Le ministère a enfin annoncé, lundi 16 septembre, que la réforme du brevet ne s’appliquera pas pour la session 2025. Cette clarification est la bienvenue, mais le chantier reste en suspens pour 2026…
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Le » Pacte » : fonctionnement et nouveautés
Le Pacte est un mot valise qui regroupe un ensemble de dispositifs. Par ailleurs, des changements importants interviennent pour l’année 2024-2025. Que disent réellement les textes réglementaires ? Le SNCL fait la synthèse…
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Un nouveau BAC à l’étranger : le baccalauréat français international
Dès la rentrée 2022, l’option internationale du baccalauréat général (OIB) avait évolué pour devenir le baccalauréat français international (désormais : BFI). La première session s’est déroulée en mai dernier dans la plupart des pays partenaires. Les classes menant au BFI débutent en classe de 1re et se poursuivent en terminale.
Objectifs de la formation
Le ministère de l’Éducation nationale rappelle qu’il délivre via le BFI un diplôme du système éducatif français, dont l’objectif essentiel est la valorisation et l’approfondissement des connaissances en langues étrangères de jeunes issus de familles internationales, notamment européennes, à un niveau C1-C2.
Pour les lycées français à l’étranger1, la nouvelle appellation de BFI – le terme d’option disparaît –, matérialise davantage le parcours qui permet de « maîtriser plusieurs langues vivantes, à un très bon niveau, répondant ainsi à une demande forte des familles »2. C’est en l’état un instrument d’influence douce, mais efficace, au service du développement de la francophonie à l’international.
Le ministère répond ici au désir du président de la République de voir se renforcer la visibilité et l’attractivité des établissements d’enseignement secondaire français à l’étranger et, à terme, de s’assurer d’un panel de futurs étudiants internationaux à l’aise aussi bien en français que dans de nombreuses langues du monde. Pour ce faire, les lycées organisent en leur sein des « sections » dans lesquelles les élèves reçoivent un enseignement renforcé dans une « langue de section » (dite LVA). On trouve des sections très variées, comme la section brésilienne, chinoise, australienne, danoise, etc., au total 18 sections.
Admission en « section » du BFI
Les élèves scolarisés dans le réseau des établissements français à l’étranger doivent attester d’une bonne connaissance du français et de langue de la section choisie.
Les élèves scolarisés en France qui souhaitent s’inscrire doivent avoir effectué tout ou partie de leur scolarité dans le pays où est parlée la langue de section (LVA) ou avoir un niveau suffisant dans cette langue. L’admission se fait sur dossier et après réussite d’un examen d’aptitude dans la langue cible. A savoir : les élèves issus d’une section internationale de classe de seconde « sont admis de droit en [section du BFI] de 1re après avoir reçu un avis favorable du conseil de classe »3.
Des enseignements complémentaires
Les élèves suivent, en classes de 1re et terminale, les enseignements du baccalauréat général auxquels s’ajoutent trois enseignements spécifiques de langues et cultures étrangères :
– un enseignement de connaissance du monde (4 h/sem. en LVA) qui associe la transmission d’un contenu culturel et linguistique, la sensibilisation aux grands enjeux contemporains et une démarche de projet engageant l’élève de terminale dans une action concrète et collective en partenariat international ;
– un enseignement de discipline non linguistique obligatoire portant sur l’histoire-géographie (4 h/sem. dont 2 h en LVA) ou sur l’enseignement scientifique (3,5 h/sem. dont 1,5 h en LVA) ;
– un enseignement d’approfondissement culturel et linguistique (2 h/sem. en LVA ou une autre langue selon le parcours de l’élève).
En conclusion, le BFI, porté par une vision politique, dont il faudra encore mesurer le cadre budgétaire consenti par l’État, valorise les parcours internationaux des lycéens, dans des langues variées, et pourra de ce fait être proposé dans davantage d’établissements, potentiellement dans le réseau Euroscol.
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Le Choc des savoirs au Lycée : quelles conséquences ?
Il aura fallu attendre des décennies de déni, d’abaissement des exigences, de laisser-aller et d’aveuglement pour qu’une prise de conscience arrive enfin !
D’aucuns osaient déjà, dès les années 2000, dénoncer la situation de sape de l’Education nationale à travers le « pas de vagues » et la cécité volontaire de l’Institution face à la montée de la violence et l’abaissement du niveau, mais les modes pédagogiques de tous ordres et les réformes successives allaient être la solution, nous disait-on ! Rien n’y fit ! Les acteurs de terrain ont eu beau crier, hurler leur désarroi, l’Institution est restée sourde et a poursuivi son travail de destruction massive !
Il aura fallu attendre les résultats PISA pour découvrir le niveau épouvantable de nos élèves français, mais qui ont-ils surpris ? Après des décennies de perte d’autorité et de clientélisme, comment pouvait-on être étonné à moins d’être sourd et aveugle ?
Il était temps que le bon sens fasse son retour, mais n’est-il pas déjà trop tard ?
Rares sont les professeurs qui ont tenu bon, qui ont continué à assurer leur mission en leur âme et conscience sans la crainte des parents ou des pressions de tous ordres.
Rares sont ceux qui n’ont pas cédé au dogmatisme et aux modes pédagogiques tant les injonctions ont été grandes.
La prise de conscience, oui, mais il aura fallu attendre que des professeurs soient menacés, attaqués verbalement et physiquement, assassinés pour avoir exercé leur mission ! Fallait-il attendre ?
Les tâches demandées aux professeurs se sont faites de plus en plus nombreuses au risque de perdre de vue leur mission principale : la transmission des savoirs, qui est devenue au fil des ans accessoire…
Le retour de l’autorité du professeur et le soutien de l’Institution semblent être les toutes premières nécessités au rétablissement d’un niveau de connaissance chez nos élèves. Ce n’est qu’en recentrant le rôle du professeur sur sa mission d’enseignement au détriment de l’accessoire et de l’éphémère que nous pourrons apporter aux élèves des savoirs et des savoir-être.
La volonté semble bien présente mais tout cela est-il réalisable ? Il semblerait, comme nous y sommes habitués, que ces belles promesses se fassent à moyens constants !
Les DHG arrivent dans les établissements et force est de constater qu’elles ont peu ou pas augmenté ! Comment financer les mesures promises ? Comment restaurer l’autorité des professeurs ? Tout cela dans un contexte de désaffection de la profession d’enseignant qui n’attire plus. Le fait de repousser les épreuves des concours n’a pas permis d’attirer de nouveaux candidats.
Même si le ministère assure que 574 postes seront créés dans le 2nd degré en 2024 pour permettre la mise en place des nouvelles mesures, où allons-nous trouver les nouveaux enseignants ? Le « choc d’attractivité » n’a pas eu lieu et il faudra du temps pour former les nouveaux professeurs de lycée !
Alors quelles mesures concrètes pour le lycée ?
Pas question de revenir sur le contrôle continu ni sur la numérisation des copies et leur correction en ligne, comme le réclamait le SNCL.
En revanche, les correctifs académiques des notes de contrôle continu et aux épreuves terminales ainsi que les consignes académiques devraient enfin disparaître ! Le ministère nous assure que le « bidouillage » des notes par les soi-disant commissions d’harmonisation devrait prendre fin dès cette année !
Le SNCL attend de constater la réalité sur le terrain … Cela serait enfin un signe de confiance envoyé aux enseignants et une marque de respect pour leur travail, que ce soit pour le contrôle continu ou pour les épreuves terminales. En effet les professeurs, par leurs compétences et leur expertise en matière d’évaluation, sont les mieux placés pour rendre compte du niveau réel des élèves.
Rappelons le scandale lié aux remontées artificielles des notes de spécialités affectées d’un coefficient 16 afin d’éviter que les notes réelles obtenues par les candidats ne fassent chuter les pourcentages de réussite au baccalauréat.
Les services rectoraux et les corps d’inspection vont-ils suivre ?
Le SNCL avait dénoncé cette pratique et s’était indigné du manque de respect que celle-ci démontrait.
Autre nouveauté : la mise en place d’une Prépa lycée pour les élèves qui n’ont pas le DNB : il s’agit d’un dispositif de préparation à la 2nde. Ces classes de prépa-lycée seraient positionnées dans les lycées avec des effectifs réduits. On peut s’interroger sur les moyens attribués qui vont permettre cette mise en place.
Les élèves qui n’auraient pas le DNB seraient donc inscrits dans la prépa lycée de leur établissement d’affectation. Des questions restent en suspens : quels enseignants pour y intervenir ? Avec quel programme ? Quels contenus enseignés avec quelles grilles horaires ?
Le SNCL souhaite que le ministère ne laisse pas la main aux établissements et que l’encadrement de ce dispositif soit réel et identique sur tout le territoire. La nouvelle prépa lycée ne doit pas servir de variable d’ajustement en termes de postes et d’horaires.
A partir de la session 2026, il est prévu d’introduire une nouvelle épreuve anticipée de culture mathématique et scientifique au baccalauréat en fin de 1re générale et technologique à l’image de l’épreuve anticipée de français. Cette nouvelle épreuve permettra de tester la capacité des élèves à comprendre les principaux objets mathématiques indispensables à tous, à résoudre des problèmes fondés sur des données et à construire un raisonnement logique.
Cette épreuve présentera des adaptations pour tenir compte du parcours des candidats (choix de la spécialité mathématiques ou suivi de l’enseignement scientifique et mathématiques) et visera à définir des attendus communs à tous les lycéens généraux …
Encore un important bouleversement pour nos collègues de mathématiques qui devront s’adapter à de nouveaux programmes et revoir la pédagogie des mathématiques au collège et au lycée.
Encore une fois la charge de travail des enseignants de lycée va s’alourdir : nouveaux programmes, nouvelles missions, adaptation, nouvelles exigences. Les heures supplémentaires risquent de se multiplier pour mener à bien ce « choc des savoirs » à un moment où l’Institution a bien du mal à recruter.
Néanmoins le SNCL se félicite de la volonté affichée du ministère de restaurer l’autorité du professeur dans un contexte difficile de contestation permanente. Espérons que tout cela ne soit pas qu’un effet d’annonce.
Sur le même sujet :
– « Choc des savoirs » : affichage politique et moyens inexistants
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Collège : vers la fin du collège uniforme ?
Un constat d’échec
Suite aux résultats très inquiétants des dernières évaluations PISA, notre fugace ex-ministre avait annoncé sa volonté de réformer le collège de fond en comble dès l’automne 2023. La prise de conscience de l’état catastrophique du collège semblait avoir créé une vive inquiétude.
Ainsi, dans son discours, Gabriel Attal déclarait que « le collège ne parvient plus à élever suffisamment le niveau de nos élèves ». Triste constat, nous en convenons, mais ô combien réaliste ! …
Le SNCL de son côté dénonçait depuis des années le nivellement par le bas consécutif, entre autres, aux multiples réformes et tout particulièrement à la dernière réforme de 2016, la plus scélérate.
Réaction vive de Gabriel Attal
L’allocution du 5 décembre avait permis d’en savoir plus long sur les projets de réforme du collège. Que ce soit dans les médias écrits, les journaux ou émissions télévisées ou à la radio, les Français ont découvert la formule « choc des savoirs » employée par Gabriel Attal et qui a marqué les esprits.
L’ex-ministre de l’Éducation nationale a fait part de ses inquiétudes puis a développé sa vision du nouveau collège. Il a demandé la mise en place de mesures radicales le plus rapidement possible, dès la rentrée 2024 pour la plupart d’entre elles.
Si ces mesures sont nombreuses, certaines ont davantage fait parler d’elles.
Une réponse :
les groupes de niveau !La plus médiatisée est certainement l’instauration de groupes de niveau en français et en mathématiques, tout d’abord en 6e et en 5e puis en 4e et en 3e. Suite aux évaluations de septembre 2024, les élèves seront répartis en trois niveaux afin de permettre, d’après Gabriel Attal, une meilleure prise en charge des élèves les plus en difficulté.
De terribles lacunes enfin dévoilées
Il faut reconnaître que la presse s’est fait l’écho dès la dernière rentrée de difficultés d’un grand nombre de jeunes élèves « entrant au collège » présentant de très graves lacunes tant en français (orthographe par exemple) qu’en mathématiques. Plus de 20 % des élèves ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux à la fin de l’école primaire, avoue le ministère de l’Éducation nationale sur son site : education.gouv.fr
Un des constats les plus récurrents sur les médias et qui prouve bien les difficultés des enfants à la fin du primaire a choqué de nombreux lecteurs : « A l’entrée en sixième, la plupart des élèves ignorent le sens des fractions les plus simples », constat relevé par la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance). Seule la moitié des élèves sait répondre à la question : « Combien y-a-t-il de quarts d’heures dans 3/4 d’heures ? » Quelle catastrophe !
Il en va de même pour le français…
Pour Gabriel Attal, l’enseignement en groupes de niveau dès la rentrée de septembre sera une solution afin de permettre à chacun d’aller à son rythme.
Mais bien peu de moyens
pour mettre en œuvre ces groupesMais depuis ces annonces, malheureusement les DHG arrivées en janvier dans les établissements ont démontré que la mise en place de ces groupes se ferait à moyens constants et en partie pris sur la « marge », c’est à dire en prélevant des heures jusqu’à présent attribuées à d’autres dispositifs. Et c’est ainsi que de gros problèmes ont fait surface !
En effet, plusieurs associations d’enseignants de diverses disciplines sont montées au créneau, tant en SVT, qu’en physique-chimie, et en technologie, matière qui, nous le savons, a déjà payé un lourd tribut avec sa disparition en classe de 6e.
Les associations de professeurs de LCA (Langues et Cultures de l’Antiquité) commencent également à manifester une vive inquiétude. Dès l’arrivée des DHG dans les établissements, nombre d’entre eux ont été convoqués par leurs chefs d’établissement qui leur ont proposé, selon les cas, d’abaisser le nombre d’heures d‘enseignement en LCA, d’assurer l’intégralité de ces heures en HSA (jusqu’à 4 HSA par enseignant !) voire de supprimer totalement cet enseignement susceptible pourtant d’apporter beaucoup à tous les élèves.
Au vu de la mise en application difficile de ces groupes de niveau, de nombreux collègues craignent de grosses difficultés dans leur matière mais également dans les autres, la disparition certaine des dispositifs d’aide et de soutien, des tensions entre les enseignants de différentes matières qui seront mis en concurrence sur les fameuses heures de marge et des emplois du temps catastrophiques tant pour les enseignants de français et de mathématiques que pour les autres par répercussion. Comment imaginer ne pas avoir à faire face à une importante dégradation des conditions de travail ! Et pourtant, il semblerait bien que personne ne se bouscule pour s’inscrire aux concours de recrutement des enseignants. Quid du choc d’attractivité ?
La réforme du collège prévoit également de redonner au conseil de classe la décision finale concernant le passage en classe supérieure ou le redoublement d’un élève. Fini le « dernier mot aux parents », finis les petits arrangements dans le bureau du chef d’établissement entre parents et chef d’établissement. Sur ce point, le SNCL est totalement d’accord.
De plus, la réussite au DNB devrait devenir un pré-requis indispensable pour l’entrée en seconde, ce qui paraît d’une logique implacable. Comment laisser un élève aborder des situations pédagogiques et des notions complexes sans maîtriser les acquis de base de la fin du cycle 4 ?
Pour ces élèves ayant échoué au DNB, il a été prévu d’instaurer des classes « prépa-lycées » dans certains lycées à la rentrée 2024, expérimentation qui sera étendue par la suite à tous les lycées. Cette classe leur permettra de « consolider leur niveau, rattraper leur retard et être mieux armés pour la suite ».
Ces mesures prévoient également en ce qui concerne le DNB d’abandonner les notes liées aux « compétences » du LSU pour les remplacer par un réel contrôle continu à partir des notes obtenues en classe de 3ème comme c’était le cas auparavant. Qui plus est le ratio contrôle continu/notes finales sera revu, ces dernières comptant dès la session 2025 pour 60 %.
Et enfin, toujours en ce qui concerne le DNB, exit le « bidouillage des notes » qui avait souvent lieu au moment des corrections comme pour le baccalauréat.
Le SNCL se réjouit de cette prise de conscience même s’il est certain que des établissements verront leur moyenne de reçus au DNB chuter dangereusement …
Le SNCL reconnaît une prise de conscience des difficultés du collège par le ministère mais pense que la route est encore longue avant d’obtenir des améliorations notables, en particulier si l’on considère que peu de moyens ont été réellement débloqués pour cette réforme.
Sur le même sujet :
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« Choc des savoirs » et DHG : un manque insupportable de moyens
Le SNCL avait salué les annonces de Gabriel Attal, dévoilant un « Choc des savoirs » et notamment la création de groupes de niveaux dans les collèges en français et mathématiques. Notre syndicat, qui fut la cheville ouvrière de la création des collèges en France, a démontré depuis des décennies les effets néfastes du collège unique et comment seul un enseignement différencié permettra à chaque élève, quel que soit son niveau, d’atteindre le maximum de ses capacités, à condition qu’un tel dispositif soit mis en place avec intelligence et souplesse.
Le SNCL constate hélas avec effarement l’absence totale de moyens supplémentaires dédiés à ces futurs groupes de niveaux, ce qui rend leur mise en place presque impossible, met largement en péril leur efficacité et va affecter durement de nombreux autres dispositifs pédagogiques essentiels.
Les dotations horaires globales qui viennent de parvenir aux établissements confirment qu’il faudra en général composer avec des moyens constants, ce qui implique notamment :
- Le sacrifice de l’heure de soutien en 6ème en mathématiques et français, pourtant mise en place à la rentrée 2023 et déjà supprimée sans avoir pu faire ses preuves.
- La récupération d’heures sur d’autres disciplines : suppression des demi-groupes en science (SVT et Physique-Chimie) ou en langues, suppression des heures marges et des heures d’autonomie, pression sur les langues anciennes, suppression de la technologie, chantage aux heures supplémentaires… tout et n’importe quoi devient soudain possible pour abonder les groupes de niveaux ! En l’état des textes, la baisse de l’horaire hebdomadaire impliquée par ces manipulations n’est d’ailleurs pas réglementaire, faute de nouveau décret.
Par ailleurs, d’après les directives rectorales, les groupes des élèves les plus en réussite devraient être constitués de 26 à 30 élèves. Ces groupes correspondent donc à des effectifs de classe entière – qui plus est élevés – qui ne permettent pas un suivi personnalisé, ce qui pourtant est nécessaire pour tirer aussi le meilleur des élèves à plus fort potentiel.
Le SNCL attire enfin l’attention sur la difficile mise en place de ces groupes de niveaux dans les collèges de taille modeste, notamment en secteur rural, où il est fréquent de n’avoir que deux professeurs de français et de mathématique. Dès lors, la mise en place de trois groupes de niveaux différents apparait très difficile – sinon impossible – sans renfort de personnel, et pose même des questions d’espace et de logistique. Impossible d’aligner les groupes ou de mettre en place des effectifs réduits, même pour les élèves les plus en difficulté, ce qui retire tout l’intérêt du dispositif.
Dans ces conditions, le SNCL comprend la colère des équipes pédagogiques, auxquelles on demande toujours plus, sans leur donner les moyens de ces ambitions. Nous demandons un moratoire d’un an sur la réforme, afin de préparer la mise en place des groupes de niveaux dans de bonnes conditions avec les moyens humains et un budget augmenté en conséquence dès la rentrée 2025-2026.
Les groupes de niveaux ne peuvent apporter des résultats significatifs que s’ils s’accompagnent d’un suivi pédagogique fin et d’une porosité des groupes, avec une évaluation au moins trimestrielle des progrès des élèves et une réaffectation possible d’un groupe à l’autre en cours d’année. Tout ceci représente un défi organisationnel, du travail supplémentaire pour les professeurs, et appelle donc des moyens supplémentaires considérables pour l’organiser et le rémunérer. Le rehaussement des résultats des élèves français est néanmoins à ce prix.
Enfin, le SNCL rappelle à cette occasion qu’il considère toujours que la revalorisation des personnels s’est arrêtée à mi-chemin et doit maintenant atteindre les collègues de milieu et fin de carrière : le PACTE, qui devient déjà un dispositif boiteux, ne saurait être la solution. La mise en place des groupes de niveaux ne saurait fonctionner sans l’assentiment des équipes. Et celui-ci ne pourra pas être obtenu sans une reconsidération préalable et notable, y compris financière, de nos métiers tout au long de la carrière.
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Remise en cause du statut des agrégés : nous sommes tous concernés
Il n’y a pas eu de vote. Juste une information de ce qui est censé arriver.
Au SNCL, nous trouvons le contenu de ce qui a été présenté insupportable et inacceptable.
Tout d’abord car ce projet porte atteinte au statut des agrégés. Son objectif est de déconcentrer la gestion du corps des professeurs agrégés, Ce texte confie aux recteurs certains actes de gestion du corps des agrégés (classement des lauréats du concours, évaluation, avancement d’échelon et de grade). Il signerait la fin de la gestion nationale transparente et par discipline des agrégés. Ce projet de déconcentration engendrerait, s’il était validé, des inégalités de gestion selon les académies.
Plus précisément, ce texte modifie le décret du 4 juillet 1972 relatif au statut particulier des professeurs agrégés et place les professeurs agrégés sous l’autorité d’un recteur d’académie pour tout acte de gestion de carrière. Le Recteur deviendrait compétent pour évaluer, examiner les demandes de révision de l’appréciation finale de la valeur professionnelle, prononcer les promotions, attribuer les bonifications d’ancienneté, arrêter les tableaux d’avancement. Ce décret concernerait autant les agrégés exerçant dans le secondaire que ceux affectés dans le supérieur ou, de façon plus large, tout agrégé exerçant dans l’académie concernée.
Pour le SNCL, ces mesures de déconcentration ne manqueraient pas de créer des inégalités entre académies avec, par exemple, le risque de voir des agrégés promus ou non à la hors-classe ou à la classe exceptionnelle en fonction de leur nombre dans une académie donnée, ce qui n’est pas le cas avec une gestion nationale.
Pour le SNCL, cette mesure cadre bien avec un grand plan d’ensemble de démantèlement des statuts. Rappelons-nous la mise en extinction du corps des Inspecteurs Généraux, remplacé par un corps sans statut et beaucoup plus axé sur l’administratif. Pensons aux menaces qui pèsent de façon régulière sur les CPGE. Sans compter sur le fait qu’aujourd’hui les représentants des personnels enseignants sont élus dans une commission unique regroupant tous les corps des enseignants de l’académie (PLP, certifiés, agrégés, adjoints d’enseignement, CPE…et même les professeurs de chaire supérieure. Les prochaines victimes ?). Qui peut croire un instant que les enseignants verront leurs problèmes spécifiques abordés et traités dans ces méga commissions multiformes ?
L’analyse du SNCL est que ce coup de canif dans le statut des agrégés n’est qu’un pas de plus vers un corps unique à gestion déconcentrée avec le risque qu’à terme cette déconcentration ne conduise à la décentralisation puis, comme de bien entendu, à la régionalisation du recrutement et des règles qui régissent les carrières. Aux oubliettes le caractère national et équitable de l’enseignement et place au recrutement local et aux mutations impossibles ou presque.
Il devient urgent d’inverser la tendance. Le SNCL demande donc solennellement au ministère de renoncer à ces mesures de déconcentration de la gestion des professeurs agrégés, à respecter les statuts de tous les corps enseignants et à stopper la régionalisation d’une Éducation qui ne serait plus Nationale que de nom.
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Agrégés : vers une décentralisation de la gestion de nos carrières ?
Le 7 mai dernier, le comité social d’administration ministériel (CSAMEN) a présenté un projet de décret modifiant le statut des agrégés. Il n’y a pas eu de vote durant la séance du comité, selon les dires de l’administration, il s’agissait » juste d’une information » de ce qui est censé arriver.
Au-delà de la forme, c’est aussi le contenu de ce qui a été présenté qui est insupportable et inacceptable.
Ce projet porte atteinte directement au statut des professeurs agrégés. Son objectif est de déconcentrer la gestion du corps des professeurs agrégés en confiant aux recteurs certains actes de gestion (classement des lauréats du concours, évaluation, avancement d’échelon et de grade). Il signerait la fin de la gestion nationale transparente et par discipline. Ce projet de déconcentration engendrerait évidemment, s’il était validé, des inégalités de gestion selon les académies.
Plus précisément, ce texte viendrait modifier le décret du 4 juillet 1972 relatif au statut particulier des professeurs agrégés et placerait ces professeurs sous l’autorité d’un recteur d’académie pour tout acte de gestion de carrière. Le Recteur deviendrait compétent pour évaluer, examiner les demandes de révision de l’appréciation finale de la valeur professionnelle, prononcer les promotions, attribuer les bonifications d’ancienneté, arrêter les tableaux d’avancement. Ce décret concernerait autant les agrégés exerçant dans le secondaire que ceux affectés dans le supérieur ou, de façon plus large, tous ceux exerçant dans l’académie concernée (à l’exception des personnels en détachement).
Pour le SNCL, ces mesures de déconcentration ne manqueraient pas de créer des inégalités entre académies avec, par exemple, le risque de voir des agrégés promus ou non à la hors-classe ou à la classe exceptionnelle en fonction de leur nombre dans une académie donnée, ce qui n’est pas le cas avec une gestion nationale.
Pour le SNCL, cette mesure ne serait hélas pas si étonnante, tant elle serait dans la droite ligne d’un grand plan d’ensemble de démantèlement des statuts déjà à l’oeuvre dans la fonction publique depuis quelques années. Rappelons-nous la mise en extinction du corps des Inspecteurs Généraux, remplacé par un corps sans statut et beaucoup plus axé sur l’administratif. Pensons aux menaces qui pèsent de façon régulière sur les CPGE. Sans compter sur le fait qu’aujourd’hui les représentants des personnels enseignants sont élus dans une commission unique regroupant tous les corps des enseignants de l’académie (PLP, certifiés, agrégés, adjoints d’enseignement, CPE…et même les professeurs de chaire supérieure. Les prochaines victimes ?). Qui peut croire un instant que les enseignants verront leurs problèmes spécifiques abordés et traités dans ces méga commissions multiformes ?
L’analyse du SNCL est que ce coup de canif dans le statut des agrégés n’est qu’un pas de plus vers un corps unique à gestion déconcentrée avec le risque qu’à terme cette déconcentration ne conduise à la décentralisation puis, comme de bien entendu, à la régionalisation du recrutement et des règles qui régissent les carrières. Aux oubliettes le caractère national et équitable de l’enseignement et place au recrutement local et aux mutations impossibles ou presque !
Dans ce cadre, le SNCL a signé avec les syndicats SAGES et SIES un communiqué commun afin de dissuader le gouvernement actuel de profiter des élections législatives anticipées pour faire passer une telle mesure en catimini :
Il devient urgent d’inverser la tendance. Le SNCL demande donc solennellement au ministère de renoncer à ces mesures de déconcentration de la gestion des professeurs agrégés, de respecter les statuts de tous les corps des agents et de stopper la régionalisation d’une Éducation qui n’aurait alors plus de Nationale que le nom.
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Brevet obligatoire et classe prépa-seconde : des précisions sur la phase pilote
Dans le cadre de la réforme du « Choc des savoirs » annoncée par Gabriel Attal, l’obtention du Diplôme National du Brevet des Collèges sera rendue indispensable pour accéder au lycée à partir de la rentrée 2025.
Les élèves n’ayant pas réussi à obtenir le précieux sésame devront dès lors intégrer pendant un an une classe dite de « préparation à la seconde ». Les textes réglementaires régissant ce dispositif ne sont cependant pas encore sortis, et plusieurs zones d’ombre sur son organisation demeurent.
Mais la phase pilote, elle, débutera dès septembre 2024 : les décrets et notes de services qui l’encadrent permettent de mieux comprendre à quoi devrait ressembler le dispositif final.
Pour cette phase, seul un certain nombre de lycées de secteur seront susceptibles d’accueillir une classe de prépa-seconde (a priori un par département). Par la suite, comme l’indique la note de service du 17 mars 2024, le déploiement devrait s’effectuer sur l’ensemble des lycées à la rentrée 2025.
Les premiers lycées de secteur à accueillir ces nouvelles classes seront identifiés par les recteurs en fonction de « leur taille, leur polyvalence, et le nombre d’élèves parmi leurs effectifs n’ayant pas été reçus favorablement au DNB ».
Les classes prépa-seconde, de quoi s’agit-il ?
La classe prépa-seconde est en quelque sorte une classe relais : elle accueillera les élèves admis dans leur lycée (GT ou pro) mais n’ayant pas obtenu le DNB. Les élèves ainsi reçus bénéficieront d’un enseignement réparti en trois grands volets : un remaniement des connaissances du cycle 4, une préparation aux connaissances du lycée, mais aussi le renforcement méthodologique et la découverte des métiers et des formations.
Elle aura pour but de pratiquer une pédagogie dite « de projet » et différenciée pour aider les élèves à valider les compétences requises au bon déroulement d’une classe de seconde.
À l’issue de cette classe prépa-seconde, les élèves pourront rejoindre leur différents vœux d’affectation d’origine, ou bien s’ils le souhaitent changer d’orientation à la suite de cette année d’approfondissement.
Quels sont les élèves concernés ?
Pour cette phase pilote, seuls les élèves n’ayant pas obtenu le DNB mais admis dans le lycée de leur choix et « souhaitant participer au dispositif » pourront accéder à la classe de préparation à la seconde. Par la suite, la participation ne sera plus sur la base du volontariat mais bien obligatoire.
Si un élève passe en session de rattrapage pour le Brevet, il commencera l’année dans une classe de seconde « typique » avant d’intégrer la classe relais si le rattrapage s’avère infructueux.
Enfin, il s’agira d’accueillir aussi « les candidats à l’apprentissage sans solution parce qu’ils n’ont pas réussi à signer un contrat d’apprentissage dans la période de trois mois. ».
En quoi serait-ce une innovation ?
La note de service met en exergue une pédagogie différenciée pour ces classes relais. Tout d’abord, la direction de l’établissement devra désigner une équipe pédagogique spécifique qui prendra en charge cette classe à besoins particuliers en insistant lourdement sur la démarche de projet.
Ces projets, conçus de manière collective avec l’établissement, pourront accompagner les élèves tout au long de l’année et permettre une construction du savoir « plus adaptée à la classe et aux besoins qu’elle poursuit ».
La note poursuit en incitant l’équipe pédagogique à mettre en place un apprentissage de proximité, c’est-à-dire, un tutorat.
Il est aussi précisé que les différentes évaluations devront être le moins possible sommatives (basées sur la somme de connaissances) mais, au contraire, formatives (permettant en théorie un apprentissage en continue et basées sur les points forts de l’élève).
Sur le papier, d’accord, mais en pratique ?
À ce jour, le Gouvernement n’a pas encore communiqué les détails de la mise en pratique du dispositif définitif. Nous ignorons, même à la phase expérimentale, quels seront les lycées concernés, le nombre de classes créées ou les effectifs attribués à ces classes.
De même le SNCL se montre sceptique sur le financement de ces nouvelles missions compte tenu des réductions budgétaires annoncées par le Gouvernement et le manque d’enseignants déjà connu pour la rentrée prochaine.
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Groupes de niveaux : le gouvernement s’entête en dépit du manque d’enseignants
Après les déclarations mesurées de Nicole Belloubet au début du mois de mars, qui évoquait la possibilité de déroger aux groupes de niveaux pour les établissements qui le souhaitaient, nous avons pu croire pendant un temps que le ministère était revenu à la raison : il avait pris acte du chamboulement que provoquerait la mise en place de cette réforme de manière aussi précipitée et sans concertation avec les acteurs de terrain ; il avait entendu la demande du SNCL à mettre en place un moratoire d’un an.
C’était sans compter l’entêtement et l’omniprésence de Gabriel Attal, qui contredisait sa ministre quelques jours plus tard : qu’importe les blocages organisationnels, qu’importe le manque d’enseignants pour assurer cette réforme, les groupes de niveau seront bien mis en place pour les classes de 6ème et 5ème dès la rentrée prochaine.
L’arrêté publié le 17 mars 2024 apporte néanmoins des modifications mineures au projet initial :
– Conformément à l’évolution impulsée par Mme Belloubet, la notion de « niveau » à été supprimée, le texte parle simplement de « groupes », laissant aux établissements le soin de décider des critères qui guideront leur constitution ;
– Ces enseignements pourront être assurés en classe entière jusqu’à 10 semaines dans l’année, notamment en début d’année pour laisser le temps aux enseignants de réfléchir à la constitution des groupes. Si cette deuxième mesure a sans doute pour but de donner des gages de souplesse aux chefs d’établissements, elle ne résout pourtant pas les difficultés d’organisation que poseront tôt ou tard ces groupes. Et que feront pendant ce temps les collègues pour lesquels une partie de leur service dépend de la division des classes en groupes ?
Le principal obstacle cependant demeure le manque drastique d’enseignants pour assurer les heures supplémentaires générées par ces groupes. Nicole Belloubet a d’abord évoqué une somme équivalant à 2830 postes, avant de revenir sur sa déclaration en comptabilisant « seulement » 2330 ETP. Comment y faire face, alors que les enseignants de lettres et plus encore de mathématiques sont déjà ceux dont l’école manque le plus ?
En effet, la crise d’attractivité du métier est loin d’être résolue : les mal nommées « revalorisations », largement insuffisantes notamment en milieu et fin de carrière, n’ont sans surprise pas suffi à attirer plus de jeunes vers le métier. En témoigne le nombre d’inscrits aux concours, toujours en baisse.
Au moins le ministère semble-t-il en être conscient, puisqu’il en est réduit à appeler à la rescousse les professeurs des écoles et même… des professeurs retraités : on connait le succès que cet appel a eu même en pleine crise du COVID… Bien sûr, sont également appelés en renfort toujours plus de contractuels, formés pendant l’été à la hâte – voire pas du tout – avant d’être parachutés devant des classes en septembre.
Le SNCL dénonce l’entêtement du gouvernement qui persiste à passer en force sans écouter les acteurs de terrain, et les effets délétères qu’auront ces groupes mis en place dans la précipitation et sans les moyens nécessaires.
Il appelle à rouvrir le chantier de la revalorisation des enseignants, notamment ceux en milieu et fin de carrière, afin de répondre au problème fondamental qu’est la perte d’attractivité de notre métier.