les écoles devrait être la priorité du ministère pour venir en aide aux élèves porteurs de handicap et aux équipes souvent démunies face à certaines pathologies.

    Dans la circulaire, le ministère entend former les équipes autour du handicap et nommer un référent handicap et accessibilité : « un grand plan de formation déployé dès la rentrée 2024 (…) doit permettre aux équipes d’apprécier pleinement les enjeux de l’adaptation de la pédagogie et de comprendre les besoins des enfants en situation de handicap ». 

    Si elle se décline sous forme de « plan handicap », quel va être l’impact sur les équipes pédagogiques ? Comment en quelques heures pourrait-on former des enseignants à tous les types de handicaps ? Dans les écoles, l’inclusion de certains élèves entraine des situations de souffrance pour les élèves concernés, leurs familles, mais aussi pour les enseignants et pour les autres élèves de la classe.

    Inclure à tout prix n’est pas la solution. Le SNCL souhaite un engagement fort de la hiérarchie aux côtés des collègues et des équipes RASED, ECAI ou EMAS plus nombreuses et bien formées pour se mobiliser rapidement sur le terrain aux côtés des collègues. Croire qu’un « plan handicap » va résoudre tous les problèmes de l’école inclusive c’est se fourvoyer encore une fois. Pour le SNCL, la vraie solution est à chercher dans la restauration de structures spécialisées dans l’accueil provisoire ou prolongé, en parallèle de l’école, des élèves en situation de handicap.

    Le SNCL attend maintenant la nomination du nouveau ministre de l’Éducation nationale afin de faire valoir tous ces points dans les meilleurs délais.

  • Un nouveau BAC à l’étranger : le baccalauréat français international

    Dès la rentrée 2022, l’option internationale du baccalauréat général (OIB) avait évolué pour devenir le baccalauréat français international (désormais : BFI). La première session s’est déroulée en mai dernier dans la plupart des pays partenaires. Les classes menant au BFI débutent en classe de 1re et se poursuivent en terminale.

     

    Objectifs de la formation

    Le ministère de l’Éducation nationale rappelle qu’il délivre via le BFI un diplôme du système éducatif français, dont l’objectif essentiel est la valorisation et l’approfondissement des connaissances en langues étrangères de jeunes issus de familles internationales, notamment européennes, à un niveau C1-C2.

    Pour les lycées français à l’étranger1, la nouvelle appellation de BFI – le terme d’option disparaît –, matérialise davantage le parcours qui permet de « maîtriser plusieurs langues vivantes, à un très bon niveau, répondant ainsi à une demande forte des familles »2. C’est en l’état un instrument d’influence douce, mais efficace, au service du développement de la francophonie à l’international.

    Le ministère répond ici au désir du président de la République de voir se renforcer la visibilité et l’attractivité des établissements d’enseignement secondaire français à l’étranger et, à terme, de s’assurer d’un panel de futurs étudiants internationaux à l’aise aussi bien en français que dans de nombreuses langues du monde. Pour ce faire, les lycées organisent en leur sein des « sections » dans lesquelles les élèves reçoivent un enseignement renforcé dans une « langue de section » (dite LVA). On trouve des sections très variées, comme la section brésilienne, chinoise, australienne, danoise, etc., au total 18 sections.

     

    Admission en « section » du BFI

    Les élèves scolarisés dans le réseau des établissements français à l’étranger doivent attester d’une bonne connaissance du français et de langue de la section choisie.

    Les élèves scolarisés en France qui souhaitent s’inscrire doivent avoir effectué tout ou partie de leur scolarité dans le pays où est parlée la langue de section (LVA) ou avoir un niveau suffisant dans cette langue. L’admission se fait sur dossier et après réussite d’un examen d’aptitude dans la langue cible. A savoir : les élèves issus d’une section internationale de classe de seconde « sont admis de droit en [section du BFI] de 1re après avoir reçu un avis favorable du conseil de classe »3.

     

    Des enseignements complémentaires

    Les élèves suivent, en classes de 1re et terminale, les enseignements du baccalauréat général auxquels s’ajoutent trois enseignements spécifiques de langues et cultures étrangères :

    – un enseignement de connaissance du monde (4 h/sem. en LVA) qui associe la transmission d’un contenu culturel et linguistique, la sensibilisation aux grands enjeux contemporains et une démarche de projet engageant l’élève de terminale dans une action concrète et collective en partenariat international ;

    – un enseignement de discipline non linguistique obligatoire portant sur l’histoire-géographie (4 h/sem. dont 2 h en LVA) ou sur l’enseignement scientifique (3,5 h/sem. dont 1,5 h en LVA) ;

    – un enseignement d’approfondissement culturel et linguistique (2 h/sem. en LVA ou une autre langue selon le parcours de l’élève).

    En conclusion, le BFI, porté par une vision politique, dont il faudra encore mesurer le cadre budgétaire consenti par l’État, valorise les parcours internationaux des lycéens, dans des langues variées, et pourra de ce fait être proposé dans davantage d’établissements, potentiellement dans le réseau Euroscol.

  • École : évolution de la formation et de l’évaluation des directeurs

    La formation des directeurs 

    Suite à la Loi Rilhac, un arrêté précise désormais les modalités de formation des directeurs d’école. Le SNCL constate que le pouvoir décisionnel du directeur est spécifié : il répartit les moyens d’enseignement, il anime et conduit le projet pédagogique, devenant pilote pédagogique de son école, il assure la sécurité des personnes et des biens, il veille à l’hygiène et à la salubrité de l’école… La fonction de directeur d’école évolue petit à petit vers plus d’autonomie dans les prises de décisions ce qui est intéressant.

    Toutefois, le SNCL reste vigilant car ces changements engendrent plus de responsabilités et de missions pour les directeurs. Il faut donc que le temps de décharge et les compensations financières soient au rendez-vous.

    Arrêté du 21/03/2024 – Formation des directeurs d’école (extrait) : 

    « La formation est obligatoire pour tout instituteur ou professeur des écoles nommé directeur d’école. La durée de cette formation est de 3 semaines » (…) « La formation des directeurs d’école a pour objectif de leur permettre d’assurer les responsabilités inhérentes au pilotage pédagogique, au bon fonctionnement de l’école et aux relations avec les représentants légaux des élèves et les partenaires de l’école.

    Cette formation spécifique porte sur les compétences et les connaissances liées à :

    – l’organisation du système éducatif ;

    – l’admission, l’accueil, la surveillance et le suivi de l’assiduité des élèves ;

    – l’accessibilité de l’école pour les élèves à besoins éducatifs et pédagogiques particuliers ;

    – l’animation et la conduite du projet pédagogique de l’école ;

    – la coordination de l’équipe pédagogique ;

    – la conduite du conseil d’école et du conseil des maîtres qu’il préside ;

    – la répartition des moyens d’enseignement et l’organisation des services des personnels ;

    – l’élaboration et le suivi du règlement intérieur, premier vecteur d’une vie scolaire sereine et propice aux apprentissages ;

    – en lien avec les autorités administratives compétentes, la prise de décision visant à assurer la sécurité des personnes et des biens, l’hygiène et la salubrité de l’école sur le temps scolaire ; 

    – le dialogue avec la commune ou l’établissement public de coopération intercommunale compétent, le cas échéant avec d’autres collectivités territoriales ;

    – la relation avec les familles, les représentants légaux des élèves et les représentants élus des parents d’élèves, les associations et les autres services de l’Etat ».

    Les directeurs auront donc trois jours de formation avant l’inscription sur la liste d’aptitude. Une fois les résultats du mouvement promulgués, les futurs directeurs bénéficieront de trois semaines de formation. Une fois passée la rentrée, ils auront deux semaines de formation puis trois jours à la fin de la première année d’exercice. Les collègues faisant fonction auront aussi une formation dans les premiers mois de l’année.

     

    Modalités d’évaluation des directeurs d’école :

    La circulaire du 20 mars 2024 précisant les modalités de l’évaluation des directeurs d’école a été publiée dans le BO du 11 avril 2024. L’IEN est chargé de l’évaluation du directeur d’école et est réalisée au plus tard après trois ans d’exercice dans ses fonctions, puis au moins une fois tous les cinq ans : « le directeur d’école est informé individuellement, avant le début des vacances d’été, de la programmation d’un entretien professionnel pour l’année scolaire à venir. La date de cet entretien lui est notifiée au plus tard quinze jours calendaires avant la date de celui-ci (…). Il se déroule en dehors des heures de classe ». Les directeurs ayant un rendez-vous de carrière auront leur entretien professionnel l’année suivante.

    Le SNCL demande à ce que les directeurs non déchargés bénéficient d’un rattrapage du temps de l’entretien sur les 108h.

    L’entretien porte sur « la maîtrise des fonctions occupées et les compétences mises en œuvre aux conditions d’organisation et de fonctionnement du service dont il relève et sur les besoins de formation du directeur d’école compte tenu de son expérience professionnelle, la spécificité de l’école dont il assume la direction et des besoins qu’il exprime ».

    Un compte-rendu écrit est rédigé à l’issue de l’entretien par l’IEN et comporte « une appréciation générale exprimant la valeur professionnelle du directeur d’école ». Un formulaire de compte-rendu est joint à l’arrêté et spécifie les grandes lignes des attendus de cette évaluation (voir pièce-jointe de cet article).

    Les modalités de recours sont également spécifiées :« ce recours hiérarchique est exercé dans un délai de quinze jours francs suivant la notification à l’agent du compte rendu de l’entretien. Le DASEN qui a été saisi notifie sa réponse dans un délai de quinze jours francs (…). La commission administrative paritaire compétente peut demander, sur requête de l’intéressé, et après exercice d’un recours hiérarchique, la révision du compte rendu de l’entretien professionnel à l’autorité saisie de ce recours ».

    Le SNCL souhaite que ces entretiens soient avant tout constructifs et permettent aux directeurs d’exprimer leurs besoins en moyens humains, financiers, formatifs. Les directeurs doivent être entendus car ils sont en première ligne sur le terrain. Ils connaissent les difficultés et les avantages de leur école et sont source de propositions constructives pour améliorer le quotidien. Pour le SNCL, qui continue de demander une augmentation de la prime de direction au regard des missions supplémentaires demandées, ces entretiens doivent permettre aux directeurs et aux IEN de travailler main dans la main pour nos Écoles.

  • Le Choc des savoirs au Lycée : quelles conséquences ?

    Il aura fallu attendre des décennies de déni, d’abaissement des exigences, de laisser-aller et d’aveuglement pour qu’une prise de conscience arrive enfin !

     

    D’aucuns osaient déjà, dès les années 2000, dénoncer la situation de sape de l’Education nationale à travers le « pas de vagues » et la cécité volontaire de l’Institution face à la montée de la violence et l’abaissement du niveau, mais les modes pédagogiques de tous ordres et les réformes successives allaient être la solution, nous disait-on ! Rien n’y fit ! Les acteurs de terrain ont eu beau crier, hurler leur désarroi, l’Institution est restée sourde et a poursuivi son travail de destruction massive !

     

    Il aura fallu attendre les résultats PISA pour découvrir le niveau épouvantable de nos élèves français, mais qui ont-ils surpris ? Après des décennies de perte d’autorité et de clientélisme, comment pouvait-on être étonné à moins d’être sourd et aveugle ?

     

    Il était temps que le bon sens fasse son retour, mais n’est-il pas déjà trop tard ?

    Rares sont les professeurs qui ont tenu bon, qui ont continué à assurer leur mission en leur âme et conscience sans la crainte des parents ou des pressions de tous ordres.

    Rares sont ceux qui n’ont pas cédé au dogmatisme et aux modes pédagogiques tant les injonctions ont été grandes.

     

    La prise de conscience, oui, mais il aura fallu attendre que des professeurs soient menacés, attaqués verbalement et physiquement, assassinés pour avoir exercé leur mission ! Fallait-il attendre ?

     

    Les tâches demandées aux professeurs se sont faites de plus en plus nombreuses au risque de perdre de vue leur mission principale : la transmission des savoirs, qui est devenue au fil des ans accessoire…

     

    Le retour de l’autorité du professeur et le soutien de l’Institution semblent être les toutes premières nécessités au rétablissement d’un niveau de connaissance chez nos élèves. Ce n’est qu’en recentrant le rôle du professeur sur sa mission d’enseignement au détriment de l’accessoire et de l’éphémère que nous pourrons apporter aux élèves des savoirs et des savoir-être.

     

    La volonté semble bien présente mais tout cela est-il réalisable ? Il semblerait, comme nous y sommes habitués, que ces belles promesses se fassent à moyens constants ! 

     

    Les DHG arrivent dans les établissements et force est de constater qu’elles ont peu ou pas augmenté ! Comment financer les mesures promises ? Comment restaurer l’autorité des professeurs ? Tout cela dans un contexte de désaffection de la profession d’enseignant qui n’attire plus. Le fait de repousser les épreuves des concours n’a pas permis d’attirer de nouveaux candidats.

     

    Même si le ministère assure que 574 postes seront créés dans le 2nd degré en 2024 pour permettre la mise en place des nouvelles mesures, où allons-nous trouver les nouveaux enseignants ? Le « choc d’attractivité » n’a pas eu lieu et il faudra du temps pour former les nouveaux professeurs de lycée !

     

    Alors quelles mesures concrètes pour le lycée ?

    Pas question de revenir sur le contrôle continu ni sur la numérisation des copies et leur correction en ligne, comme le réclamait le SNCL.

     

    En revanche, les correctifs académiques des notes de contrôle continu et aux épreuves terminales ainsi que les consignes académiques devraient enfin disparaître ! Le ministère nous assure que le « bidouillage » des notes par les soi-disant commissions d’harmonisation devrait prendre fin dès cette année ! 

     

    Le SNCL attend de constater la réalité sur le terrain … Cela serait enfin un signe de confiance envoyé aux enseignants et une marque de respect pour leur travail, que ce soit pour le contrôle continu ou pour les épreuves terminales. En effet les professeurs, par leurs compétences et leur expertise en matière d’évaluation, sont les mieux placés pour rendre compte du niveau réel des élèves.

     

    Rappelons le scandale lié aux remontées artificielles des notes de spécialités affectées d’un coefficient 16 afin d’éviter que les notes réelles obtenues par les candidats ne fassent chuter les pourcentages de réussite au baccalauréat.

     

    Les services rectoraux et les corps d’inspection vont-ils suivre ?

     

    Le SNCL avait dénoncé cette pratique et s’était indigné du manque de respect que celle-ci démontrait.

     

    Autre nouveauté : la mise en place d’une Prépa lycée pour les élèves qui n’ont pas le DNB : il s’agit d’un dispositif de préparation à la 2nde. Ces classes de prépa-lycée seraient positionnées dans les lycées avec des effectifs réduits. On peut s’interroger sur les moyens attribués qui vont permettre cette mise en place.

     

    Les élèves qui n’auraient pas le DNB seraient donc inscrits dans la prépa lycée de leur établissement d’affectation. Des questions restent en suspens : quels enseignants pour y intervenir ? Avec quel programme ? Quels contenus enseignés avec quelles grilles horaires ? 

     

    Le SNCL souhaite que le ministère ne laisse pas la main aux établissements et que l’encadrement de ce dispositif soit réel et identique sur tout le territoire. La nouvelle prépa lycée ne doit pas servir de variable d’ajustement en termes de postes et d’horaires.

     

    A partir de la session 2026, il est prévu d’introduire une nouvelle épreuve anticipée de culture mathématique et scientifique au baccalauréat en fin de 1re générale et technologique à l’image de l’épreuve anticipée de français. Cette nouvelle épreuve permettra de tester la capacité des élèves à comprendre les principaux objets mathématiques indispensables à tous, à résoudre des problèmes fondés sur des données et à construire un raisonnement logique.

     

    Cette épreuve présentera des adaptations pour tenir compte du parcours des candidats (choix de la spécialité mathématiques ou suivi de l’enseignement scientifique et mathématiques) et visera à définir des attendus communs à tous les lycéens généraux … 

    Encore un important bouleversement pour nos collègues de mathématiques qui devront s’adapter à de nouveaux programmes et revoir la pédagogie des mathématiques au collège et au lycée.

    Encore une fois la charge de travail des enseignants de lycée va s’alourdir : nouveaux programmes, nouvelles missions, adaptation, nouvelles exigences. Les heures supplémentaires risquent de se multiplier pour mener à bien ce « choc des savoirs » à un moment où l’Institution a bien du mal à recruter. 

    Néanmoins le SNCL se félicite de la volonté affichée du ministère de restaurer l’autorité du professeur dans un contexte difficile de contestation permanente. Espérons que tout cela ne soit pas qu’un effet d’annonce.

     

    Sur le même sujet : 

    – « Choc des savoirs » : affichage politique et moyens inexistants

    – Vers la fin du collège uniforme ? 

  • Coup de projecteur sur la situation en Outremer

    La situation est en effet plus qu’inquiétante, comme l’a révélé l’annonce le 13 novembre dernier des résultats des évaluations nationales, réalisées en septembre, pour les élèves de CP, CE1, CM1, sixième et quatrième sur des compétences en français et en maths, avec des résultats peu glorieux pour nos élèves. Elle aurait mérité de vraies créations de postes et une meilleure prise en compte des réalités sociales des populations concernées.

    CHOQUÉS nous sommes, premièrement car contrairement à la déclaration de l’ex-ministre Gabriel Attal, je cite : « un tiers des créations de postes au titre des groupes de niveau bénéficieront aux académies ultra-marines – Guadeloupe, Martinique, Guyane, Mayotte, La Réunion ». Seules la Guyane, Mayotte et La Réunion ont bénéficié de créations du fait des flux migratoires importants et incontrôlés qui constituent une pression démographique sur ces territoires.

    En Guadeloupe 107 suppressions seront effectives à la rentrée 2024 et 115 en Martinique.               

    CHOQUÉS nous sommes, par les mesures insuffisantes du « choc des savoirs » face aux résultats de l’évaluation nationale : en français. La Guadeloupe arrive en 30ème position (sur 33) avec 239 points. La Martinique se classe juste devant, en 28ème position, avec 245 points alors que la moyenne nationale est de 256 points.

    En mathématiques, notons amèrement que : la Martinique et la Guadeloupe se retrouvent en 29ème et 20ème positions avec respectivement 232 et 228 points alors que la moyenne nationale est de 254 points. L’académie de Paris est en tête, les établissements ultramarins sont eux, au bas du classement.

    Alors on vous fait SAVOIR que : le SNCL section Guadeloupe, reçu par la rectrice de l’académie pour faire état des moyens délégués aux établissements scolaires du 1er et 2nd degrés pour la rentrée 2024, s’est vu justifier 52 nouvelles suppressions dans le 1er degré et 57 au 2nd degré, par le sempiternel prétexte : la baisse des effectifs.

    Alors on vous fait SAVOIR que : la rectrice a déroulé les principes du « choc des savoirs » qui prévoit en collège une refonte de la grille horaire en 6è passant de 26 heures d’enseignement hebdomadaire à 25 heures ! De même, trois groupes de niveaux seront proposés en 6ème et 5ème, à savoir un groupe de 15 élèves en difficulté et les autres pouvant compter de 26 à 30.

    Alors on lui a fait SAVOIR que nous dénoncions le fait qu’aucun moyen supplémentaire n’avait été dégagé pour mettre en place cet accompagnement mais qu’il s’agissait d’un redéploiement de moyens existants puisque l’heure de soutien en maths et en français en 6è a été sacrifiée à cet effet. Ces groupes de 26 à 30 élèves correspondaient à des effectifs de classe entière.

    Alors on lui a fait SAVOIR ce qu’elle fait mine de ne pas connaitre :  le taux élevé de familles classées en CSP moins, largement supérieur à la moyenne nationale, et les 1 200 élèves sortant du système sans diplôme ni qualification chaque année. Nous avons exprimé nos doutes quant aux moyens mis en œuvre pour accompagner ces enfants en difficulté vu leur nombre et les lacunes constatées par ces mêmes évaluations.

    La section académique a fait ressortir les difficultés de mise en œuvre de ces groupes qui, de l’aveu même des chefs d’établissements faute de moyens, sera un vrai casse-tête car les moyens en termes de professeurs restent inchangés voire sont supprimés !

    Pour toutes ces raisons, dans tous les établissements nous invitons nos collègues à refuser ces suppressions proposées dans les DHG. Dans ce cadre notre section académique a appelé à la grève en intersyndicale le 1er février.

    Enfin, le SNCL section Guadeloupe, sans remettre en cause le caractère national des mutations INTER, a tenu à interpeller la rectrice sur un paramètre cynique et irréversible que notre syndicat dénonce depuis longtemps : quand 30 % d’une classe d’âge de jeunes professeurs néo titulaires est systématiquement chaque année mutée dans l’hexagone, pendant des années, il ne faut pas avoir fait Sciences PO ou l’ENA pour comprendre que leur descendance manquera à l’appel sur les bancs de nos écoles, collèges et lycées ! Cet élément à lui seul ne réglera pas la baisse des effectifs dans nos contrées mais y contribuera en même temps que l’exode des jeunes en quête de travail fuyant le chômage et la pauvreté.

    Nous avons mené et menons toujours ce combat légitime pour faciliter le maintien de tous les néo-titulaires qui le souhaitent dans nos académies.

    Maintenant au vu du temps qu’il fait dans les hautes sphères, LE COMBAT POUR LA DÉFENSE DE L’ÉCOLE PUBLIQUE est une impérieuse nécessité surtout dans un pays avec 35 % des jeunes au chômage, une pauvreté galopante, où peu de nos concitoyens n’osent rêver d’une autre école.

    Avec le SNCL, nous devons continuer à exiger des conditions correctes d’exercice et aussi combattre l’injustice partout où elle se manifeste !

  • Choc des savoirs : affichage politique et moyens inexistants

    Ces deux derniers mois, l’Education nationale a fait l’objet d’un déferlement d’annonces de réformes, atteignant un niveau rarement égalé. Si elles ont le mérite de remettre l’éducation au cœur des débats, elles s’inscrivent avant tout dans une stratégie politique qui pousse le gouvernement à la précipitation. Ainsi, bien que certaines de ces annonces nous semblent aller dans le bon sens, reprenant parfois des mesures défendues par le SNCL depuis plusieurs années, nous alertons sur les délais bien trop courts et le manque total de moyens qui les vouent à l’échec. 

     

    Pour bien comprendre l’ampleur du problème, voici d’abord un résumé exhaustif et synthétique de toutes les mesures annoncées, qui, cumulées, pourraient affecter notre profession de manière profonde. 

     

    Deux discours grandiloquents pour une avalanche de réformes

     

    Le premier volet a été dévoilé par Gabriel Attal lors de sa conférence de presse du 5 décembre 2023, et comprend les mesures du sobrement intitulé « Choc des savoirs ». Nombreuses, elles sont réunies en trois axes : 

    • L’axe 1, qui se targue de « mieux soutenir les professeurs », va surtout dans le sens d’un renforcement nécessaire des savoirs fondamentaux en mathématiques et en français, ainsi que d’une clarification bienvenue des programmes et des compétences. Il prévoit :
      • La précision des programmes scolaires par l’ajout d’objectifs annuels (parfois existants, mais pas suffisamment clairs).
      • L’introduction de la « méthode de Singapour » dans l’apprentissage des mathématiques, et la précision des points à travailler dans les programmes de langues.
      • La refonte du socle commun de compétences en l’articulant de manière plus évidente avec les différentes disciplines.
      • La mise en place de manuels labellisés « Education nationale », qui seront obligatoires en mathématiques et français dans le 1er degré, et le financement des manuels correspondants en CP et CE1. 

     

    • L’axe 2, qui souhaite « adapter l’organisation des enseignements aux besoins de chaque élève », implique des changements plus conséquents, notamment pour le collège. Il prévoit : 
      • L’organisation des cours de mathématiques et de français en groupes de niveau flexibles, d’abord en 6ème et 5ème pour la rentrée 2024, puis pour tous les niveaux à partir de la rentrée 2025. 
      • Généraliser l’accueil de 8 h à 18 h à tous les collèges de REP et REP+, avec de l’aide aux devoirs, de l’enseignement artistique et culturel et de l’éducation physique et sportive.
      • Expérimenter un renforcement dans certaines disciplines pour les élèves en très grande difficulté en 6e et en 5e. Peu d’informations ont été communiquées sur ce point jusqu’à présent.
      • En lycée, utiliser l’intelligence artificielle pour proposer aux élèves de 2nde des exercices personnalisés en mathématiques et en français ; enseigner ces deux disciplines en 2de et en 1re professionnelles en groupes à effectifs réduits ; renforcer le volume horaire des enseignements généraux en terminale professionnelle.

     

    • L’axe 3 consiste à « rehausser le niveau d’exigence et d’ambition » pour les élèves. Il prévoit de :
      • Réinstaurer le redoublement sur décision du conseil de classe
      • Rendre le brevet obligatoire pour accéder au lycée, que ce soit en filière générale (ce qui parait cohérent et souhaitable pour éviter d’y envoyer des élèves qui n’ont pas le niveau), mais aussi en filière professionnelle (ce qui est plus problématique). 
      • Instaurer des classes préparatoires à la seconde pour les élèves qui n’auraient pas eu le brevet la première fois.
      • Supprimer les correctifs académiques des notes au brevet et au baccalauréat – on ne saurait se réjouir de ce retour à ce qui toujours aurait dû être.
      • Refondre le contrôle continu pour le brevet : ce sont les notes qui compteront (pour 40 % de la note finale et 60 % pour les notes d’examens) et non plus les tranches de compétences.

     

    Le deuxième volet de mesures a été annoncé par le Président de la République, lors de sa conférence de presse du 16 janvier 2024, durant laquelle il a abordé, entre autres, différents points relatifs à l’éducation et à la jeunesse. D’emblée on peut se questionner sur l’intérêt d’annoncer ces mesures en deux temps, sauf à croire qu’elles relèvent simplement d’une nécessité de communication politique et d’une absence totale de projet d’ensemble. Ont été ainsi annoncés, en supplément : 

    • le doublement de l’horaire d’enseignement moral et civique dès la classe de cinquième, avec en appui, les grands textes fondateurs de la Nation ;
    • le renforcement de l’éducation artistique et culturelle avec l’obligation d’une pratique du théâtre à la rentrée prochaine dès le collège et le retour de l’histoire des arts à la rentrée prochaine en collège et en lycée ;
    • l’expérimentation d’une tenue commune dans 100 établissements volontaires cette année et une généralisation de cette expérimentation en 2026, si celle-ci est concluante ;  
    • l’institution d’une cérémonie de remise des diplômes dans les collèges et les lycées dès cette année ;
    • la généralisation du service national universel en seconde.

     

    Une impréparation et un manque de moyens sidérants 

     

    Si certaines de ces mesures relèvent avant tout de l’affichage politique ou paraissent anecdotiques (le retour de l’uniforme ne sera sans doute pas la mesure qui sauvera notre système éducatif – même son effet supposé sur le harcèlement est remis en cause par plusieurs études), d’autres sont susceptibles d’apporter des changements profonds à notre Ecole. L’introduction des groupes de niveau au collège en français et en mathématiques est l’une d’entre elle. 

     

    Cette mesure est soutenue par notre syndicat depuis de nombreuses années, comme en témoigne une commission syndicale sur les alternatives au collège unique créée en 2000, ainsi que les rapports de préconisations qu’elle a publiés jusqu’en 2017. Elle figure par ailleurs dans nos motions syndicales, réactualisées au congrès de Lyon de juin 2023. En effet les groupes de niveau – ou peut-être devrait-on les appeler groupes de besoins –, envisagés de manière ciblée (seulement sur quelques disciplines, et pas forcément sur toutes les heures dédiées), perméable (il faut que les élèves puissent évoluer d’un groupe à l’autre selon leurs progrès), et à effectifs réduits, constituent une piste sérieuse pour permettre à chaque élève de déployer son plein potentiel. 

     

    Pourtant, la traduction concrète de cette mesure et son efficacité sont menacées par deux éléments : la précipitation de sa mise en place et le manque de moyens. En effet, alors qu’elle est prévue pour la rentrée 2024 en 6ème et en 5ème, les collègues de collège ont pu constater avec stupeur qu’aucuns moyens supplémentaires n’étaient accordés pour sa mise en place dans la plupart des DHG parvenues aux établissements courant janvier. Ainsi, les équipes étaient invitées, au risque de se diviser, à récupérer des heures sur des dispositifs existants, tels que des demi-groupes en science ou en langues, ou encore à y employer d’office la majeure partie des heures d’autonomie de l’établissement, les vidant ainsi de leur sens. Exit également l’heure de soutien et approfondissement en 6ème, pourtant mise en place à la rentrée 2023 et déjà supprimée avant d’avoir pu faire ses preuves, alors que de nombreux collègues s’étaient investi pour la construire de manière approfondie.

     

    Par ailleurs, le projet de décret concernant ces groupes de niveau n’est étudié au CSE que le 8 février, alors même que des questions déterminantes pour la mise en place des groupes de niveau sont sans réponses au moment de la constitution des DHG : quels seront les effectifs prévus dans chacun des groupes ? Le ministère, qui prévoit trois groupes de différents niveaux pour deux classes, exigera-t-il cette organisation y compris dans les petits collèges ruraux, où il n’y a souvent que deux professeurs de français et de mathématiques ? Autant de questions auxquelles la ministre Amélie Oudéa-Castera a bien laborieusement tenté de répondre lors d’une visio-conférence nationale avec les chefs d’établissement le mardi 30 janvier, sans que des directives claires permettent de les trancher. Elles sont pourtant essentielles, puisqu’elles conditionnent en grande partie nos conditions de travail et celles d’apprentissage des élèves, et finalement l’efficacité réelle de ces groupes de niveau.

     

    Le même flou artistique demeure pour bon nombre des mesures annoncées par nos gouvernants, qui doivent pourtant prendre effet dès la rentrée 2024 : comment sera financé et organisé le doublement des heures d’EMC ? Ainsi que le théâtre rendu obligatoire dans tous les collèges, ou encore l’enseignement d’histoire des arts ? Et qui assurera ces heures d’enseignement ? Quels moyens seront déployés pour la mise en place des classes préparatoires à la seconde, à destination des élèves n’ayant pas eu leur brevet la première fois ? Le ministère compte-t-il une fois de plus sur le recrutement massif de contractuels briefés dans l’urgence, alors même qu’il peine déjà à en recruter dans bon nombre de disciplines ? Il ne pourra en tout cas compter sur des néo-titulaires, puisque le nombre d’inscrits aux concours continue cette année encore de décroitre, preuve que la crise d’attractivité qui frappe notre métier est loin d’être résolue. 

     

    Dans ces conditions de précipitation et sans moyens supplémentaires, ces mesures annoncées pourraient bien finir en vœux pieux, ou pire, se traduire par une mise en place au rabais qui viendrait finalement détériorer notre système éducatif.

     

    Ainsi le SNCL comprend la profonde colère des équipes pédagogiques, auxquelles on demande toujours plus, sans leur donner les moyens de ces ambitions. Nous demandons un moratoire d’un an sur ces réformes, afin de préparer leur mise en place dans de bonnes conditions, et un budget augmenté en conséquence à la rentrée 2025-2026.

     

    Sur le même sujet : 

    – Le « choc des savoirs » au lycée : quelles conséquences ?

    Vers la fin du collège uniforme ?

  • Collège : vers la fin du collège uniforme ?

    Un constat d’échec

    Suite aux résultats très inquiétants des dernières évaluations PISA, notre fugace ex-ministre avait annoncé sa volonté de réformer le collège de fond en comble dès l’automne 2023. La prise de conscience de l’état catastrophique du collège semblait avoir créé une vive inquiétude.

    Ainsi, dans son discours, Gabriel Attal déclarait que « le collège ne parvient plus à élever suffisamment le niveau de nos élèves ». Triste constat, nous en convenons, mais ô combien réaliste ! … 

    Le SNCL de son côté dénonçait depuis des années le nivellement par le bas consécutif, entre autres, aux multiples réformes et tout particulièrement à la dernière réforme de 2016, la plus scélérate.

    Réaction vive de Gabriel Attal

    L’allocution du 5 décembre avait permis d’en savoir plus long sur les projets de réforme du collège. Que ce soit dans les médias écrits, les journaux ou émissions télévisées ou à la radio, les Français ont découvert la formule « choc des savoirs » employée par Gabriel Attal et qui a marqué les esprits.

    L’ex-ministre de l’Éducation nationale a fait part de ses inquiétudes puis a développé sa vision du nouveau collège. Il a demandé la mise en place de mesures radicales le plus rapidement possible, dès la rentrée 2024 pour la plupart d’entre elles.

    Si ces mesures sont nombreuses, certaines ont davantage fait parler d’elles.

    Une réponse :
    les groupes de niveau !

    La plus médiatisée est certainement l’instauration de groupes de niveau en français et en mathématiques, tout d’abord en 6e et en 5e puis en 4e et en 3e. Suite aux évaluations de septembre 2024, les élèves seront répartis en trois niveaux afin de permettre, d’après Gabriel Attal, une meilleure prise en charge des élèves les plus en difficulté.

    De terribles lacunes enfin dévoilées

    Il faut reconnaître que la presse s’est fait l’écho dès la dernière rentrée de difficultés d’un grand nombre de jeunes élèves « entrant au collège » présentant de très graves lacunes tant en français (orthographe par exemple) qu’en mathématiques. Plus de 20 % des élèves ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux à la fin de l’école primaire, avoue le ministère de l’Éducation nationale sur son site : education.gouv.fr

    Un des constats les plus récurrents sur les médias et qui prouve bien les difficultés des enfants à la fin du primaire a choqué de nombreux lecteurs : « A l’entrée en sixième, la plupart des élèves ignorent le sens des fractions les plus simples », constat relevé par la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance). Seule la moitié des élèves sait répondre à la question : « Combien y-a-t-il de quarts d’heures dans 3/4 d’heures ? » Quelle catastrophe !

    Il en va de même pour le français…

    Pour Gabriel Attal, l’enseignement en groupes de niveau dès la rentrée de septembre sera une solution afin de permettre à chacun d’aller à son rythme.

    Mais bien peu de moyens
    pour mettre en œuvre ces groupes

    Mais depuis ces annonces, malheureusement les DHG arrivées en janvier dans les établissements ont démontré que la mise en place de ces groupes se ferait à moyens constants et en partie pris sur la « marge », c’est à dire en prélevant des heures jusqu’à présent attribuées à d’autres dispositifs. Et c’est ainsi que de gros problèmes ont fait surface !

    En effet, plusieurs associations d’enseignants de diverses disciplines sont montées au créneau, tant en SVT, qu’en physique-chimie, et en technologie, matière qui, nous le savons, a déjà payé un lourd tribut avec sa disparition en classe de 6e.

    Les associations de professeurs de LCA (Langues et Cultures de l’Antiquité) commencent également à manifester une vive inquiétude. Dès l’arrivée des DHG dans les établissements, nombre d’entre eux ont été convoqués par leurs chefs d’établissement qui leur ont proposé, selon les cas, d’abaisser le nombre d’heures d‘enseignement en LCA, d’assurer l’intégralité de ces heures en HSA (jusqu’à 4 HSA par enseignant !) voire de supprimer totalement cet enseignement susceptible pourtant d’apporter beaucoup à tous les élèves.

    Au vu de la mise en application difficile de ces groupes de niveau, de nombreux collègues craignent de grosses difficultés dans leur matière mais également dans les autres, la disparition certaine des dispositifs d’aide et de soutien, des tensions entre les enseignants de différentes matières qui seront mis en concurrence sur les fameuses heures de marge et des emplois du temps catastrophiques tant pour les enseignants de français et de mathématiques que pour les autres par répercussion. Comment imaginer ne pas avoir à faire face à une importante dégradation des conditions de travail ! Et pourtant, il semblerait bien que personne ne se bouscule pour s’inscrire aux concours de recrutement des enseignants. Quid du choc d’attractivité ?

    La réforme du collège prévoit également de redonner au conseil de classe la décision finale concernant le passage en classe supérieure ou le redoublement d’un élève. Fini le « dernier mot  aux parents », finis les petits arrangements dans le bureau du chef d’établissement entre parents et chef d’établissement. Sur ce point, le SNCL est totalement d’accord.

    De plus, la réussite au DNB devrait devenir un pré-requis indispensable pour l’entrée en seconde, ce qui paraît d’une logique implacable. Comment laisser un élève aborder des situations pédagogiques et des notions complexes sans maîtriser les acquis de base de la fin du cycle 4 ?

    Pour ces élèves ayant échoué au DNB, il a été prévu d’instaurer des classes « prépa-lycées » dans certains lycées à la rentrée 2024, expérimentation qui sera étendue par la suite à tous les lycées. Cette classe leur permettra de « consolider leur niveau, rattraper leur retard et être mieux armés pour la suite ».

    Ces mesures prévoient également en ce qui concerne le DNB d’abandonner les notes liées aux « compétences » du LSU pour les remplacer par un réel contrôle continu à partir des notes obtenues en classe de 3ème comme c’était le cas auparavant. Qui plus est le ratio contrôle continu/notes finales sera revu, ces dernières comptant dès la session 2025 pour 60 %.

    Et enfin, toujours en ce qui concerne le DNB, exit le « bidouillage des notes » qui avait souvent lieu au moment des corrections comme pour le baccalauréat.

    Le SNCL se réjouit de cette prise de conscience même s’il est certain que des établissements verront leur moyenne de reçus au DNB chuter dangereusement

    Le SNCL reconnaît une prise de conscience des difficultés du collège par le ministère mais pense que la route est encore longue avant d’obtenir des améliorations notables, en particulier si l’on considère que peu de moyens ont été réellement débloqués pour cette réforme.

     

    Sur le même sujet : 

    « Choc des savoirs » : affichage politique et moyens inexistants

    – Le « choc des savoirs » au lycée : quelles conséquences ?

  • « Choc des savoirs » et DHG : un manque insupportable de moyens

     

    Le SNCL avait salué les annonces de Gabriel Attal, dévoilant un « Choc des savoirs » et notamment la création de groupes de niveaux dans les collèges en français et mathématiques. Notre syndicat, qui fut la cheville ouvrière de la création des collèges en France, a démontré depuis des décennies les effets néfastes du collège unique et comment seul un enseignement différencié permettra à chaque élève, quel que soit son niveau, d’atteindre le maximum de ses capacités, à condition qu’un tel dispositif soit mis en place avec intelligence et souplesse.  

    Le SNCL constate hélas avec effarement l’absence totale de moyens supplémentaires dédiés à ces futurs groupes de niveaux, ce qui rend leur mise en place presque impossible, met largement en péril leur efficacité et va affecter durement de nombreux autres dispositifs pédagogiques essentiels.

    Les dotations horaires globales qui viennent de parvenir aux établissements confirment qu’il faudra en général composer avec des moyens constants, ce qui implique notamment :

    • Le sacrifice de l’heure de soutien en 6ème en mathématiques et français, pourtant mise en place à la rentrée 2023 et déjà supprimée sans avoir pu faire ses preuves.
    • La récupération d’heures sur d’autres disciplines : suppression des demi-groupes en science (SVT et Physique-Chimie) ou en langues, suppression des heures marges et des heures d’autonomie, pression sur les langues anciennes, suppression de la technologie, chantage aux heures supplémentaires… tout et n’importe quoi devient soudain possible pour abonder les groupes de niveaux ! En l’état des textes, la baisse de l’horaire hebdomadaire impliquée par ces manipulations n’est d’ailleurs pas réglementaire, faute de nouveau décret.

    Par ailleurs, d’après les directives rectorales, les groupes des élèves les plus en réussite devraient être constitués de 26 à 30 élèves. Ces groupes correspondent donc à des effectifs de classe entière – qui plus est élevés – qui ne permettent pas un suivi personnalisé, ce qui pourtant est nécessaire pour tirer aussi le meilleur des élèves à plus fort potentiel.

    Le SNCL attire enfin l’attention sur la difficile mise en place de ces groupes de niveaux dans les collèges de taille modeste, notamment en secteur rural, où il est fréquent de n’avoir que deux professeurs de français et de mathématique. Dès lors, la mise en place de trois groupes de niveaux différents apparait très difficile – sinon impossible – sans renfort de personnel, et pose même des questions d’espace et de logistique. Impossible d’aligner les groupes ou de mettre en place des effectifs réduits, même pour les élèves les plus en difficulté, ce qui retire tout l’intérêt du dispositif.

    Dans ces conditions, le SNCL comprend la colère des équipes pédagogiques, auxquelles on demande toujours plus, sans leur donner les moyens de ces ambitions. Nous demandons un moratoire d’un an sur la réforme, afin de préparer la mise en place des groupes de niveaux dans de bonnes conditions avec les moyens humains et un budget augmenté en conséquence dès la rentrée 2025-2026. 

    Les groupes de niveaux ne peuvent apporter des résultats significatifs que s’ils s’accompagnent d’un suivi pédagogique fin et d’une porosité des groupes, avec une évaluation au moins trimestrielle des progrès des élèves et une réaffectation possible d’un groupe à l’autre en cours d’année. Tout ceci représente un défi organisationnel, du travail supplémentaire pour les professeurs, et appelle donc des moyens supplémentaires considérables pour l’organiser et le rémunérer. Le rehaussement des résultats des élèves français est néanmoins à ce prix. 

    Enfin, le SNCL rappelle à cette occasion qu’il considère toujours que la revalorisation des personnels s’est arrêtée à mi-chemin et doit maintenant atteindre les collègues de milieu et fin de carrière : le PACTE, qui devient déjà un dispositif boiteux, ne saurait être la solution. La mise en place des groupes de niveaux ne saurait fonctionner sans l’assentiment des équipes. Et celui-ci ne pourra pas être obtenu sans une reconsidération préalable et notable, y compris financière, de nos métiers tout au long de la carrière.