SNCL

Syndicat National des Collèges et des Lycées

  • Encore des nouveautés pour la rentrée 2025 !

    5 personnes en cercle souris au caméra.

    Une nouvelle rentrée se profile à l’horizon. Il faut à nouveau préparer son matériel comme chaque année. Mais ce n’est pas tout ! Il faut également se plonger dans la circulaire de rentrée qui nous annonce rarement de bonnes nouvelles.

    Cette fois, comme d’habitude, il s’agit d’une nouveauté qui va nous donner encore davantage de travail si faire se peut. Elisabeth Borne l’avait annoncé le 5 juin au lycée Joséphine Baker à Hanches en Eure-et-Loir. C’est bel et bien inscrit dans la circulaire de rentrée : il s’agit du plan Avenir. Quels sont ses objectifs, ses formes, ses moyens ? D’où part-on, pour arriver où ?

    Les objectifs du plan Avenir

    Suite au constat des inégalités sociales et territoriales, la ministre a souhaité mettre en place ce plan Avenir avec pour objectif de refonder les principes d’orientation des élèves du collège et ce dès la classe de 5e. Les parents seront concernés autant que les collégiens et les enseignants par ce nouveau plan qui répond, entre autres, au soi-disant manque d’informations des élèves sur les différentes filières post-collège et sur la poursuite d’études en lycée général, technologique ou professionnel.

    Il est prévu que les familles soient impliquées davantage dans l’orientation de leur enfant dès la rentrée prochaine tant par le biais de brochures de l’ONISEP disponibles sur les intranets des établissements que de rencontres tripartites parents-élève-enseignant avant le conseil de classe de 3e du 2e trimestre (et donc la première formulation de demande post 3e).

    Enfin les régions, elles aussi, doivent être associées par le biais de chartes signées avec les établissements scolaires, en construisant une feuille de route adaptée à chaque situation locale, ce qui peut avoir un effet repoussoir. Dans quel but l’élève se forme-t-il ? Pour s’épanouir ou répondre aux besoins de l’économie locale ?

    Les demi-journées de formation du plan Avenir : 1 pour les professeurs, 4 pour les élèves

    Dès le premier trimestre, une demi-journée de formation sera imposée à 30 000 professeurs principaux de 3e considérés comme étant « au cœur de la démarche d’orientation » afin de perfectionner leurs connaissances sur l’orientation et combler ce que certains considèrent comme des lacunes …

    Mais contrairement à ce que semble penser E. Borne, la plupart des professeurs de 3e sont tout à fait au fait des thématiques de l’orientation, travaillent déjà ce point lors des heures de vie de classe et suivent individuellement leurs élèves dans leur projet d’orientation. De qui se moque-t-on ?

    De plus, on proposera aux enseignants qui le souhaitent une certification « orientation, parcours, insertion ». A quoi cette certification pourra bien leur servir ?

    Les élèves quant à eux, dès la rentrée de septembre 2025, bénéficieront de 4 demi-journées par an qui seront dédiées à l’orientation afin de leur « apprendre à construire des choix et à développer des capacités d’adaptation qui leur seront utiles tout au long de leur vie dans un monde professionnel en constante évolution » (education.gouv.fr).

    Le projet d’orientation du plan Avenir

    Chaque collège se devra d’établir un projet d’orientation afin d’améliorer l’accompagnement des collégiens. Que d’heures de réunions en perspective ! Après les projets d’établissement, le renouvellement des projets d’établissement, l’évaluation des établissements, une nouvelle thématique arrive afin d’occuper le peu de temps libre dont disposent nos collègues …

    Les moyens du plan Avenir

    Bien sûr, nous aurions pu nous attendre à ce que des heures soient ciblées et financées pour ce noble objectif après lequel chacun court depuis des années sous des appellations diverses telles que l’éducation des choix dans les années 1990 avec un but unique : permettre à chaque élève de s’informer sur son orientation à venir. Si l’intention est louable, on ne peut que se questionner sur ce nouveau dispositif qui rajoute une couche au mille-feuille qui n’en avait pas besoin.

    Un peu d’histoire

    Jalons historiques de 1989 à 2019 :

    – La loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 instaure un « droit au conseil en orientation et à l’information sur les enseignements et sur les métiers » qui fait partie du « droit à l’Éducation ». Ce droit est reproduit à l’actuel article L 313-1 du code de l’Éducation.

    – En 1993, l’élève a droit à une information organisée sous la responsabilité du chef d’établissement qui s’accompagne de la remise d’une documentation.

    – En 2005 est créée l’option DP3 sur laquelle nous reviendrons.

    – En 2013 le parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel « est proposé à chaque élève ».

    – En 2013 ce parcours individuel est institué en « Parcours Avenir » faisant l’objet d’une valorisation pour l’obtention du brevet des collèges.

    – L’arrêté du 10 avril 2019 instaurait théoriquement « selon les besoins des élèves et les modalités de l’accompagnement à l’orientation mises en place dans l’établissement, 12 heures annuelles d’accompagnement à l’orientation en classe de quatrième et 36 heures annuelles en classe de troisième. ». Faut-il préciser que nul, ni élève, ni professeur, n’a jamais vu la couleur de ces moyens depuis 2019 ? Quand ces moyens ont été demandés en discussions sur les DHG, il a systématiquement été répondu que les besoins n’avaient pas été identifiés ni les modalités de l’accompagnement à l’orientation définies, puis les DASEN ont suggéré que ces heures fassent partie des missions non encore listées du professeur !

    – 2005 – 2016 : naissance, essor et fin brutale de la DP3.

    L’année 2005 avait vu la naissance de la 3e DP3 : découverte professionnelle 3 heures. Cette option réservée aux seules classes de 3e et facultative permettait une ouverture sur l’orientation et le monde de l’entreprise. Les enseignants qui en assuraient le fonctionnement organisaient des visites d’entreprises, des jumelages avec des entreprises, des présentations de différents métiers dans des domaines aussi éloignés que le paramédical ou le monde de la mécanique (du CAP d’ajusteur monteur aux diplômes d’ingénieurs de l’aéronautique).

    En faisant appel à un carnet personnel souvent bien rempli, l’enseignant en charge de la DP3 offrait des opportunités à ses élèves qui ainsi découvraient le monde de l’entreprise, les différentes voies pour parvenir à tel ou tel emploi, les salaires (part non négligeable des questions des élèves !), les avantages et les inconvénients de chaque emploi. Chaque entretien était préparé en amont par l’enseignant avec l’établissement de questionnaires et les visites étaient souvent suivies de compte-rendus. Certains parents pouvaient intervenir pour présenter leur métier quel qu’il soit, ce qui offrait une ouverture d’esprit à tous les élèves de cette option.

    Elle permettait également aux élèves d’obtenir des points supplémentaires au brevet des collèges.

    Mais cette option qui portait bien son nom avait lieu sur 3 heures hebdomadaires et non quelques heures parsemées de ci de là. Ainsi les élèves pouvaient-ils aller au bout de leurs recherches et parfois découvrir des métiers ou des branches auxquels ils n’avaient jamais songé auparavant. Certes, ces cours optionnels même s’ils étaient proposés à tous les élèves de 3e ne touchaient pas tous les élèves de ce niveau mais un groupe ou deux d’une trentaine d’élèves seulement. Mais les élèves qui avaient suivi cette option terminaient leur cycle « collège » avec de très solides connaissances dans l’orientation et dans la découverte du monde des métiers.

    Malheureusement, la réforme du collège de 2016 a mis fin brutalement à cette option pourtant très recherchée par les élèves. Finies les sorties et visites d’entreprises, terminées les passionnantes discussions avec les professionnels !

    Et c’est bien faire fi des anciens élèves qui revenaient tout contents de ce qu’ils avaient appris lors des séances d’enseignement de DP3. Peut-on raisonnablement penser que 3 heures hebdomadaires pourront être remplacées par quelques heures parsemées sans suivi précis ? N’était-il pas plus opportun de s’appuyer sur cette option plutôt que la faire disparaître d’un revers de manche avec la réforme du collège en 2016 ?

    Le SNCL s’était insurgé contre la disparition de la DP3 dès l’annonce de la réforme du collège de 2016 !

    5 juin 2025 : le recyclage

    Dans les faits, les professeurs principaux suivaient déjà depuis des années des formations spécifiques surtout en classe de 3e et organisaient des rencontres avec les familles des élèves de 3e au 2e trimestre.  Il est alors difficile de comprendre ce que le « Plan Avenir » va apporter de plus, sauf peut-être un décalage dans la période de l’année scolaire (beaucoup de bruit pour rien dirait Shakespeare…).

    Ce qu’il apportera de moins ? Au moins une dévalorisation arithmétique de l’Avenir puisque le Parcours Avenir appartenait au champ de l’évaluation pour le brevet des collèges, désormais il en est totalement sorti.

    Le référent « Parcours Avenir », de son côté, était à l’initiative des rencontres avec des représentants du monde de l’entreprise ou des journées dédiées à des secteurs tels que le monde de l’industrie (en lien avec des organismes  comme l’UIMM (Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie), l’union ou la CAPEB  (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) pour les métiers du bâtiment, des forums sur différentes thématiques et des visites de salon de l’étudiant et des formations.

    Les professeurs principaux recevaient les familles et les élèves autour du projet de chaque élève en présence du conseiller d’orientation psychologue scolaire qui pouvait donner son avis et préciser l’implantation géographique de certaines formations. Désormais ces rencontres seront instituées dans chaque collège au cours de l’année de 3e. Quelle différence ? 

    De plus, n’oublions pas qu’il existait jusque-là le « Parcours Avenir », décliné en plusieurs stades en fonction du niveau des élèves de collège, avec une nette accélération en classe de 3e et qui se poursuivait sur les trois classes de lycée. En principe, un référent « Parcours Avenir » était désigné dans chaque établissement et servait de lien entre les élèves et la découverte des différents métiers. Mais là, il faut aller encore plus loin !

    En conclusion ce plan Avenir qui semble révolutionnaire aux yeux de notre ministre ne fait que reprendre des mesures qui existaient depuis des années sans prévoir de budget. Et nos collègues n’auront plus qu’à faire et refaire ce qu’ils accomplissent déjà depuis des années sans être davantage reconnus …  

    Enseignant, Infirmier, Éducateur, Psychologue et désormais Conseiller d’orientation. Jusqu’où ira l’aspect multitâche de notre métier ?

  • Groupes de besoins : remises en cause

    Un petit retour en arrière !

    S’il est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs mois dans les ministères, les rectorats et les collèges, c’est bien celui des groupes de besoins. Le SNCL vous propose de prendre un peu de recul pour retracer l’évolution de ce dispositif et tenter d’en évaluer la pertinence. 

    Mesure phare du choc des savoirs initialement sous le nom de groupes de niveaux, ce système a rapidement été débaptisé pour prendre le nom de groupe de besoins. Simple modification sémantique ou modification de fond du principe ?

    Face aux résultats catastrophiques des évaluations PISA en français et en mathématiques de 2022, le ministre de l’EN de l’époque, G Attal a cherché la solution miracle pour « remonter » le niveau de nos petites têtes blondes. Il a annoncé cette réforme qui consistait – sur le principe ! – à faire travailler les collégiens dans des groupes différents selon leur niveau à l’entrée au collège en fonction de leurs résultats aux évaluations de début d’année.  Ce projet qui avait pour objectif de mieux répondre aux besoins de chaque élève pouvait présenter pour certains des aspects positifs. Présentés comme tels aux parents, dispensés en groupes à effectifs réduits, les cours en groupes de besoins étaient recouverts d’un certain vernis ne brillant qu’aux yeux de ceux qui ignoraient ce qui se cachait sous cette couche.  Peu de collègues ont accepté avec beaucoup d’entrain de travailler selon ce principe, en toute connaissance dès le début de tous les obstacles auxquels ils allaient être confrontés.

    De belles idées avaient pu germer dans l’esprit de ceux qui n’avaient pas trop réfléchi sur les conséquences ni pénétré dans un collège depuis de nombreuses années :

    –       on soutient les élèves le plus en difficulté ;

    –       on renforce les connaissances de ceux qui maîtrisent déjà très bien toutes les compétences.

    –       on accompagne chaque élève selon son rythme.

    –       on permet aux élèves de passer d’un groupe à l’autre selon les compétences travaillées.

     

    Mais derrière cette annonce se cachait évidemment de nombreux problèmes qui n’ont pas mis longtemps à voir le jour.

     

    Première vague de problèmes et de réactions

    Nos collègues ont rapidement compris, souvent même avant l’application de la réforme, qu’une très grande homogénéité n’était peut-être pas la réponse idoine aux résultats catastrophiques des élèves de 6ème et de 5ème.  Les groupes d’élèves qui devaient aller dans un groupe de « remédiation / faibles » ne représentaient pas un tiers de la classe, pas plus que ceux qui auraient pu travailler dans un groupe de « renforcement /bons ». Certes, quelques heures avaient été parsemées dans les DHG pour la rentrée 2024, mais souvent au détriment d’options telles que la chorale, les LCA (Langues et Cultures de l’Antiquité : grec et latin), certains dispositifs de soutien et autres.  Et que dire de la réaction des élèves qui se retrouvent toute l’année dans les groupe des plus faibles, souvent en français et en mathématiques ainsi que celle de leurs parents ?

     

    Et s’il s’agissait d’un passage en force ?

    Mais malgré les réticences annoncées, un arrêté précisant ces nouvelles modalités a été publié le 15 mars 2024, signé de la main de la nouvelle ministre du moment, Nicole Bellouet. Cet arrêté modifiait l’arrêté du 19 mars 2015 sur l’organisation des enseignements jusqu’alors en vigueur dans les classes de collège.

    Dès la préparation de la dernière rentrée, nous avons été contactés par de nombreux collègues qui se heurtaient à d’importants problèmes tant sur le principe de ces groupes que sur la disparition d’heures dédiées jusqu’ici aux options et sur aux difficultés évoquées par les chefs d’établissement pour établir un emploi du temps correct pour chaque enseignant.  Et que dire de la multiplication des BMP, des besoins en temps de concertation non rémunérés, du travail en équipe obligatoire, tous les enseignants de ces deux matières devant suivre une progression commune ?

    Certes un certain nombre de collèges a fonctionné cette sans mettre en place ces groupes de niveaux malgré la pression de la hiérarchie. Lorsqu’ils ont bénéficié de l’octroi de quelques heures, certains chefs d’établissement ont pu s’organiser pour soulager les effectifs des classes de 6ème et de 5ème. Mais les emplois du temps des enseignants qui ont appliqué les groupes en ont souvent subi les conséquences, le groupe classe étant éclaté par l’existence même du principe des groupes.

     

    La décision du Conseil d’Etat

    Face à la fronde « anti-groupes de besoins », anti « choc des savoirs », une demande d’annulation de ces groupes de besoin a été déposée auprès du conseil d’Etat qui a statué le 28 novembre 2024 : le décret a été annulé. Le conseil d’Etat a relevé qu’un ministre n’avait pas pleine compétence pour statuer sur les modifications de l’enseignement du français et des mathématiques au collège. Pour une décision aussi lourde de conséquences, seul le premier ministre était en droit de signer un décret.

     

    Le décret du 6 avril 2025 !

    Même si cette nouvelle a pu en réjouir plus d’un, la déception a été rapide. L’annulation du Conseil d’Etat portait davantage sur le principe juridique que sur le fond. Les textes ont parlé quelques mois plus tard : un nouveau décret, texte très formel, a vu le jour le 6 avril dernier. Ce dernier décret est signé cette fois par le premier ministre et confirme la possibilité de l’enseignement du français et des mathématiques en groupes d’élèves, levant ainsi tout blocage institutionnel et juridique reproché à la circulaire de l’ancienne ministre.

    La ministre de l’Education Nationale avait déjà évoqué en janvier 2025 le fait qu’elle travaillerait à la poursuite des groupes en 6ème et en 5ème, mais n’étendrait pas le dispositif aux classes de 4ème et de 3ème comme cela avait été annoncé dans un premier temps. C’est ce qui a été confirmé pour la rentrée de septembre 2025.

     

    Le SNCL salue cette relative prise de distance par rapport aux groupes de niveaux. Si notre syndicat s’est toujours montré critique vis-à-vis du collège unique, et plaide pour une meilleure prise en charge des élèves en difficulté et de l’hétérogénéité des classes, les groupes de niveaux tels qu’ils ont été mis en place ne peuvent apparaitre comme la bonne solution, au regard de l’ensemble de leurs défauts rappelés plus haut.

    Un dispositif comme celui de l’heure de soutien et approfondissement, mis en place en 6ème en 2023, et hélas supprimé bien trop hâtivement par Gabriel Attal, apparait selon nous comme une solution bien plus pertinente, et mériterait d’être rétabli et généralisé à tous les niveaux.

     

     

    Quel avenir pour la prépa- seconde ?

    La prépa-seconde avait été instauré dans toutes les académies à la rentrée de septembre. Elle s’adressait aux élèves qui souhaitaient poursuivre leurs études au lycée mais n’avaient pas obtenu le DNB.

    A la rentrée dernière, elle a accueilli 1 320 élèves dans 100 lycées. Il s’agit le plus souvent d’élèves en difficulté qui ont besoin de renforcer leurs acquis de collège pour pouvoir envisager une poursuite d’études au lycée et éviter un redoublement.

    La validation obligatoire du DNB pour passer en seconde ayant été annulée, ce dispositif perdait quelque peu sa raison d’être.

    De plus, on avait tendance à trouver dans ces classes un regroupement d’élèves avec souvent un an de retard, un IPS plus faible que dans les autres classes de lycée, et davantage de garçons que de filles, accentuant ainsi la ségrégation sociale.
    On peut désormais se poser la question de l’avenir de ces classes. Les textes réglementaires, rejetés quasi unanimement au Conseil supérieur de l’Education et malgré tout publiés le 26 mars 2025, ont prorogé ce dispositif pour l’année 2025-2026, en tant qu’année facultative de remédiation avant l’entrée en seconde. Mais la ministre a déjà laissé entendre la fin probable du dispositif à l’issu de cette période.

    Sans doute une redistribution des moyens à destination des élèves de seconde en difficulté serait-elle plus profitable, pour les soutenir dans leur entrée au lycée qui demeure une marche difficile à franchir.

  • DNB session 2025 : pas de changements pour cette année

    Le ministère a enfin annoncé, lundi 16 septembre, que la réforme du brevet ne s’appliquera pas pour la session 2025. Cette clarification est la bienvenue, mais le chantier reste en suspens pour 2026…

  • Collège : vers la fin du collège uniforme ?

    Un constat d’échec

    Suite aux résultats très inquiétants des dernières évaluations PISA, notre fugace ex-ministre avait annoncé sa volonté de réformer le collège de fond en comble dès l’automne 2023. La prise de conscience de l’état catastrophique du collège semblait avoir créé une vive inquiétude.

    Ainsi, dans son discours, Gabriel Attal déclarait que « le collège ne parvient plus à élever suffisamment le niveau de nos élèves ». Triste constat, nous en convenons, mais ô combien réaliste ! … 

    Le SNCL de son côté dénonçait depuis des années le nivellement par le bas consécutif, entre autres, aux multiples réformes et tout particulièrement à la dernière réforme de 2016, la plus scélérate.

    Réaction vive de Gabriel Attal

    L’allocution du 5 décembre avait permis d’en savoir plus long sur les projets de réforme du collège. Que ce soit dans les médias écrits, les journaux ou émissions télévisées ou à la radio, les Français ont découvert la formule « choc des savoirs » employée par Gabriel Attal et qui a marqué les esprits.

    L’ex-ministre de l’Éducation nationale a fait part de ses inquiétudes puis a développé sa vision du nouveau collège. Il a demandé la mise en place de mesures radicales le plus rapidement possible, dès la rentrée 2024 pour la plupart d’entre elles.

    Si ces mesures sont nombreuses, certaines ont davantage fait parler d’elles.

    Une réponse :
    les groupes de niveau !

    La plus médiatisée est certainement l’instauration de groupes de niveau en français et en mathématiques, tout d’abord en 6e et en 5e puis en 4e et en 3e. Suite aux évaluations de septembre 2024, les élèves seront répartis en trois niveaux afin de permettre, d’après Gabriel Attal, une meilleure prise en charge des élèves les plus en difficulté.

    De terribles lacunes enfin dévoilées

    Il faut reconnaître que la presse s’est fait l’écho dès la dernière rentrée de difficultés d’un grand nombre de jeunes élèves « entrant au collège » présentant de très graves lacunes tant en français (orthographe par exemple) qu’en mathématiques. Plus de 20 % des élèves ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux à la fin de l’école primaire, avoue le ministère de l’Éducation nationale sur son site : education.gouv.fr

    Un des constats les plus récurrents sur les médias et qui prouve bien les difficultés des enfants à la fin du primaire a choqué de nombreux lecteurs : « A l’entrée en sixième, la plupart des élèves ignorent le sens des fractions les plus simples », constat relevé par la DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance). Seule la moitié des élèves sait répondre à la question : « Combien y-a-t-il de quarts d’heures dans 3/4 d’heures ? » Quelle catastrophe !

    Il en va de même pour le français…

    Pour Gabriel Attal, l’enseignement en groupes de niveau dès la rentrée de septembre sera une solution afin de permettre à chacun d’aller à son rythme.

    Mais bien peu de moyens
    pour mettre en œuvre ces groupes

    Mais depuis ces annonces, malheureusement les DHG arrivées en janvier dans les établissements ont démontré que la mise en place de ces groupes se ferait à moyens constants et en partie pris sur la « marge », c’est à dire en prélevant des heures jusqu’à présent attribuées à d’autres dispositifs. Et c’est ainsi que de gros problèmes ont fait surface !

    En effet, plusieurs associations d’enseignants de diverses disciplines sont montées au créneau, tant en SVT, qu’en physique-chimie, et en technologie, matière qui, nous le savons, a déjà payé un lourd tribut avec sa disparition en classe de 6e.

    Les associations de professeurs de LCA (Langues et Cultures de l’Antiquité) commencent également à manifester une vive inquiétude. Dès l’arrivée des DHG dans les établissements, nombre d’entre eux ont été convoqués par leurs chefs d’établissement qui leur ont proposé, selon les cas, d’abaisser le nombre d’heures d‘enseignement en LCA, d’assurer l’intégralité de ces heures en HSA (jusqu’à 4 HSA par enseignant !) voire de supprimer totalement cet enseignement susceptible pourtant d’apporter beaucoup à tous les élèves.

    Au vu de la mise en application difficile de ces groupes de niveau, de nombreux collègues craignent de grosses difficultés dans leur matière mais également dans les autres, la disparition certaine des dispositifs d’aide et de soutien, des tensions entre les enseignants de différentes matières qui seront mis en concurrence sur les fameuses heures de marge et des emplois du temps catastrophiques tant pour les enseignants de français et de mathématiques que pour les autres par répercussion. Comment imaginer ne pas avoir à faire face à une importante dégradation des conditions de travail ! Et pourtant, il semblerait bien que personne ne se bouscule pour s’inscrire aux concours de recrutement des enseignants. Quid du choc d’attractivité ?

    La réforme du collège prévoit également de redonner au conseil de classe la décision finale concernant le passage en classe supérieure ou le redoublement d’un élève. Fini le « dernier mot  aux parents », finis les petits arrangements dans le bureau du chef d’établissement entre parents et chef d’établissement. Sur ce point, le SNCL est totalement d’accord.

    De plus, la réussite au DNB devrait devenir un pré-requis indispensable pour l’entrée en seconde, ce qui paraît d’une logique implacable. Comment laisser un élève aborder des situations pédagogiques et des notions complexes sans maîtriser les acquis de base de la fin du cycle 4 ?

    Pour ces élèves ayant échoué au DNB, il a été prévu d’instaurer des classes « prépa-lycées » dans certains lycées à la rentrée 2024, expérimentation qui sera étendue par la suite à tous les lycées. Cette classe leur permettra de « consolider leur niveau, rattraper leur retard et être mieux armés pour la suite ».

    Ces mesures prévoient également en ce qui concerne le DNB d’abandonner les notes liées aux « compétences » du LSU pour les remplacer par un réel contrôle continu à partir des notes obtenues en classe de 3ème comme c’était le cas auparavant. Qui plus est le ratio contrôle continu/notes finales sera revu, ces dernières comptant dès la session 2025 pour 60 %.

    Et enfin, toujours en ce qui concerne le DNB, exit le « bidouillage des notes » qui avait souvent lieu au moment des corrections comme pour le baccalauréat.

    Le SNCL se réjouit de cette prise de conscience même s’il est certain que des établissements verront leur moyenne de reçus au DNB chuter dangereusement

    Le SNCL reconnaît une prise de conscience des difficultés du collège par le ministère mais pense que la route est encore longue avant d’obtenir des améliorations notables, en particulier si l’on considère que peu de moyens ont été réellement débloqués pour cette réforme.

     

    Sur le même sujet : 

    « Choc des savoirs » : affichage politique et moyens inexistants

    – Le « choc des savoirs » au lycée : quelles conséquences ?

  • Brevet obligatoire et classe prépa-seconde : des précisions sur la phase pilote

    Dans le cadre de la réforme du « Choc des savoirs » annoncée par Gabriel Attal, l’obtention du Diplôme National du Brevet des Collèges sera rendue indispensable pour accéder au lycée à partir de la rentrée 2025.

    Les élèves n’ayant pas réussi à obtenir le précieux sésame devront dès lors intégrer pendant un an une classe dite de « préparation à la seconde ». Les textes réglementaires régissant ce dispositif ne sont cependant pas encore sortis, et plusieurs zones d’ombre sur son organisation demeurent.

    Mais la phase pilote, elle, débutera dès septembre 2024 : les décrets et notes de services qui l’encadrent permettent de mieux comprendre à quoi devrait ressembler le dispositif final.

    Pour cette phase, seul un certain nombre de lycées de secteur seront susceptibles d’accueillir une classe de prépa-seconde (a priori un par département). Par la suite, comme l’indique la note de service du 17 mars 2024, le déploiement devrait s’effectuer sur l’ensemble des lycées à la rentrée 2025. 

    Les premiers lycées de secteur à accueillir ces nouvelles classes seront identifiés par les recteurs en fonction de « leur taille, leur polyvalence, et le nombre d’élèves parmi leurs effectifs n’ayant pas été reçus favorablement au DNB ». 

     

    Les classes prépa-seconde, de quoi s’agit-il ? 

    La classe prépa-seconde est en quelque sorte une classe relais : elle accueillera les élèves admis dans leur lycée (GT ou pro) mais n’ayant pas obtenu le DNB. Les élèves ainsi reçus bénéficieront d’un enseignement réparti en trois grands volets : un remaniement des connaissances du cycle 4, une préparation aux connaissances du lycée, mais aussi le renforcement méthodologique et la découverte des métiers et des formations.

    Elle aura pour but de pratiquer une pédagogie dite « de projet » et différenciée pour aider les élèves à valider les compétences requises au bon déroulement d’une classe de seconde. 

    À l’issue de cette classe prépa-seconde, les élèves pourront rejoindre leur différents vœux d’affectation d’origine, ou bien s’ils le souhaitent changer d’orientation à la suite de cette année d’approfondissement. 

     

    Quels sont les élèves concernés ? 

    Pour cette phase pilote, seuls les élèves n’ayant pas obtenu le DNB mais admis dans le lycée de leur choix et « souhaitant participer au dispositif » pourront accéder à la classe de préparation à la seconde. Par la suite, la participation ne sera plus sur la base du volontariat mais bien obligatoire.

    Si un élève passe en session de rattrapage pour le Brevet, il commencera l’année dans une classe de seconde « typique » avant d’intégrer la classe relais si le rattrapage s’avère infructueux. 

    Enfin, il s’agira d’accueillir aussi « les candidats à l’apprentissage sans solution parce qu’ils n’ont pas réussi à signer un contrat d’apprentissage dans la période de trois mois. ».

     

    En quoi serait-ce une innovation ? 

    La note de service met en exergue une pédagogie différenciée pour ces classes relais. Tout d’abord, la direction de l’établissement devra désigner une équipe pédagogique spécifique qui prendra en charge cette classe à besoins particuliers en insistant lourdement sur la démarche de projet. 

    Ces projets, conçus de manière collective avec l’établissement, pourront accompagner les élèves tout au long de l’année et permettre une construction du savoir « plus adaptée à la classe et aux besoins qu’elle poursuit ».

    La note poursuit en incitant l’équipe pédagogique à mettre en place un apprentissage de proximité, c’est-à-dire, un tutorat. 

    Il est aussi précisé que les différentes évaluations devront être le moins possible sommatives (basées sur la somme de connaissances) mais, au contraire, formatives (permettant en théorie un apprentissage en continue et basées sur les points forts de l’élève). 

     

    Sur le papier, d’accord, mais en pratique ?

    À ce jour, le Gouvernement n’a pas encore communiqué les détails de la mise en pratique du dispositif définitif. Nous ignorons, même à la phase expérimentale, quels seront les lycées concernés, le nombre de classes créées ou les effectifs attribués à ces classes. 

    De même le SNCL se montre sceptique sur le financement de ces nouvelles missions compte tenu des réductions budgétaires annoncées par le Gouvernement et le manque d’enseignants déjà connu pour la rentrée prochaine.

     

  • Groupes de niveaux : le gouvernement s’entête en dépit du manque d’enseignants

    Après les déclarations mesurées de Nicole Belloubet au début du mois de mars, qui évoquait la possibilité de déroger aux groupes de niveaux pour les établissements qui le souhaitaient, nous avons pu croire pendant un temps que le ministère était revenu à la raison : il avait pris acte du chamboulement que provoquerait la mise en place de cette réforme de manière aussi précipitée et sans concertation avec les acteurs de terrain ; il avait entendu la demande du SNCL à mettre en place un moratoire d’un an.

    C’était sans compter l’entêtement et l’omniprésence de Gabriel Attal, qui contredisait sa ministre quelques jours plus tard : qu’importe les blocages organisationnels, qu’importe le manque d’enseignants pour assurer cette réforme, les groupes de niveau seront bien mis en place pour les classes de 6ème et 5ème dès la rentrée prochaine.

    L’arrêté publié le 17 mars 2024 apporte néanmoins des modifications mineures au projet initial :

    –     Conformément à l’évolution impulsée par Mme Belloubet, la notion de « niveau » à été supprimée, le texte parle simplement de « groupes », laissant aux établissements le soin de décider des critères qui guideront leur constitution ;

    –    Ces enseignements pourront être assurés en classe entière jusqu’à 10 semaines dans l’année, notamment en début d’année pour laisser le temps aux enseignants de réfléchir à la constitution des groupes. Si cette deuxième mesure a sans doute pour but de donner des gages de souplesse aux chefs d’établissements, elle ne résout pourtant pas les difficultés d’organisation que poseront tôt ou tard ces groupes. Et que feront pendant ce temps les collègues pour lesquels une partie de leur service dépend de la division des classes en groupes ?

    Le principal obstacle cependant demeure le manque drastique d’enseignants pour assurer les heures supplémentaires générées par ces groupes. Nicole Belloubet a d’abord évoqué une somme équivalant à 2830 postes, avant de revenir sur sa déclaration en comptabilisant « seulement » 2330 ETP. Comment y faire face, alors que les enseignants de lettres et plus encore de mathématiques sont déjà ceux dont l’école manque le plus ?

    En effet, la crise d’attractivité du métier est loin d’être résolue : les mal nommées « revalorisations », largement insuffisantes notamment en milieu et fin de carrière, n’ont sans surprise pas suffi à attirer plus de jeunes vers le métier. En témoigne le nombre d’inscrits aux concours, toujours en baisse.

    Au moins le ministère semble-t-il en être conscient, puisqu’il en est réduit à appeler à la rescousse les professeurs des écoles et même… des professeurs retraités : on connait le succès que cet appel a eu même en pleine crise du COVID… Bien sûr, sont également appelés en renfort toujours plus de contractuels, formés pendant l’été à la hâte – voire pas du tout – avant d’être parachutés devant des classes en septembre.   

    Le SNCL dénonce l’entêtement du gouvernement qui persiste à passer en force sans écouter les acteurs de terrain, et les effets délétères qu’auront ces groupes mis en place dans la précipitation et sans les moyens nécessaires.

    Il appelle à rouvrir le chantier de la revalorisation des enseignants, notamment ceux en milieu et fin de carrière, afin de répondre au problème fondamental qu’est la perte d’attractivité de notre métier.