SNCL

Syndicat National des Collèges et des Lycées

  • « Détournement » du CNED : quand la stratégie scolaire l’emporte sur l’assiduité

    Alors que le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED) est censé offrir une solution pour les élèves empêchés de suivre une scolarité classique, une pratique de plus en plus répandue soulève des questions au sein de l’Éducation Nationale et des familles : des lycéens scolarisés en présentiel choisissent de suivre certaines matières via le CNED, se soustrayant ainsi aux cours dispensés directement par leur établissement. Derrière cette stratégie, la pression de Parcoursup et la course aux meilleures notes se dessinent comme des moteurs puissants.

     

    Une pratique « officielle » mais questionnable

    Officiellement, l’inscription d’un élève scolarisé en lycée à des cours réglementés du CNED pour une matière déjà proposée dans son établissement est encadrée. Elle nécessite généralement :

    • Un certificat médical justifiant une inaptitude (totale ou partielle, permanente ou temporaire) à suivre les cours en présentiel.
    • L’autorisation du chef d’établissement, qui valide le besoin de cette scolarisation à distance partielle.

    Cette procédure est conçue pour des cas légitimes (maladie chronique, handicap, activités de très haut niveau, etc.) où l’élève ne peut physiquement pas être en classe.

    L’envers du décor : les stratégies de Parcoursup

    Cependant, il est de plus en plus évident que certains élèves et leurs familles exploitent ces dispositifs pour des raisons qui n’ont rien à voir avec des contraintes physiques. La réforme du lycée (avec les enseignements de spécialité) et le fonctionnement de Parcoursup (qui scrute les notes de Première et de Terminale) ont créé un environnement très compétitif, poussant à des stratégies parfois limites :

     1. Recherche de la « meilleure note » : Le CNED est perçu par certains comme un moyen d’obtenir de meilleures notes qu’en présentiel. Comment ?

        ○Maîtrise du rythme : L’élève peut travailler la matière à son propre rythme, insistant sur les points faibles, revoir autant de fois que nécessaire.

        ○Contrôles souvent différents : Les modalités d’évaluation du CNED peuvent être différentes de celles d’un professeur en classe, avec des devoirs « maison » qui laissent plus de temps à l’élève, voire la possibilité de s’aider de ressources externes.

        ○Focus sur l’écrit : L’oral est moins prégnant, ce qui peut rassurer certains élèves moins à l’aise avec la prise de parole en classe.

     2. Aménagement de l’emploi du temps :

         ○ Se soustraire à certaines heures de cours en présentiel permet de libérer du temps. Ce temps est ensuite réinvesti dans d’autres matières jugées plus importantes pour Parcoursup, dans le travail personnel, ou dans des activités extrascolaires valorisantes pour le dossier.

       ○Cela permet une optimisation perçue du temps d’apprentissage et de révision, en se concentrant sur ce qui rapporte le plus en termes de points.

     3. Éviter un professeur ou une dynamique de classe :

       ○Plus officieusement encore, cette démarche peut être motivée par la volonté d’éviter un professeur dont la pédagogie ne convient pas, ou une dynamique de classe jugée trop difficile ou perturbatrice. Le CNED offre alors un cadre plus individualisé.

     

    Les conséquences d’un tel « détournement »

    Ce phénomène, s’il se généralise, n’est pas sans poser de problèmes :

    • Une déqualification de l’assiduité : il mine le principe même de la scolarité en présentiel, où l’apprentissage passe aussi par les échanges en classe, les questions spontanées, et l’interaction avec le professeur et les pairs.
    • Une pression accrue sur les élèves et les familles : cette course à l’optimisation des notes peut générer un stress supplémentaire pour les élèves et les familles, les poussant à des stratégies qui ne sont pas toujours saines.
    • Une fragilisation du rôle de l’établissement : le lycée perd une partie de son rôle d’encadrement pédagogique direct sur l’élève pour certaines matières.
    • Éthique et équité : la question se pose de l’équité entre les élèves : est-ce juste que certains puissent « échapper » à la réalité de la classe et des évaluations en temps réel pour optimiser leurs résultats ?

     

    Pour le SNCL, cette dérive est une conséquence directe de la pression exercée par Parcoursup et le cadre de la réforme du lycée. Elle révèle un système où la performance chiffrée prime parfois sur un apprentissage complet et équilibré, poussant élèves et parents à des stratégies d’évitement plutôt qu’à une confiance totale dans l’enseignement dispensé en classe. Il est urgent, de repenser les modalités d’évaluation et l’attractivité du lycée pour que le CNED retrouve sa mission première : celle d’une solution de dernier recours, et non d’une option stratégique de « contournement ».

  • Pénurie d’enseignants : l’Éducation Nationale envisage des « professeurs-jokers »

    Face à la crise persistante du recrutement dans l’Éducation Nationale, et plus particulièrement à la pénurie alarmante de professeurs de lettres modernes, certaines académies, dont celle de Dijon, sont contraintes d’imaginer des solutions d’urgence. Cependant, les dernières pistes explorées, annoncées fin mai / début juin, ont déclenché l’indignation des organisations syndicales, dont le SNCL qui y voit une dérive dangereuse pour la qualité de l’enseignement et les conditions de travail.

    Jusqu’à présent, les discussions tournaient autour de la réaffectation de professeurs de lettres classiques vers des postes de lettres modernes en collège. Mais ce qui a été dévoilé il y a quelques semaines va bien au-delà : l’administration envisagerait désormais de permettre à des professeurs titulaires de n’importe quelle autre discipline de réaliser des remplacements en français. La seule condition ? Avoir suivi des études littéraires à un moment de leur parcours universitaire et passer un simple entretien de 30 minutes.

     

    La « solution » de la dernière chance : une interview pour enseigner le français

    Concrètement, un enseignant d’histoire-géographie, de philosophie, d’anglais, voire de sciences (s’il a une licence de lettres par exemple) pourrait, après une courte validation de ses « compétences littéraires » via un entretien d’une demi-heure, se voir confier des classes de français au collège ou au lycée. L’objectif est clair : combler les trous de service, assurer la continuité pédagogique face à l’incapacité de pourvoir tous les postes de titulaires ou de contractuels qualifiés.

    Pour le SNCL, cette réponse va au contraire conduire à une aggravation ! La mesure est un signal alarmant et une déqualification inacceptable du métier de professeur. Le syndicat dénonce avec véhémence le procédé qui, loin de résoudre la crise, ne ferait que déplacer le problème et le démultiplier vers d’autres disciplines et niveaux d’enseignement. En effet, si un professeur d’histoire-géographie est « redéployé » pour enseigner le français, qui va enseigner l’histoire-géographie ? Cette mesure risque de créer des manques et des suppressions de postes masquées (car saupoudrées) dans les disciplines d’origine des enseignants concernés. Le problème de pénurie n’est pas résolu, il est simplement « déporté » d’une discipline à l’autre, voire amplifié, en jouant sur les délais de remplacement et la patience des familles.

     

    Le syndicat s’insurge en outre contre l’idée qu’un simple entretien de 30 minutes puisse remplacer la formation didactique et pédagogique spécifique des professeurs de lettres, ainsi que l’exigence des concours de recrutement (CAPES ou Agrégation). Enseigner le français ne se résume pas à avoir une « culture littéraire » ; cela exige une maîtrise des programmes, des méthodes d’enseignement de la lecture, de l’écriture, de la grammaire, de l’analyse littéraire adaptées à chaque niveau scolaire. De plus, un professeur « polyvalent » malgré lui devra s’adapter à deux disciplines distinctes, avec des préparations, des corrections et des attendus différents, augmentant considérablement sa charge de travail et le risque de « mal-être » professionnel, les enseignants déjà en poste étant bien souvent à flux tendu.

     

    Le SNCL alerte sur les conséquences pour les élèves, notamment en matière de qualité d’enseignement. Sans une formation didactique solide dans la discipline enseignée, la qualité des cours de français risque de s’en trouver dégradée, impactant directement les apprentissages fondamentaux, notamment en collège dans les groupes de besoin du « Choc des Savoirs ».

     

    Pour le syndicat, ce « colmatage » est une fuite en avant, et la preuve que le ministère refuse de s’attaquer aux causes profondes. Plutôt que de s’acharner sur des mesures d’urgence, le ministère devrait prendre le problème à la racine : la crise d’attractivité du métier d’enseignant, les rémunérations trop faibles et la dégradation des conditions de travail. L’annonce de cette possibilité pour des professeurs de toutes disciplines de basculer vers le français après un entretien sommaire n’est finalement qu’un aveu d’impuissance et un pari risqué sur la qualité des enseignements, face à une crise de recrutement qui nécessite des réponses structurelles et non de simples « jokers » pédagogiques.

  • Réforme de la formation des enseignants : un progrès à consolider

    Le SNCL salue une avancée historique

    Notre syndicat, engagé depuis des années en faveur d’une entrée progressive dans le métier et d’une rémunération précoce (voir nos revendications pour la formation initiale), se réjouit de la concrétisation du concours en fin de L3. Ce dispositif répond à une triple urgence : améliorer les conditions de vie des aspirants professeurs, renforcer la dimension professionnalisante de la formation et pallier la pénurie de candidats (plus de 3 000 postes non pourvus en 2024 selon la Cour des comptes).

     

    Les points positifs à souligner :

    – Le premier mérite de cette réforme est de revenir sur l’actuel parcours de formation qui n’était pas tenable pour les étudiants. Ceux-ci devaient tout à la fois, pendant l’année de M2, rédiger leur mémoire, valider leur Master, effectuer leurs stages, et passer le concours.

    – Une professionnalisation anticipée : la création d’une licence dédiée au professorat des écoles dès 2026, avec des stages dès la L1, permettra aux futurs professeurs des écoles d’acquérir une expérience de terrain progressive. Les stages en M1 et M2 répondent à la même exigence.

    – Un statut attractif : la rémunération à 1 400 € nets mensuels en M1 et le statut de fonctionnaire stagiaire en M2 (1 800 € nets) constituent une avancée sociale majeure, susceptible d’améliorer les conditions de vie d’étudiants parfois en situation précaire. À long terme, ce seront aussi des trimestres validés pour la retraite et la possibilité (en l’état actuel de la réglementation) d’obtenir une retraite à taux plein à 64 ans pour une carrière complète. 

     

    Des réserves et des points de vigilance :

    – L’obligation de servir pendant quatre ans : si cette mesure a pour objectif de sécuriser les effectifs, elle pourrait produire l’effet inverse en dissuadant les vocations incertaines, notamment chez les étudiants tentés par une réorientation après le M1. Il s’agit d’une mesure repoussoir qui s’ajoute au contraignant système de mutation géographique, que le SNCL demande de repenser.

    – Une vigilance sur la charge de travail : les fonctionnaires stagiaires doivent suivre un parcours qui leur permette bel et bien de parfaire leur formation ; ils ne doivent pas être utilisés comme moyen d’enseignement improvisé pour pallier le manque actuel de professeurs. A cet égard, la mise en responsabilité à hauteur de 50 % du temps en Master 2 paraît démesurée.

    – Le SNCL exige des garanties budgétaires pour les masters MEEF rénovés, afin d’éviter un appauvrissement des contenus pédagogiques. La réforme ne doit pas se résumer à un alignement technocratique sur des quotas au détriment de l’expertise disciplinaire et didactique. Il faudra des formateurs en nombre suffisant, et pour y parvenir, une rémunération de ces postes qui soit à la hauteur.

     

    Un calendrier ambitieux, des risques réels :

    – La mise en œuvre dès septembre 2025 des préparations au concours en L3 laisse peu de temps aux universités pour adapter leurs maquettes. Le SNCL craint des disparités territoriales, certaines académies manquant de formateurs qualifiés. A ce titre, le SNCL appelle à ce que la rémunération des formateurs soit augmentée.

    – Le casse-tête de la transition : Jusqu’en 2028, coexisteront deux voies d’accès (concours en L3 et en M2), créant une complexité administrative pour les rectorats et une inégalité de traitement selon l’année de candidature, contre lesquelles le SNCL met en garde. Certaines tentatives précédentes de réforme ont échoué pour moins que cela !

    Calendrier à retenir :

    → 2025 : Premières préparations au concours en L3
    → 2026 : Lancement de la licence dédiée au professorat des écoles
    → 2028 : Fin de la période transitoire à deux concours

     

    Un enjeu de société

    Cette réforme ne sera légitime que si elle s’accompagne d’une revalorisation salariale globale des enseignants tout au long de leur carrière. Le SNCL rappelle que le niveau de rémunération reste le premier frein à l’attractivité du métier, et les premières pistes présentées par la ministre pour la revalorisation des « milieux » de carrière sont affligeantes à cet égard.

    Enfin, la diminution des effectifs par classe reste également une condition essentielle pour redonner du sens à notre métier : le SNCL appelle le ministère à profiter de l’appel d’air de la baisse démographique attendue sur les années qui viennent, afin d’amorcer une diminution des effectifs qui pourrait ramener la France vers la moyenne européenne (alors qu’elle est tristement leader en la matière à l’heure actuelle…). 

  • Fiche mémento : la retraite progressive

    Depuis le 1er septembre 2023, l’extension du principe de retraite progressive aux agents titulaires de la Fonction publique (qui existait déjà dans le secteur privé et pour les personnels contractuels) est entrée en vigueur. Cette fiche rappelle les textes de référence pour l’ensemble des salariés du privé et du public et leur application concrète pour les fonctionnaires de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur.

     

    Textes réglementaires :

    • Code des pensions civiles et militaires de retraite, Art. L 89 bis, L 89 ter ; D 37-1, D 37-2 et D 37-3 sur la retraite progressive des fonctionnaires de l’État ;

    • Circulaire interministérielle du 6 septembre 2023 relative à la gestion de la retraite progressive de l’État ;

    • Code de la sécurité sociale, Art L 161-22-1-5 et suivants sur le régime général de la retraite progressive ;

    • Décret n° 2003-1306 du 26 décembre 2003 modifié, sur la retraite progressive des agents des Fonctions publiques territoriale et hospitalière, Art 49 bis à 49 sexies.

     

    Le principe :

    Il s’agit pour tous ceux qui exercent à titre exclusif leur activité soit à temps partiel soit à temps incomplet d’être autorisés à percevoir un peu avant l’âge légal de la retraite un complément financier mensuel appelé “retraite progressive” calculé en fonction des droits acquis à la retraite et du pourcentage du temps non travaillé.

    Par exemple, si votre quotité d’emploi est de 80%, vous aurez selon les conditions ci-après énumérées une retraite progressive ou une “pension partielle” de 20 %.

    Le montant simulé de votre retraite pour établir votre complément prend en compte toutes les sommes accessoires (MPE, IMT, NBI, CTI, etc.) à la date du calcul.

    Le bénéfice de la pension partielle entraîne la liquidation provisoire et le service d’une même fraction de pension dans tous les régimes de retraite de base légalement obligatoires. Le service de retraite de l’Etat qui sera considéré comme régime instructeur doit instruire une demande unique de retraite progressive auprès de tous les autres régimes de retraite concernés et leur communiquer la demande de l’agent.

    Une fois acquis, le bénéfice du dispositif continue tant que vous restez à temps partiel et informez régulièrement l’administration de vos renouvellements. Il continue aussi même si vous continuez à travailler au-delà de l’âge légal de départ.

    En revanche, si vous reprenez à temps plein, le bénéfice est perdu définitivement. 

     

    Les conditions de la retraite progressive

    Il y a 3 conditions cumulatives qui devront être acquises à la date de début souhaité de la retraite progressive :

    être à 2 ans ou moins de l’âge légal de départ à la retraite (pour un âge légal de départ à 64 ans, une retraite progressive ne pourra s’exercer qu’à partir de 62 ans). Mais attention : un Accord National Interprofessionnel (ANI) sur l’emploi des seniors prévoit notamment l’abaissement de l’âge d’accès à la retraite progressive à 60 ans pour tous les salariés, à partir de septembre 2025 ; voir plus bas « Du nouveau à la rentrée ? ».

    avoir cotisé 150 trimestres ;

    bénéficier d’un temps partiel compris entre 50 et 90 %.

     

    Les restrictions

    concernant l’âge : si vous bénéficiez d’un aménagement de votre âge légal de départ pour handicap, pénibilité, carrière longue, vous ne pourrez pas prétendre à la retraite progressive avant l’âge légal réglementaire pour tous ;

    concernant le temps partiel : un temps partiel pour motif thérapeutique n’ouvre pas droit à la retraite progressive.

     

    Les conditions d’âge pour prétendre à la retraite progressive

    conditions déjà remplies pour les personnes nées avant 1964 ;

    conditions remplies au 61eme anniversaire pour les personnes nées en 1964 ;

    conditions remplies à 61 ans et 3 mois anniversaire pour les personnes nées en 1965 ;

    conditions remplies à 61 ans et 6 mois pour les personnes nées en 1966 ;

    conditions remplies à 61 ans et 9 mois pour les personnes nées en 1967 ;

    conditions remplies au 62eme anniversaire pour les personnes nées en 1968 et après.

     

    ATTENTION : un projet de décret en cours pourrait ramener l’âge minimum à 60 ans pour tous dès le 1er septembre 2025 (voir ci-dessous,  » du nouveau à la rentrée ? « ).

     

    Le dépôt de la demande et le temps prévisionnel d’instruction des dossiers

    Le dépôt de la demande

    via le compte ENSAP (https://ensap.gouv.fr) ou la CARSAT du département pour les contractuels ;

    contenu de la demande : préciser la date d’effet souhaitée qui ne peut être antérieure à celle de la demande ;

    la date d’effet est celle de la date de la demande sur ENSAP, celle de la date de réception ou toute autre date postérieure.

     

    Le délai d’instruction

    Il est fixé à 6 mois ;

    L’employeur doit adresser l’autorisation de travail à temps partiel au service des retraites de l’Etat 120 jours au moins avant la date d’effet souhaitée ;

    Pour les enseignants, CPE, Psy-EN ce délai est réduit à 90 jours car leur demande de temps partiel n’est accordée que pour l’année scolaire et donc renouvelable chaque année.

     

    La notification de la concession de pension partielle

    Elle parvient avec un décompte de pension partielle indiquant tous les éléments pris en compte pour le calcul et le montant qui sera versé.

    Elle parvient 30 jours avant la date d’effet souhaité.

    Le pension est due le premier jour du mois suivant la date à laquelle les conditions sont réunies sauf si elles sont réunies le premier jour du mois.

     

    Les modalités d’évolution, de suspension et de fin de retraite progressive

    Une fois les modalités du calcul de la retraite progressive déterminées, celles-ci ne pourront plus changer sauf en ce qui concerne le pourcentage du temps non travaillé. Toutefois en situation d’arrêt maladie ordinaire, longue durée ou longue maladie, le montant de la retraite progressive n’est pas remis en cause même si la prise en charge du fonctionnaire, elle, diminue.

     

    L’évolution de la quotité de la retraite progressive

    C’est l’employeur qui communique les changements sans délai ;

    C’est le fonctionnaire qui veille à renouveler dans les temps son autorisation de travailler à temps partiel.

     

    La suspension de la retraite progressive

    Si l’une des 3 conditions et notamment le renouvellement de temps partiel n’est pas rempli, l’employeur informe sans délai le service des retraites de l’État qui suspend le paiement de la retraite progressive.

     

    La fin de la retraite progressive

    Dès que le service est repris à temps plein, le droit à la retraite progressive est perdu définitivement car le dispositif n’est mobilisable qu’une seule fois ;

    Dès que la pension complète prend effet, le droit à la retraite progressive cesse.

     

    La pension complète

    La pension complète est liquidée dans les conditions et selon les modalités de calcul applicables à sa date d’effet. Elle inclut, au titre des périodes prises en compte, la durée d’assurance et les services accomplis pendant la période de retraite progressive augmentés, le cas échéant, des bonifications de durée des services ou des majorations de durée d’assurance.

     

    Du nouveau à la rentrée ?

    En novembre 2024, un Accord National Interprofessionnel (ANI) a programmé l’abaissement de l’âge requis pour l’entrée dans le dispositif de retraite progressive à 60 ans pour tous les salariés du secteur privé. Un projet de décret (attendu pour juin) doit concrétiser cette décision prochainement afin qu’elle puisse s’appliquer à partir du 1er septembre 2025. Or, lors d’une réunion de négociations sur les retraites, le 23 avril 2025, la DGAFP (Direction Générale de l’Administration de la Fonction Publique) a donné son accord de principe pour que ce droit soit aussi étendu aux fonctionnaires à la même date.

    Depuis, une première mouture du décret a circulé : et celle-ci mentionne bien l’extension du droit à partir du 1er septembre prochain, au moins pour les fonctionnaires d’état (ce qui englobe les enseignants titulaires). Les choses sont moins claires pour les personnels contractuels de la fonction publique, mais il serait inimaginable que le texte final soit moins-disant pour ces derniers.  

    Maintenant, reste que ce décret n’est qu’un projet à l’heure où nous écrivons ces lignes, et le texte final ne sera publié au mieux qu’en juin : ce qui crée une incertitude injuste pour certains collègues. En effet, les collègues qui auront 60 ans à la rentrée se retrouveront dans deux cas de figures : soit ils seront déjà à temps partiel (parce qu’ils en ont déjà fait la demande ou prolongeront simplement un temps incomplet ou un temps partiel déjà accordé) et dans ce cas la retraite progressive pourra leur être versée dès le 1er septembre, soit ils auraient aimé bénéficier de la retraite progressive mais, sans certitude, n’auront pas fait de demande de temps partiel dans les temps… et se retrouveront donc obligés d’attendre un an de plus avant de pouvoir en bénéficier. 

    Face à cette situation, le SNCL demande : 

    – Que la publication du décret final soit faite dans les plus brefs délais.

    – Que le ministère passe consigne aux rectorats d’étudier exceptionnellement les demandes tardives de temps partiel compatibles avec la retraite progressive et déposées par des collègues nés entre 1964 et 1966.

     

    Vous avez des questions ou souhaitez être accompagné ? Contactez-nous au 09 51 98 19 42 ou sur communication@sncl.fr

  • Carrière enseignante : ce qui pourrait changer dès la rentrée 2025-2026

     

    Ces propositions, actuellement en discussion, pourraient entrer en vigueur dès le 1er septembre 2025.

     

    Avancement d’échelon : un rythme globalement accéléré

    La principale mesure concernerait l’accélération de l’avancement dans la classe normale. La durée dans les échelons 5, 6 et 7 serait réduite de six mois, et celle du 8e échelon d’un an. Le reclassement se ferait automatiquement à l’échelon supérieur, sans conservation de l’ancienneté acquise. Cette mesure permettrait à tous les enseignants d’atteindre le 11e échelon en environ 23,5 ans, contre 24 à 26 ans actuellement. En contrepartie, les bonifications d’ancienneté d’un an, attribuées aujourd’hui à 30 % des enseignants les mieux évalués aux 6e et 8e échelons, seraient supprimées à partir de 2026. Les collègues ayant un rendez-vous de carrière en 2024-2025 conserveront cependant une dernière fois cet avantage.

     

    Hors classe : des taux de promotion en hausse

    Autre levier envisagé : une augmentation progressive des taux de promotion à la hors-classe. Fixé à 23 % en 2025, ce taux devrait atteindre 29 % en 2028. Dans le même temps, un délai de carence de trois ans serait instauré entre deux changements de grade tandis que l’élargissement de l’accès à l’échelon 9, conséquence du raccourcissement des échelons précédents, pourrait densifier la population promouvable.

     

    Rendez-vous de carrière : un calendrier remanié

    À partir de 2026, le calendrier des rendez-vous de carrière serait lui aussi modifié. Un premier entretien aurait lieu quatre ans après la titularisation, mais sans effet sur l’avancement. Un second interviendrait avant l’accès à la hors classe (avec quel impact ? l’histoire ne le dit pas encore), et un troisième – inédit – serait positionné en amont de l’accès à la classe exceptionnelle. Les modalités précises de ce dernier rendez-vous, ainsi que ses conséquences sur les promotions, restent-elles aussi à définir.

     

    Et après le 9e échelon ?

    Aucune revalorisation n’est prévue, à ce stade, pour les carrières au-delà du 9e échelon, ni pour les personnels occupant déjà les grades de hors-classe et de classe exceptionnelle. Ces sujets ne seraient abordés qu’à partir de 2027, soit sur la prochaine mandature !

    Pour le SNCL, ceci est inacceptable, puisque ce sont justement ces personnels qui ont déjà été lésés lors des précédentes revalorisations Blanquer.

    Si ce bloc de mesures entrainera une accélération de la première partie de carrière pour tous, sa portée réelle sur la progression globale, notamment dans les grades supérieurs, reste encore très largement à préciser. Les arbitrages définitifs sont attendus dans les prochains mois, et le SNCL vous en tiendra informés.

  • Groupes de besoins : remises en cause

    Un petit retour en arrière !

    S’il est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs mois dans les ministères, les rectorats et les collèges, c’est bien celui des groupes de besoins. Le SNCL vous propose de prendre un peu de recul pour retracer l’évolution de ce dispositif et tenter d’en évaluer la pertinence. 

    Mesure phare du choc des savoirs initialement sous le nom de groupes de niveaux, ce système a rapidement été débaptisé pour prendre le nom de groupe de besoins. Simple modification sémantique ou modification de fond du principe ?

    Face aux résultats catastrophiques des évaluations PISA en français et en mathématiques de 2022, le ministre de l’EN de l’époque, G Attal a cherché la solution miracle pour « remonter » le niveau de nos petites têtes blondes. Il a annoncé cette réforme qui consistait – sur le principe ! – à faire travailler les collégiens dans des groupes différents selon leur niveau à l’entrée au collège en fonction de leurs résultats aux évaluations de début d’année.  Ce projet qui avait pour objectif de mieux répondre aux besoins de chaque élève pouvait présenter pour certains des aspects positifs. Présentés comme tels aux parents, dispensés en groupes à effectifs réduits, les cours en groupes de besoins étaient recouverts d’un certain vernis ne brillant qu’aux yeux de ceux qui ignoraient ce qui se cachait sous cette couche.  Peu de collègues ont accepté avec beaucoup d’entrain de travailler selon ce principe, en toute connaissance dès le début de tous les obstacles auxquels ils allaient être confrontés.

    De belles idées avaient pu germer dans l’esprit de ceux qui n’avaient pas trop réfléchi sur les conséquences ni pénétré dans un collège depuis de nombreuses années :

    –       on soutient les élèves le plus en difficulté ;

    –       on renforce les connaissances de ceux qui maîtrisent déjà très bien toutes les compétences.

    –       on accompagne chaque élève selon son rythme.

    –       on permet aux élèves de passer d’un groupe à l’autre selon les compétences travaillées.

     

    Mais derrière cette annonce se cachait évidemment de nombreux problèmes qui n’ont pas mis longtemps à voir le jour.

     

    Première vague de problèmes et de réactions

    Nos collègues ont rapidement compris, souvent même avant l’application de la réforme, qu’une très grande homogénéité n’était peut-être pas la réponse idoine aux résultats catastrophiques des élèves de 6ème et de 5ème.  Les groupes d’élèves qui devaient aller dans un groupe de « remédiation / faibles » ne représentaient pas un tiers de la classe, pas plus que ceux qui auraient pu travailler dans un groupe de « renforcement /bons ». Certes, quelques heures avaient été parsemées dans les DHG pour la rentrée 2024, mais souvent au détriment d’options telles que la chorale, les LCA (Langues et Cultures de l’Antiquité : grec et latin), certains dispositifs de soutien et autres.  Et que dire de la réaction des élèves qui se retrouvent toute l’année dans les groupe des plus faibles, souvent en français et en mathématiques ainsi que celle de leurs parents ?

     

    Et s’il s’agissait d’un passage en force ?

    Mais malgré les réticences annoncées, un arrêté précisant ces nouvelles modalités a été publié le 15 mars 2024, signé de la main de la nouvelle ministre du moment, Nicole Bellouet. Cet arrêté modifiait l’arrêté du 19 mars 2015 sur l’organisation des enseignements jusqu’alors en vigueur dans les classes de collège.

    Dès la préparation de la dernière rentrée, nous avons été contactés par de nombreux collègues qui se heurtaient à d’importants problèmes tant sur le principe de ces groupes que sur la disparition d’heures dédiées jusqu’ici aux options et sur aux difficultés évoquées par les chefs d’établissement pour établir un emploi du temps correct pour chaque enseignant.  Et que dire de la multiplication des BMP, des besoins en temps de concertation non rémunérés, du travail en équipe obligatoire, tous les enseignants de ces deux matières devant suivre une progression commune ?

    Certes un certain nombre de collèges a fonctionné cette sans mettre en place ces groupes de niveaux malgré la pression de la hiérarchie. Lorsqu’ils ont bénéficié de l’octroi de quelques heures, certains chefs d’établissement ont pu s’organiser pour soulager les effectifs des classes de 6ème et de 5ème. Mais les emplois du temps des enseignants qui ont appliqué les groupes en ont souvent subi les conséquences, le groupe classe étant éclaté par l’existence même du principe des groupes.

     

    La décision du Conseil d’Etat

    Face à la fronde « anti-groupes de besoins », anti « choc des savoirs », une demande d’annulation de ces groupes de besoin a été déposée auprès du conseil d’Etat qui a statué le 28 novembre 2024 : le décret a été annulé. Le conseil d’Etat a relevé qu’un ministre n’avait pas pleine compétence pour statuer sur les modifications de l’enseignement du français et des mathématiques au collège. Pour une décision aussi lourde de conséquences, seul le premier ministre était en droit de signer un décret.

     

    Le décret du 6 avril 2025 !

    Même si cette nouvelle a pu en réjouir plus d’un, la déception a été rapide. L’annulation du Conseil d’Etat portait davantage sur le principe juridique que sur le fond. Les textes ont parlé quelques mois plus tard : un nouveau décret, texte très formel, a vu le jour le 6 avril dernier. Ce dernier décret est signé cette fois par le premier ministre et confirme la possibilité de l’enseignement du français et des mathématiques en groupes d’élèves, levant ainsi tout blocage institutionnel et juridique reproché à la circulaire de l’ancienne ministre.

    La ministre de l’Education Nationale avait déjà évoqué en janvier 2025 le fait qu’elle travaillerait à la poursuite des groupes en 6ème et en 5ème, mais n’étendrait pas le dispositif aux classes de 4ème et de 3ème comme cela avait été annoncé dans un premier temps. C’est ce qui a été confirmé pour la rentrée de septembre 2025.

     

    Le SNCL salue cette relative prise de distance par rapport aux groupes de niveaux. Si notre syndicat s’est toujours montré critique vis-à-vis du collège unique, et plaide pour une meilleure prise en charge des élèves en difficulté et de l’hétérogénéité des classes, les groupes de niveaux tels qu’ils ont été mis en place ne peuvent apparaitre comme la bonne solution, au regard de l’ensemble de leurs défauts rappelés plus haut.

    Un dispositif comme celui de l’heure de soutien et approfondissement, mis en place en 6ème en 2023, et hélas supprimé bien trop hâtivement par Gabriel Attal, apparait selon nous comme une solution bien plus pertinente, et mériterait d’être rétabli et généralisé à tous les niveaux.

     

     

    Quel avenir pour la prépa- seconde ?

    La prépa-seconde avait été instauré dans toutes les académies à la rentrée de septembre. Elle s’adressait aux élèves qui souhaitaient poursuivre leurs études au lycée mais n’avaient pas obtenu le DNB.

    A la rentrée dernière, elle a accueilli 1 320 élèves dans 100 lycées. Il s’agit le plus souvent d’élèves en difficulté qui ont besoin de renforcer leurs acquis de collège pour pouvoir envisager une poursuite d’études au lycée et éviter un redoublement.

    La validation obligatoire du DNB pour passer en seconde ayant été annulée, ce dispositif perdait quelque peu sa raison d’être.

    De plus, on avait tendance à trouver dans ces classes un regroupement d’élèves avec souvent un an de retard, un IPS plus faible que dans les autres classes de lycée, et davantage de garçons que de filles, accentuant ainsi la ségrégation sociale.
    On peut désormais se poser la question de l’avenir de ces classes. Les textes réglementaires, rejetés quasi unanimement au Conseil supérieur de l’Education et malgré tout publiés le 26 mars 2025, ont prorogé ce dispositif pour l’année 2025-2026, en tant qu’année facultative de remédiation avant l’entrée en seconde. Mais la ministre a déjà laissé entendre la fin probable du dispositif à l’issu de cette période.

    Sans doute une redistribution des moyens à destination des élèves de seconde en difficulté serait-elle plus profitable, pour les soutenir dans leur entrée au lycée qui demeure une marche difficile à franchir.

  • La réforme des lycées : encore un rafistolage !

    La réforme des lycées portée par Jean-Michel Blanquer ancien ministre de l’Éducation nationale visait à moderniser le lycée général et technologique pour mieux préparer les élèves à l’enseignement supérieur et au monde professionnel. Or depuis sa mise en place, elle ne cesse d’être modifiée à un point tel qu’on est en droit de se poser la question : que va-t-il rester de cette réforme et était-il vraiment nécessaire de réformer le lycée de cette façon ?

    Pour rappel, quelles étaient les grandes lignes de la réforme ?

    La suppression des séries L, ES et S et la réorganisation du baccalauréat général en un tronc commun et des enseignements de spécialité choisis par les élèves afin de personnaliser les parcours.

    Un tronc commun allégé ou réduit (français, philosophie, histoire-géographie, langues vivantes, etc.) auquel s’ajoutent trois spécialités en première, puis deux en terminale.

    La mise en place du contrôle continu représentant une part importante de la note finale du bac et censé valoriser le travail régulier… en réalité cela a favorisé et encouragé les pressions sur les enseignants !

    Depuis sa mise en place plusieurs ajustements ont été apportés allant jusqu’à la suppression de pans entiers du texte, comme la disparition des E3C (Contrôles ponctuels en Cours de Formation) ou encore le fameux Plan Local d’Evaluation qui n’aura duré qu’un an !

    Il en va de même en ce qui concerne les dates de passage des épreuves de spécialité, prévues en mars de chaque année, elles ont finalement été déplacées en juin avec la philosophie et le Grand Oral, ce qui ne permet plus leur prise en compte dans Parcoursup.

    Peu à peu la réforme est ainsi détricotée et cette aujourd’hui ce sont les mathématiques qui sont concernées. La réforme les avait fait disparaître du tronc commun avec les conséquences que nous connaissons sur le niveau de nos élèves.

     

    Décrochage des élèves en mathématiques depuis la réforme du lycée 

    Avec la réforme, les mathématiques au lycée se déclinent donc de la manière suivante :

    La Spécialité Mathématiques que les élèves peuvent choisir en première et en terminale, spécialité recommandée pour ceux qui souhaitent poursuivre des études scientifiques, d’ingénierie, d’économie ou dans d’autres domaines nécessitant une solide formation en mathématiques.

    Les Mathématiques Complémentaires ou Expertes : pour les élèves qui ne prennent pas la spécialité Mathématiques en terminale, des options existent comme les « Mathématiques complémentaires » (pour ceux qui ont abandonné la spécialité en terminale mais veulent garder un niveau correct) ou les « Mathématiques expertes » (pour ceux qui veulent approfondir davantage). Mais ce ne sont que des options, qui ne sont donc pas obligatoires.

    Toutes ces conséquences, le SNCL les avait prévues et annoncées dès la mise en place de la réforme : le tout conduisant à une baisse préoccupante du niveau des élèves dans cette matière.

    C’est bien la réforme Blanquer qui est à l’origine de la situation que nous connaissons aujourd’hui en supprimant l’ancienne filière scientifique et en faisant disparaître les mathématiques du tronc commun ! Mais ne nous voilons pas la face, il est vrai qu’il est aussi difficile de recruter des professeurs de mathématiques, les étudiants actuels se tournant vers d’autres voies professionnelles beaucoup plus attractives que le professorat…

    De nombreux élèves se sont donc complétement détournés des mathématiques, créant un véritable fossé entre ceux qui choisissent d’approfondir la matière et ceux qui ne suivent plus d’enseignement dès la classe de première.

    Une réaction tardive : l’épreuve anticipée de mathématiques

    Il aura fallu attendre 2025 pour que le ministère réagisse et annonce la création d’une épreuve anticipée de mathématiques.

    Cette épreuve s’adresse à l’ensemble des élèves des classes de première des voies générale et technologique. Elle est censée rétablir le niveau de mathématique des élèves dans le cadre du baccalauréat. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?

     

    Le SNCL a pu recueillir quelques informations sur ce que serait cette nouvelle épreuve anticipée qui s’ajouterait donc à l’épreuve anticipée de français, informations que nous mettons au conditionnel puisque des arbitrages sont encore en cours à l’heure où nous publions cet article :

    Cette épreuve aurait une durée totale de deux heures.

    Elle devrait entrer en vigueur pour la session 2026 du baccalauréat.

    L’épreuve devrait avoir lieu après la mi-juin afin de permettre aux élèves de travailler l’ensemble du programme de la classe de première sur lequel ils seront évalués.

    L’épreuve comporterait deux parties :

    – une première partie notée sur 8 points.

    – une seconde partie notée sur 12 points, dont l’énoncé du sujet portera sur le programme de mathématiques étudié par l’élève lors de son année de classe de première.

     

    Si l’idée semble d’emblée intéressante afin de revenir sur l’aberration de la suppression pure et simple, cette nouvelle épreuve ne fait pas l’unanimité ni chez les professeurs qui expriment des doutes quant à la faisabilité de cette épreuve anticipée ni chez les élèves qui s’inquiètent de la charge de travail supplémentaire que cela induirait en classe de première.

    Le constat du SNCL est le même depuis le début : la réforme a été mise en place trop rapidement et sans réelle concertation. Il faut prendre son temps lorsqu’il s’agit d’éducation et les réformes précipitées finissent toujours par être plus nocives que bénéfiques !

    Notre syndicat continuera de suivre de près le projet – Restés informés, rejoignez-nous !

  • Budget 2025 : quel sort pour l’Éducation nationale ?

    Après le recours à l’article 49.3 par François Bayrou lundi 3 février, puis l’échec des motions de censure, le Projet de loi de finances pour 2025 a été définitivement adopté par le Sénat jeudi 6 février. Que le pays dispose enfin d’un nouveau budget est sans conteste une nouvelle rassurante. Mais quels sont les arbitrages finaux pour nos métiers ? 

     

    Une offensive contenue mais bien réelle contre les fonctionnaires

    Si le projet injuste des trois jours de carence pour les fonctionnaires a dû être abandonné par le Premier Ministre, ce qui était l’une des conditions pour s’assurer de l’abstention des socialistes lors du vote de la motion de censure, des reculs importants sont tout de même à déplorer.

    D’abord, la baisse du financement des congés maladies de 100 % à 90 % a bien été actée. Cette baisse n’est certes pas insurmontable pour des arrêts maladies de quelques jours, mais elle peut se révéler sérieusement pénalisante pour des arrêts de plus longue durée. Surtout, il est regrettable et dangereux de s’attaquer à l’un des rares avantages de la fonction publique à l’heure où celle-ci subit une crise d’attractivité majeure. D’ailleurs, l’argument qui sous-entend cette réforme – si les fonctionnaires perdent du salaire, « ils y réfléchiront à deux fois avant de tomber malade » – témoigne du mépris qu’ont pour nous ses défenseurs.

    Par ailleurs, ce nouveau budget entérine le gel du point d’indice, relançant ainsi le décrochage salarial par rapport à l’inflation qui a pénalisé les fonctionnaires durant les deux dernières décennies, et qui rendra bientôt caduques les récentes et modestes revalorisations concédées.

    Enfin, la GIPA (Garantie Individuelle de Pouvoir d’Achat) n’échappe pas non plus aux restrictions budgétaires : déjà supprimée de manière soudaine fin 2024 par l’ancien ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian, elle n’apparait pas au budget de 2025.

    Si le contexte actuel impose sans doute de faire des économies, le SNCL considère qu’il est irresponsable de les faire peser à la Fonction publique dans un contexte de désaffection déjà profonde des carrières qu’elle a à offrir. Derrière la question de l’attractivité, c’est bien la pérennité d’un service public de qualité, déjà mise à mal, qui est en jeu.

     

    Les 4 000 postes d’enseignants maintenus par un tour de passe-passe

    François Bayrou s’y était engagé et la promesse est tenue : les 4 000 postes d’enseignants, qui devaient être supprimés dans le projet de loi de finance défendu par Michel Barnier, sont finalement rétablis. Mais à quel prix ?

    En réalité, les 50M€ d’économies que devaient permettre cette mesure ont été bel et bien déduits du nouveau budget. Simplement, ils l’ont été sur un autre programme budgétaire, celui du « soutien de la politique de l’Éducation nationale », regroupant un faisceau de mesures destinées à mieux accompagner les enseignants. Les 4 000 postes d’enseignants sont ainsi rétablis, mais à budget constant. De quoi nuancer la valeur de cette promesse tenue.

    Signalons aussi le maintien de la création de 2 000 postes d’AESH, hausse nécessaire bien qu’encore insuffisante pour faire face au besoin d’accompagnement toujours croissant des élèves en situation de handicap.

     

    Un budget globalement en baisse pour l’éducation

    En dépit de ces avancées en demi-teinte, le budget global de la mission enseignement scolaire est bel et bien en baisse de 225 M€ par rapport au PLF soumis par Michel Barnier en octobre 2024. Voici en détail les baisses budgétaires réparties selon les différents programmes :

    • –21,4 M€ pour le premier degré,

    • –69,4 M€ pour le second degré,

    • –19,9 M€ pour l’enseignement privé du premier et du second degrés,

    • –18,9 M€ pour l’enseignement technique agricole,

    • –32,8 M€ pour le programme vie de l’élève,

    • –62,8 M€ pour le programme soutien de la politique de l’Éducation nationale.

    Ces restrictions budgétaires se répercutent notamment sur la formation des enseignants      (-50M€), sur des dépenses transversales dont le contenu précis reste pour l’instant obscure     (-170M€) ou encore sur une baisse de dotation pour l’opérateur public en charge de l’orientation, l’Onisep (-5M€). Les opérateurs Canopé et le CEE (Conseil d’évaluation de l’école), pendant un temps sur la sellette, sont finalement épargnés.

     

    Si le SNCL salue les efforts concédés dans le cadre de la négociation politique, il ne peut se satisfaire d’une baisse globale du budget de l’Éducation nationale ni de mesures qui viennent dégrader plus encore la Fonction publique. À l’heure où celle-ci vit l’une de ses plus graves crises d’attractivité, notamment dans le secteur de l’éducation, ces calculs comptables ne semblent clairement pas à la hauteur des enjeux.

    Nous appelons ainsi à rouvrir les négociations sur des mesures susceptibles d’améliorer l’attractivité de nos métiers : la réforme de la formation des enseignants, avec une rémunération dès l’année de L3, la réduction des effectifs par classe, et une revalorisation salariale pour les personnels en milieu et fin de carrière. Ces mesures cruciales sont les seules à même d’inverser la baisse en chute libre du nombre de candidats se présentant aux concours d’enseignants. Sans cela, il paraitra en effet bien illusoire d’avoir sauvé 4 000 postes, si plus personne ne souhaite les occuper.

  • Parcoursup : nouveautés 2025

    Parmi les principaux changements, on trouve d’abord une nouvelle rubrique dédiée à l’insertion professionnelle ou un outil pour mesurer ses chances d’intégrer une formation, en fonction du profil. Autre nouveauté : la possibilité pour l’administration de déréférencer des formations de la plateforme. Ces annonces ont lieu dans un contexte où la politique de l’orientation en France fait face à des critiques, avec des incertitudes concernant une concertation nationale lancée en novembre 2024.

    Ce qui ne change pas est que les candidats peuvent formuler jusqu’à 10 vœux, non hiérarchisés, avant la confirmation de ces derniers le 2 avril.

    Il y a toutefois plusieurs nouveautés pour cette session 2025, dans une démarche « d’amélioration » et d’un « accompagnement toujours plus adapté ». Le SNCL a noté des modifications concernant les présentations des formations. Statut des établissements, sélectivité de la formation, nombre de places disponibles, détention ou non du label ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ou éligibilité aux bourses sur critères sociaux.

    Le Parcoursup 2025 comprend maintenant une rubrique pour évaluer ses chances en fonction de son profil : le type de baccalauréat (général, technologique, professionnel), les choix des filières suivies au lycée (enseignements de spécialité, série ou spécialités) ou le niveau scolaire en classe de terminale.

    Parcoursup prévoit également une section dédiée à l’information sur la poursuite d’études et l’insertion professionnelle des étudiants. Ainsi, 75 % des formations présentes sur Parcoursup 2025 devraient proposer des données sur l’insertion professionnelle incluant notamment le salaire indicatif net/mois observé à l’échelle nationale un an après la sortie des études.

    Le SNCL considère tous ces éléments comme très positifs et permettant aux futurs étudiants de mieux se retrouver dans les méandres de l’orientation.

     

    Dès 2025, la possibilité pour Parcoursup d’exclure des formations de sa plateforme.

    En cas de non-respect de sa charte, Parcoursup se réserve la possibilité de déréférencer des formations de la plateforme. L’origine de cette nouveauté est à chercher dans une tentative de lutter contre les fraudes qui se dissimulent dans les labyrinthes de l’enseignement supérieur privé, souvent concerné par un aspect purement lucratif. Pour ce faire, Parcoursup se réserve le droit de mettre en demeure des formations en cas de manquement aux règles de fonctionnement. Il permet, s’il n’y a pas d’amélioration constatée, de poursuivre cette procédure pouvant aller jusqu’au déréférencement de la formation.

    D’après les informations recueillies par le SNCL, un projet d’arrêté sera présenté prochainement pour publication officielle avant le 13 mars 2025, date limite de formulation des vœux.

     

    Ces évolutions de Parcoursup se font dans un contexte politique incertain et tendu. Pourtant, le thème de la politique sur l’orientation est crucial et l’articulation de la transition entre la fin du lycée et la première année dans l’enseignement supérieur est, pour le SNCL, un élément pivot essentiel. Une concertation nationale sur l’orientation devait être lancée, mais on ne sait toujours pas à ce jour ce que comptent faire les nouvelles autorités ministérielles.

  • Devenir enseignant : des profils de plus en plus variés

    Les services statistiques du Ministère de l’Éducation nationale montrent une évolution significative des profils recrutés par les concours enseignants.

    Le fait marquant est la diminution du poids des étudiants au profit de candidats ayant déjà eu une expérience professionnelle. Entre 2015 et 2017, 38 % des lauréats aux concours de professeurs des écoles avaient plus de 30 ans, alors qu’ils étaient deux fois moins nombreux en 1994, selon un article de la revue Éducation et formations publié au mois de décembre 2024. Dans le 2nd degré, sur la même période, ce sont même 42 % des lauréats qui avaient passé la trentaine au moment de leur réussite aux concours d’enseignants.

    Ces néo recrutés ont toutefois des profils bien différents. Avant de devenir fonctionnaires, certains salariés étaient enseignants contractuels (de courte ou longue durée). Cela peut toutefois correspondre à des profils divers : soit des candidats n’ayant pas été admis aux concours enseignants et qui commencent à travailler en tant que contractuel en attendant la session suivante, soit des personnes en reconversion professionnelle qui utilisent le statut de contractuel provisoirement pour tester le métier.

    Dans le second degré plus que dans le premier, le recours aux contractuels est fréquent. Le passage par le statut de contractuel est de plus en plus vu comme une passerelle vers une titularisation. Un contractuel du secondaire sur trois devient titulaire, majoritairement en tant que certifié ou PLP.

    Mais le profil des reconvertis est loin d’être homogène. Par exemple, les cadres reconvertis dans le second degré sont particulièrement nombreux à avoir eu un emploi dans la Fonction publique avant d’obtenir le concours (68 %, contre 28 % dans le 1er degré), et notamment dans le domaine de la formation. Mais nombreux sont ceux qui abordent une carrière dans l’Éducation nationale comme une deuxième -ou troisième- chance.

    Le SNCL est heureux d’accueillir ces nouveaux collègues mais se pose le problème de leur formation. Faut-il personnaliser cette formation en fonction du profil des lauréats ? Notre Institution le pense et y voit un moyen de « mieux accompagner » les enseignants reconvertis pour « assurer leur réussite professionnelle ».

    Le SNCL pense qu’il y a là un danger de fragmenter encore davantage et séparer les collègues, d’atomiser les méthodologies sous couvert de personnalisation. Nous pensons au contraire qu’une fois recrutés, tous les néo enseignants doivent pouvoir bénéficier d’une formation solide et homogène qui leur permettra de pouvoir compter sur leurs collègues et favorisera les solidarités. C’est le but de nos métiers.