SNCL

Syndicat National des Collèges et des Lycées

  • Lettre ouverte aux ministres : le temps est à l’action

    Monsieur le Ministre, Madame la Ministre

     

    Vous avez été destinataires en début de semaine d’un communiqué de la FCPE vous transmettant avec vigueur le désarroi de millions de parents et d’élèves face au flou persistant et à l’indécision qui règnent à l’heure actuelle au sein de l’Education nationale.

     

    Hier, une lettre signée de l’interfédérale et de la FCPE vous interpelait également sur votre vision de l’enseignement à distance et vos projets concernant les congés de printemps.

     

    Le SNCL ne peut qu’appuyer ces appels et demande lui aussi à ce que cesse d’être entretenu le mythe d’une continuité pédagogique, qui voudrait faire croire qu’une classe virtuelle peut remplacer un enseignement en présence. La situation est urgente et le temps est à l’action. Des décisions importantes sont nécessaires dès à présent à tous les niveaux de notre système éducatif. Rester dans le déni de cette urgence ne pourrait qu’aggraver encore la situation.

     

    Le SNCL demande à ce qu’une ordonnance complémentaire à celle du 27 mars soit prise et publiée afin d’établir dès à présent les modalités pratiques retenues pour la passation des épreuves d’examens et concours initialement prévues en mai et juin prochains, ceci autant pour le Baccalauréat que pour les C.A.P et les BTS. Le SNCL demande également à ce que toutes les écoles supérieures et les universités de France soient destinataires d’une communication officielle de vos ministères visant à harmoniser les pratiques retenues comme alternatives aux passations des examens universitaires, des concours d’accès aux grandes écoles et de l’ensemble des concours de recrutement de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Lycéens, étudiants, personnels contractuels, candidats libres à des concours internes ou externes, tous ont le droit de savoir ce à quoi ils doivent se préparer dès à présent.

     

    En ce qui concerne le télétravail actuel des enseignants, nous vous demandons de renoncer au discours peut-être rassurant mais biaisé qui laisse croire aux élèves et à leurs familles que l’enseignement est dispensé avec la même efficacité mais sous une autre forme. Il vous revient au contraire d’admettre, et ceci malgré l’engagement formidable de tous les enseignants dès le premier jour du confinement, que du temps d’apprentissage est inévitablement perdu chaque semaine qui passe pour des millions d’élèves, en particulier pour les plus fragilisés dans leurs apprentissages ou pour les près d’un million qui souffrent de la fracture numérique et ne disposent d’aucun moyen technique permettant un quelconque suivi à distance. Il revient à vos ministères de s’engager dès maintenant à ce que, une fois la crise passée, des mesures proportionnées et raisonnées soient prises pour compenser ces pertes d’apprentissage pour tous, sans chercher à faire des économies sur le dos du savoir dû à chacune et chacun. Cet engagement devra se traduire par un effort financier à la hauteur de cet enjeu.

     

    Nous demandons également un positionnement ministériel officiel concernant l’usage d’applications de communication diverses utilisées actuellement dans l’urgence par les enseignants pour maintenir à tout prix le lien pédagogique. L’alerte émanant de la CNIL à propos de certaines de ces applications contrevenant aux règles du RGPD est un signal grave qui met en lumière le danger encouru par les collègues qui exposent actuellement sans le savoir leurs données personnelles en ligne dans l’intérêt de leur travail et de leurs élèves. Des positionnements rectoraux radicalement opposés d’une académie à l’autre, à l’heure actuelle, ne font qu’ajouter un peu plus de confusion à ce niveau.

     

    Nous espérons enfin que cette crise aura su mettre en lumière les lacunes et l’impréparation numériques de l’Education nationale que nous dénonçons depuis si longtemps sans jamais trouver d’oreille attentive. A l’heure d’un essor technologique sans précédent au sein des enseignements, comment pouvons-nous encore compter seulement sur le matériel personnel des enseignants qui utilisent à leurs frais leur ordinateur, leur imprimante, leur téléphone pour tenir debout un système éducatif qui ne s’est jamais donné les moyens de les équiper et de les former correctement ? C’est un plan massif de formation et d’investissement dans ce secteur qui devra faire suite à la crise du covid-19, sans lequel toutes les politiques publiques futures d’essor numérique au sein de nos écoles resteront dépourvues de sens.

     

    En espérant que vous serez sensibles à ces urgences, veuillez recevoir, Monsieur et Madame les ministres, nos salutations les plus respectueuses.

     

    Pour le Syndicat National des Collèges et des Lycées,

    Norman GOURRIER

    secrétaire général

  • Zoom, Discord, Whatsapp : RGPD ou système D ?

    RGPD ou système D, le ministère doit trancher ! Profitant du flou ambiant sur la question, M. Blanquer se refuse hélas à donner des consignes pourtant indispensables pour les collègues dans leurs pratiques pédagogiques à distance…

  • Covid-19 et classes virtuelles, la grande illusion

    En ces temps de confinement, élèves comme parents accumulent une anxiété normale devant le bouleversement de leur quotidien, dans lequel l’école (en tant que lieu réel mais aussi en tant que dispensatrice de savoir et facilitatrice d’échanges sociaux) occupe habituellement une place prépondérante. Les élèves sont tristes d’être séparés de leurs amis, et souvent déstabilisés par la perte de leurs habitudes et de leurs repères qui structurent leur journée en temps normal. Les parents découvrent leurs enfants sous un nouveau jour et se trouvent dans l’obligation de tenir un rôle qui ne leur est pas toujours familier, celui de médiateur entre un jeune apprenant et le savoir disciplinaire.

    Face à cela, la classe virtuelle s’est imposée très vite comme une sorte de remède miracle. Par son nom trompeur, en premier lieu, elle donne le sentiment d’être une réelle alternative à la classe, de la remplacer et laisse penser que finalement, ce qu’on y fait pourrait plus ou moins équivaloir à ce qui se passe dans une « vraie classe ». Elle est demandée par les élèves, parfois simplement pour le plaisir de se sentir à nouveau (l’espace d’un instant et virtuellement) comme faisant groupe, avec leurs camarades et leur professeur dans un espace dédié, ce qui peut révéler un attachement parfois sous-estimé des enfants à cet espace physique qu’est la salle de classe d’ordinaire.

    Les rectorats s’empressent de relayer la pensée ministérielle et demandent aux chefs d’établissement de comptabiliser les enseignants qui pratiquent la classe virtuelle, voire même de les inciter à en tenir pour chaque classe et chaque discipline au moins une fois par semaine. Seulement voilà, derrière ces aspects lénifiants la réalité des classes virtuelles est tout autre.

     

    Une fracture numérique passée sous silence

    Le ministère l’évoque à peine, presque discrètement : 8% des élèves ont perdu tout lien avec l’école, faute de possibilité technique de connexion à distance depuis le début du confinement. 8%; cela parait peu, un chiffre presque acceptable. Pourtant 8%, c’est près d’un million d’enfants sur tout le territoire. Ce sont des territoires entiers de France qui n’ont pas d’accès à internet, des zones rurales, blanches ou de bas débit qui ne permettent même pas d’envisager une classe virtuelle.

    Mais ce chiffre en cache un autre, bien plus difficile à évaluer : celui de millions d’autres élèves qui, s’ils disposent bien d’un moyen technique de connexion, ne peuvent en user suffisamment librement pour que l’idée de continuité pédagogique puisse faire sens via une classe virtuelle. Ce sont souvent des familles qui ne disposent que d’un seul ordinateur pour plusieurs enfants qui doivent se partager un temps de connexion limité, qu’il faut même parfois encore partager avec le ou les parents en télétravail. Parfois encore, il n’y a pas d’ordinateur dans le foyer mais seulement une tablette ou un téléphone portable compatible avec des appels visioconférencés pour trois ou quatre personnes, avec un forfait limité. Pour ces élèves-là, l’idée de classe virtuelle est un mirage encore bien lointain…

     

    La classe virtuelle n’est pas une classe

     

    Une évidence que le ministère semble pourtant seulement découvrir : une classe virtuelle n’est pas une classe, mais un moyen de communication avec quelques options techniques qui permettent certains types spécifiques d’interactions et d’activités pédagogiques avec les élèves, au détriment de nombreuses autres réalisables en classe réelle uniquement. Elle n’est pas la panacée et doit s’accompagner inévitablement d’autres supports et applications pour être efficace : des espaces de partage et d’échange de documents en ligne (notamment les plus volumineux), des espaces d’évaluation en ligne (comme ce que permet parfois Pronote par exemple). Elle ne peut pas toujours s’émanciper d’échanges papier (qui restent même la règle à l’heure actuelle dans de nombreux établissements qui demandent aux parents malgré le confinement de venir récupérer régulièrement des documents imprimés dans l’établissement scolarisant leurs enfants).

    LE SNCL demande au ministère de cesser d’entretenir le mythe de la continuité pédagogique et de la classe virtuelle, qui laisse croire aux familles que le travail (même remarquable) réalisé à l’heure actuelle par les enseignants pourrait équivaloir à un enseignement présentiel. Le SNCL estime préférable d’assumer dès à présent le retard indiscutablement pris par les enseignements durant la période de confinement afin d’y remédier de façon proportionnée et raisonnée une fois la crise sanitaire passée. Relativiser ces pertes d’enseignement et refuser de mobiliser les moyens nécessaires à leur juste compensation demain, revient à faire aujourd’hui des économies sur le dos des élèves (et notamment sur ceux les plus fragilisés dans leur apprentissage) comme sur la qualité de l’instruction qui leur est due à tous. 

     

    A lire aussi : combien de temps encore utiliserons-nous notre matériel personnel ; ou quand les enseignants mobilisent leurs ressources  numériques privées pour faire face à l’urgence

     

  • LETTRE DU SNCL AUX Députés

    Paris, le 12 février 2020

     

    Adresse aux députés

     

     

     

    Objet : réforme des retraites

     

     

    Mesdames et messieurs les Députés,

     

    Le Conseil des ministres du 24 janvier a validé deux projets de lois visant à créer un « régime universel » de retraite.

     

    Vous serez amenés à examiner prochainement cette loi qui va bouleverser la vie de tous vos concitoyens pour les décennies à venir, dans leur quotidien le plus concret, et tout particulièrement à cette période très sensible de leur existence qui fait suite à leur vie active et expose chacune et chacun plus fortement aux risques d’isolement, de dépendance et de maladie.

     

    Vous êtes un représentant de la Nation et avez probablement d’ores et déjà conscience que les retraités participent activement à la solidarité entre les générations ainsi qu’à l’économie nationale dans son ensemble. La question des retraites ne saurait être posée uniquement en termes budgétaires, mais il est aussi important de se souvenir que toute diminution des pensions aurait un impact négatif inévitable sur la consommation et donc sur toute l’économie de notre pays.

     

    Le gouvernement justifie son projet de réforme par une recherche d’équité. Or, ce projet entraînera une baisse du montant des retraites, une hausse des cotisations et un allongement de la période d’activité pour une majorité des Français.

     

    DES RÉFÉRENTS SOCIAUX SACRIFIÉS

     

    Regroupant des personnels de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, le SNCL, le SAGES et le SIES et leurs adhérents sont très attachés au statut général de la Fonction publique et son prolongement naturel, le Code des pensions civiles et militaires.

     

    La carrière des fonctionnaires est historiquement différente de celles des salariés des entreprises des secteurs industriel et commercial ainsi que de celles des professions libérales.

    Les salaires y sont inférieurs, à niveau de recrutement équivalent, à ceux de ces professions ; leur progression est continue mais lente. Lors de leur cessation d’activité ils ne perçoivent pas une retraite payée par les cotisations des actifs mais une pension qui est un salaire différé, payé directement par le budget de l’Etat.

     

    Prolongement du salaire et compensation de leur faible rémunération, notamment de début de carrière, la pension des fonctionnaires est logiquement calculée sur la base du traitement reçu pendant une courte période précédant la cessation d’activité (6 derniers mois).

     

    Selon la Cour des comptes (2016), le régime de pensions donne des « taux de remplacement » (différence entre le dernier revenu d’activité et la retraite) pour les agents publics équivalents à ceux des salariés malgré des règles différentes.

     

    En créant un régime universel, le gouvernement s’apprête à faire voler cela en éclat. Le Code des pensions civiles et militaires serait supprimé, et avec lui toutes les garanties qu’il contient. Les fonctionnaires quitteraient le système des pensions pour rejoindre l’assurance vieillesse.

     

    Par ailleurs, les Français sont attachés à la retraite par répartition. Or, en fondant son projet de réforme sur une retraite par points, caractéristique des retraites par capitalisation, le gouvernement introduit un ver dans le fruit. Et s’il conserve le paiement des retraites par les cotisations versées au même moment, c’est qu’il ne peut faire autrement.

     

    LES PRINCIPALES MOTIVATIONS DU GOUVERNEMENT

     

    Il s’agit d’abord de réduire la masse financière consacrée aux retraites et d’en faire une variable d’ajustement des fluctuations économiques.

     

    Le gouvernement veut également procurer de substantielles économies au budget de l’Etat qui consacre 74,28 % des traitements indiciaires de base pour financer les retraites des fonctionnaires de l’Etat.

     

    En basculant dans le régime d’assurance vieillesse par points, l’Etat deviendrait un employeur comme les autres. Son financement passerait alors progressivement, en 15 ans, de 74,28 % à 16,87 %, soit une économie cumulée de 150 milliards d’euros sur cette période, selon les estimations de Médiapart. C’est donc bien un désengagement sans précédent de l’Etat qui se cache derrière une volonté de prétendue équité.

     

    Parce que nous sommes aussi des contribuables, nous pourrions nous réjouir de ces économies, mais nous savons que les sommes qui ne seront plus payées par le budget de l’Etat devront l’être par les cotisations des salariés, des fonctionnaires et des entreprises.

     

    QUELQUES POINTS POSITIFS

     

    Le projet du gouvernement comporte quelques mesures positives comme l’augmentation des retraites des agriculteurs, la possibilité de continuer à cotiser pour améliorer sa propre retraite pour les pensionnés à faible retraite contraints de poursuivre une activité rémunérée.

    L’indexation des pensions sur le salaire moyen est aussi statistiquement une avancée de même que la garantie d’une retraite minimum à 1 000 euros, mais elle est conditionnée à la revalorisation d’une carrière complète ce qui sera de moins en moins souvent le cas.

     

    Tous ces éléments seraient importants pour ceux qui pourraient en bénéficier. Mais ils ne sont pas liés à l’instauration d’un système universel par points ; ils peuvent également être pris dans le cadre du système de retraites actuellement en vigueur.

     

    En fait, ces annonces de faible ampleur s’appliquent à un nombre limité de Français. Elles servent d’alibi au gouvernement qui, pour gagner la bataille de l’opinion, veut donner une touche sociale à un projet qui ne l’est pas.

     

     

     

     

    DE GRAVES CONSÉQUENCES

     

    L’abandon du calcul de la pension des fonctionnaires sur la base du salaire des six derniers mois entraînerait à terme une forte diminution des pensions devenues retraites de certains fonctionnaires et une augmentation sensible des cotisations de certains autres.

     

    La prise en compte des primes pour l’acquisition des points ne compenserait qu’à la marge la baisse des retraites de ceux qui en perçoivent peu comme les enseignants et les personnels administratifs de l’Education nationale des catégories B et surtout C.

     

    Sur la base des données chiffrées contenues dans le rapport Delevoye et les documents du COR, nos syndicats ont calculé la baisse du montant de la retraite d’un professeur qui cotiserait pendant toute sa carrière au régime universel par points et partirait à la retraite à 62 ans par rapport à la pension du même professeur partant aujourd’hui au même âge avec un salaire moyen des six derniers mois de 3 000 € bruts. La baisse serait de 514 € par mois, soit 23 % de perte sur sa pension alors même que ses cotisations augmenteraient de 6,7 % !

    L’ampleur de cette baisse est telle que, d’abord incrédules, nous l’avons recalculée plusieurs fois.

     

    Cette baisse est d’ailleurs corroborée par un groupe d’économistes qui, eux, communiquent sur une baisse encore plus forte (26 %).

     

    Nous avons ensuite calculé que pour obtenir un niveau de retraite équivalant au montant de la pension d’aujourd’hui, le professeur cotisant au régime universel devrait acquérir 934 points supplémentaires, ce qui nécessiterait une augmentation de salaire de 83 022 euros sur l’ensemble de sa carrière, soit une augmentation de 168 euros par mois sur les 492 mois de ses 41 ans de carrière.

     

    Le 24 janvier dernier le gouvernement publiait, dans une « étude d’impact » des estimations minorant sensiblement la baisse des pensions des professeurs, sans préciser son mode de calcul.

     

    Le Président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Education nationale ont été obligés de reconnaître le problème flagrant touchant les enseignants et de promettre une « revalorisation » d’un montant cumulé sur quinze ans de 10 milliards d’euros pour le million de professeurs de l’enseignement scolaire et de l’enseignement supérieur. Cela représente 55 € mensuels en moyenne pour chacun. Nous sommes donc loin du compte !

    Espérant faire de deux problèmes une solution, le ministre a également osé annoncer que cette « revalorisation » ne serait accordée qu’en contrepartie d’aggravations des conditions de travail des personnels.

     

    Une démarche d’autant plus choquante si l’on compare ces 10 milliards d’euros aux 150 économisés par l’Etat sur la même période, comme mentionné plus haut.

     

    QUELLE CONFIANCE PEUT-ON ACCORDER AUX PROMESSES DU GOUVERNEMENT ?

     

    Le SNCL, le SAGES et le SIES sont indignés par le flou entretenu à de nombreux niveaux autour des conséquences précises des principes contenus dans les projets de lois.

     

    La cohésion sociale ne se décrète pas. Elle ne s’obtient pas davantage par la succession de coups de com et de buzz médiatiques. Elle se construit dans la durée en instaurant la confiance, en entraînant l’adhésion du plus grand nombre à des objectifs clairement identifiés et partagés.

     

    Les grèves et manifestations qui se succèdent à un rythme intense dans le pays depuis le 5 décembre dernier démontrent que ces projets sont rejetés et combattus par une majorité de salariés dont les actions sont soutenues par une majorité de Français malgré la gêne qu’elles entraînent.

     

    En choisissant le pourrissement, le gouvernement installe la défiance, oppose les Français entre eux et distend le tissu social.

     

    Comment avoir confiance quand on sait que nous ne connaîtrions toutes les conséquences de ces lois que bien après leur promulgation, lors de la publication ultérieure des 29 ordonnances et des nombreux autres textes d’application prévus ?

     

    L’avis inhabituellement sévère donné par le Conseil d’Etat n’est pas de nature à nous rassurer. Il précise « cette situation est d’autant plus regrettable que les projets de loi procèdent à une réforme du système de retraite inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir un système social qui constitue l’une des composantes majeures du contrat social».

     

    La méthode d’ensemble utilisée par le gouvernement est inacceptable.

     

    Le Conseil d’Etat indique également que les délais très courts d’examen qui lui ont été imposés ne lui permettent pas d’assurer la « sécurité juridique » du dispositif. Des recours ont donc des chances d’aboutir.

     

    Il estime ensuite que « les documents d’impact doivent répondre aux exigences générales d’objectivité et de sincérité des travaux » laissant entendre que ceux transmis ne le sont pas puisque les projections financières sont « lacunaires », dire peu fiables. Des mesures encore plus coercitives pourraient donc être ultérieurement prises si la réalité s’avérait moins favorable que les prévisions.

     

    Et ce n’est pas tout : le Conseil d’Etat signale que le fait de faire dépendre d’une autre loi la programmation sur 15 ans prévue pour une revalorisation des enseignants, dans le premier article du projet de loi portant réforme des retraites, est inconstitutionnel. Un vrai marché de dupes.

     

    Pour toutes ces raisons et d’autres que nous renonçons à développer pour ne pas abuser de votre temps, le SNCL, le SAGES et le SIES demandent à chaque parlementaire de rejeter les deux projets de lois qui sont présentés par le gouvernement.

     

  • Réponse du député David Habib (Pyrénées-Atlantique)

    Lisez la réponse faite au SNCL par le député David Habib (groupe socialiste).

  • Vous êtes les 0,1 %

     

     

     

     

     

    – Plaine de l’Ain (Ambérieux, 01) : annulation 21/01

    – Albert Londres (Cusset, 03) : annulation 23/01

    – Banville (Moulin, 03) : annulation 23/01

    – Pyrène (Pamiers, 09) : lycée bloqué le 23/01

    – Vigo (Millau, 12) : annulation le 20/01 ; report au 27/01

    – Allende (Hérouville Saint-Clair, 14) : piquet de grève et tractage lundi 20/01

    – Lycée de l’image et du son (Angoulême, 16) annulation 22/01

    – Saint Exupéry (La Rochelle, 17) : manifestation lundi 20/01

    – Valin (La Rochelle, 17) : annulation lundi 20/01

    – Vieljeux (La Rochelle, 17) : report pour le 31/01, blocage lycée le 24/01

    – Laetitia (Ajaccio, 20) : action symbolique lundi 20/01 et passation partielle des élèves

    – Vincensini (Bastia, 20) : annulation 23/01

    – Giocanta de Casablanca (Bastia, 20) annulation 23/01

    – Freyssinet (Saint-brieuc, 22) : annulation le 20/01

    – Béghin (Moirans, 24) : annulation le 21/01

    – Roumanille (Nyons, 26) : annulation 22/01

    – Sérusier (Carhaix, 29) : report

    – Diwan (Carhaix, 29) : report des épreuves 20/01

    – Corbière (Morlaix, 29) : report au 4/02

    – Daudet (Nîmes, 30) : annulation, lundi 13/01

    – Duhoa (Nîmes, 30) : annulation, le 16/01

    – Lamour (Nîmes, 30) : annulation, le 20/01

    – Gide (Uzès, 30) : annulation, grève enseignants 24/01, reportée au 24/02

    – Hugo (Colommiers, 31) : report décidé le 10/01

    – Victor Louis (Talence, 33) : report

    – Eiffel (Bordeaux, 33) : action symbolique lundi 20/01 et passation partielle des élèves

    – Brémontier (Bordeaux, 33) : annulation d’une épreuve blocage élèves

    – Graves (Gardignan, 33) : annulation le 21/01

    – Mauriac (Bordeaux, ,33) : annulation le 21/01

    – Moulin (Langon, 33) : blocage lycéen pas d’épreuve le 23/01

    – Rudel (Blaye, 33) : report mais pression de l’administration 20/01

     – Guedes (Montpellier, 34) : report du 24 au 31/01

    – Basch (Rennes, 35) : annulation lundi 20/01

    – Bréquigny (Rennes, 35) : vote en AG de refus des choix de sujets le 14/01

    – Sévigné (Cesson-Sévigné, 35) : report le 21/01

    – Cassin (Montfort sur Meu, 35) : annulation 22/01 (après passation du 21/01)

    – Monod (Le Rheu, 35) : mobilisation enseignants (nuit au lycée) report préventif mais pas de date 

    – Duhamel (Dole, 39) : blocage, annulation 23/01

    – Horizons (Chazelle sur Lyon, 42) : report

    – Urfé (Saint-Etienne, 42) : report 

    – Camus (Firminy, 42) : annulation 23/01

    – Pays de Retz (Pornic, 44) : manifestation lundi 20/01

    – Briand (Saint-Nazaire, 44) : manifestation lundi 20/01

    – Carcouet (Nantes, 44) : manifestation

    – Villon (Beaugency, 45) : grève des surveillants, remplacés par des agents techniques le 23/01

    – Marot (Cahors, 46) : annulation le 21/01

    – Duplessis-Mornay (Saumur, 49) : annulation 22 et 23/01

    – Paré (Laval, 53) : report préventif du 27 et 28 au 3 et 4/02

    – Chopin (Nancy, 54) : manifestation

    – Macé (Lanester, 56) : grève des enseignants, annulation 21/01

    – Faidherbes (Lille, 59) : action symbolique lundi 20/01 et passation partielle des élèves

    – Noordover (Grande Scynthe, 59) : blocage et annulation le 21/01

    – Couteaux (Saint Amand les Eaux, 59) : erreur de sujet

    – Mousseron (Denain, 59) : annulation d’une épreuve (mauvais sujet) 23/01

    – Bourdelle (Montauban, 60) : annulation lundi 20/01

    – Les Andaines (La Ferté Macé, 61) : annulation des 2e épreuves le 24/01 pour grève enseignants

    – Blaringhem (Béthune, 62) : annulation 23/01 (grâce aux personnles de cantine)

    – Pascal (Clermont-Ferrand, 63) : annulation samedi 18/01

    – Jeanne D’arc (Clermont-Ferrand, 63) : manifestation très forte et annulation le 17/01

    – Monod (Lescar, 64) : blocage parents et enseignants, report au 28/01

    – Paul Rey (Nay, 64) : manifestation

    – Febus (Orthez, 64) : blocage lundi 20/01

    – Arago (Perpignan, 66) report au 30/01

    – Maillol (Perpignan, 66) : report du 20 au 27/01

    – Renouvier (Prades, 66) : annulation le 21/01

    – Sartre (Bron, 69) : blocage lycéen, heurts avec la police, annulation le 21/01

    – Colbert (Lyon, 69) : annulation 21/01

    – Lumières (Lyon, 69) annulation le 21/01

    – Doisneau (Vaulx en Velin, 69) : annulation 20 et 21/01

    – Montesquieu (Mans, 72) : annulation le 21/01

    – Moulin (Albertville, 73) : boycott lycéen et report 

    – Berthollet (Annecy, 74) : report

    – Baudelaire (Annecy, 74) : manifestation

    – Fauré (Annecy, 74) : report à date indéterminée le 21/01

    – Fénélon (Paris 6è) : annulation 21/01

    – Turgot (Paris 3è) : annulation 21/01

    – Fauré (Paris 13è) : annulation 22 et 23/01 suite blocage lycéen, annulation grève nationale 24/01

    – Sainte-Louise (Paris 20è) : annulation 22/01

    – Flaubert (Rouen, 76) : action symbolique et annulation le 22/01

    – Les Bruyères (Rouen, 76) : filtrage à l’entrée du lycée le 21/01

    – Queneau (Yvetot, 76) : report faute de sujets

    – Sembat (Sotteville, 76) : manifestation lundi 20/01

    – Fontenelles (Louviers, 76) : manifestation lundi 20/01, épreuves annulées le 22/01

    – Bachelard (Chelles, 77) : annulation premières épreuves 24/01

    – Beckett (Ferté, 77) : annulation lundi 20/01

    – La Mare Carrée (Moissy Cramayel, 77) : annulation 23, 24 et 27/01

    – Balzac (Mitry, 77) : report

    – Descartes (Champ-sur-Marne, 77) : deux épreuves annulées le 23/01

    – Moissan (Meaux, 77) : annulation le 21/01

    – Vilar (Meaux, 77) : annulation le 21/01

    – Rostand (Mantes, 78) : annulation le 21/01

    – Saint-Exupéry (Mantes-la-Jolie, 78) : annulation

    – Villeroy (Guyancourt, 78) : mobilisation lycéenne massive le 22/01 ; report du 23 au 30/01

    – Desfontaine (Melle, 79) : grève et erreur dans le sujet d’anglais, annulation 22/01

    – Lycée Soult (Mazamet, 81) : action symbolique lundi 20/01 et passation partielle des élèves

    – Bourdelle (Montauban, 82) : annulation le lundi 20/01

    – Michelet (Montauban, 82) : annulation 23/01(malgré présence policière), annulation préventive 27/02

    – Rouvière (Toulon, 83) : l’intersyndicale enseignante décide d’attribuer 20/20 à tous les élèves

    – Aicard (Hyères, 83) : 20/20 sur tous les élèves si non réponse de la hiérarchie.

    – Costebelle (Hyères, 83) : grève des surveillances

    – Camille Guérin (Poitiers, 86) : manifestation

    – Bois d’Amour (Poitiers, 86) : manifestation

    – Brassens (Evry, 91) : annulation 23/01

    – Parc des loges (Evry, 91) : annulation 23/01

    – Rosa Park (Montgeron, 91) : blocage lundi 20/01

    – Truffaut (Bondoufle, 91) : annulation 21/01

    – Monge (Savigny sur Orge, 91) : annulation 23/01 après mobilisation lycéennes le 20/01

    – Vinci (Levallois, 92) : annulation lundi 20/01

    – Michel-Ange (Villeneuve la Garenne, 92) : annulation 22/01, manifestation lycéens 24/01

    – Newton (Clichy, 92) : annulation 23/02 

    – Feyder (Epinay, 93) : annulation le lundi 20/01 ; report au 24/02

    – Louise Michel (Epinay sur Seine, 93) : annulation des épreuves HG, 22/01

    – Flora Tristan (Noisy le Grand, 93) : annulation 23/01

    – Henaff (Bagnolet, 93) : manifestation lundi 20/01

    – Utrillo (Stains, 93) : annulation 23 et 24 suite blocage lycéens et rassemblement de soutien enseignants ; report sine die

    – Ledoux (Pavillons sous bois, 93) : annulation 23/01

    – Gutenberg (Créteil, 94) : report préventif après les vacances

    – Colomb (Sucy en Brie, 94) : annulation lundi 20/01

    – Rolland (Ivry, 94) : refus de remise des sujets le 14/01 et lettre aux IA

    – Daubie (Argenteuil, 95) : manifestation lundi 20/01

    – Van Gogh (Aubergenville, 95 ) : annulation 23/01

    – Leborgne (Sainte-Anne, 971 Guadeloupe) : lycée bloqué

    – Baimbridge (Pointe-à-Pitre, 971 Guadeloupe) : lycée bloqué

    – Gerville-Réache (Basse-Terre, 971 Guadeloupe) : annulation 22/01

    – Weinum (Saint Martin, 971) : annulation 23/01

    – Melkior-Garré (Cayenne, 973 Guyane) annulation des épreuves

    – Lycée Français (Haïti) : annulation 22/01

  • E3C : un désastre annoncé

    Aujourd’hui, les équipes pédagogiques et avec elles les élèves, leurs familles ainsi que les équipes de direction se trouvent plongés dans une spirale infernale…
     
    Les E3C ne font que cristalliser tous les dysfonctionnements accumulés et le manque d’équité qui en découle. Manques de moyens aussi, défaut de matériel, erreurs de sujets, absence de formation…
     

    A lire : quand les proviseurs dénoncent la pression ministérielle qui les oblige à « mentir à tous »

     

    Vous êtes les 0,1% !

     

    Le SNCL reste opposé à la tenue des E3C dans de telles conditions et a demandé au ministère de revenir à la raison en annulant la première session, lors d’un courrier intersyndical au début de ce mois. Pour des raisons d’affichage purement politique, le ministère sacrifie sans scrupule l’intérêt des élèves et la sérénité de ses établissements scolaires. Le déni atteint un niveau rare au sommet de l’Etat. Nous exigeons une remise à plat de la réforme du bac et le retour à une forme plus claire, plus simple et plus juste qui garantirait l’égalité de tous les élèves devant l’examen. Le SNCL soutient toutes les initiatives conduites jusqu’à ce jour par les collègues, engagés dans la défense des intérêts de leurs élèves et qui le font en pleine conscience des risques encourus.

     

    A lire : vous êtes les 0,1%, liste des lycées touchés par la contestation

     

    Comment résister

     

    Nous savons bien qu’en cas de refus de corriger les E3C, nous serons considérés comme grévistes, la hiérarchie pouvant désormais invoquer le non-respect des nouveaux statuts enseignants de 2014. Mais nous pouvons nous montrer tout aussi inflexibles et exiger le respect scrupuleux de la règlementation en vigueur, en demandant par exemple un ordre de mission écrit avant toute surveillance et/ou correction de copies et qui puisse donner lieu à indemnisation via l’interface IMAG’IN. Il revient également au proviseur de présenter un emploi du temps modifié écrit à l’ensemble de l’équipe éducative pour toute la période d’examen, comme le précise le guide juridique du chef d’établissement, sans quoi la responsabilité des enseignants surveillants se trouverait engagée en cas d’incident élève ou à l’encontre de leur propre personne. Nous demandons en outre l’application du taux 5 pour la correction des copies d’E3C, comme pour toute copie de bac, tel que prévu par l’arrêté du 13 avril 2012, et ne saurions nous satisfaire de l’aumône ministérielle.
     

     

    A lire aussi : Comment l’Education nationale a recruté un collègue retraité de 83 ans pour surveiller les E3C… qui a été blessé pendant la session d’examen.

     

    Appel à l’action vendredi 24 et samedi 25 janvier

     

    Le SNCL est solidaire des actions de blocages organisées par d’autres organisations syndicales, enseignantes ou non, et invite toutes celles et tous ceux qui résistent à le faire collectivement en informant et en associant autant que possible à leurs actions les autres corps de métiers, mais aussi les familles des élèves qui ont le droit de comprendre les enjeux de cette lutte pour l’avenir de leurs enfants. Notre syndicat appelle à la grève ce vendredi et à l’action le samedi 25 janvier.
  • Justice et santé pour l’école d’après

    DES COUPES BIEN SOMBRES…

     

    Faute de courage politique pour assumer la maitrise budgétaire, la réduction du budget de l’Education nationale sest opérée de façon sournoise au fil des ans, les différents ministres rivalisant d’imagination pour tenir leurs comptes malgré la progression démographique continue. C’est ce manque dhonnêteté (négliger l’enseignement n’étant pas médiatiquement vendeur) qui est à l’origine d’un mouvement d’ensemble de désorganisation de l’école : contractualisation des enseignants, augmentation des obligations de service, réduction des volumes horaires d’enseignement, augmentation du nombre d’élèves par classe, mutualisation des administrations, regroupements et fusions d’établissements, etc. A chaque fois, des coupes sombres qui ne disent pas leur nom où l’on prétend faire mieux avec autant, quand en vérité on n’arrive plus à faire aussi bien, surtout avec beaucoup moins.

     

    Avec ce recul, on peut alors expliquer le sentiment général dinjustice qui a émergé et sest renforcé dans la classe enseignante depuis 2010 et le gel du point d’indice. Certes, il ne faut pas négliger le poids premier de l’injustice salariale : toutes les études comparatives le montrent, et le ministre actuel lui-même a dû le reconnaitre, les agents de l’Education nationale en France sont en dessous de la moyenne salariale constatée dans l’OCDE.

     

    Mais à ce sentiment de fond s’ajoute désormais celui de « se faire avoir » en permanence par des réformes et des modifications fonctionnelles hypocrites et inutilement complexes, dont notre ministère et ses rectorats sont devenus les spécialistes.

     

    En dix ans, les irrégularités administratives de traitement se sont multipliées : apparition de plateformes en ligne complexes pour dissuader les collègues d’obtenir l’indemnisation de leurs frais de déplacement ou la prise en charge de leur repas, « erreurs » et « oublis » dans le traitement des indemnités des titulaires remplaçants ou des contractuels, retards de paiement dans les salaires, retards de plus en plus grands dans le paiement des heures supplémentaires, travail non rémunéré ou sans contrat pour les AESH, modification profonde des règles d’avancement suite à la mise en place du PPCR (délibérément complexe afin de masquer la perte densemble du pouvoir dachat engendrée par le dispositif), arnaque à la classe exceptionnelle où le jeu des viviers permet chaque année à l’administration d’économiser sur le nombre des promouvables, etc.

     

    À toutes ces filouteries s’ajoute depuis cette année lopacité autour des actes de gestion de carrière tels que les mutations et les promotions, désormais privées de commissions paritaires préalables, laissant ainsi aux rectorats le loisir de bricoler ce qu’ils veulent sur le dos du barème et de l’équité de traitement des candidatures.

    Toutes ces injustices mises bout à bout peuvent expliquer en grande partie le malaise enseignant et la défiance solidement ancrée maintenant parmi nos professions face à notre employeur devenu voyou. En 2019, la création d’un « CDD du pauvre » exclusivement réservé à la fonction publique et niant tout acquis social, ou encore la fraude et les mensonges d’Etat autour de la session du BAC trafiquée à seule fin de satisfaire l’opinion publique dans le cadre de la réforme du lycée, ont fini de nous ôter nos dernières illusions sur la moralité ministérielle… 

     

    La tentative descroquerie nationale menée ensuite par le gouvernement avec le projet de réforme des retraites (dont les enseignants étaient d’ailleurs encore une fois les grands perdants, comme le Président lui-même a dû l’admettre) n’a bien sûr rien arrangé.

    Ainsi, lorsque la crise du COVID-19 frappe de plein fouet l’Education nationale en mars dernier, elle arrive sur un terrain déjà particulièrement miné.

     

    MARS-JUILLET 2020 : CE QUE LA CRISE A RÉVÉLÉ  

     

    Mais ce que l’épisode COVID nous a également appris va au-delà : en même temps que cette désorganisation de notre institution, s’est amorcée une autre évolution quon pourrait qualifier dautonomisation structurelle.

    La décentralisation, le renforcement des prérogatives des recteurs, le renforcement du pouvoir des chefs d’établissement, les réformes expérimentales permettant l’individualisation des rémunérations (grâce aux fameuses IMP par exemple), la nouvelle logique des rendez-vous de carrière témoignent tous ensemble d’une nouvelle vision de l’école, du collège ou du lycée, désormais perçus comme de petites entreprises autonomes et concurrentes entre elles. Un processus beaucoup plus avancé qu’on ne le pensait, sans doute, si l’on en juge à l’incapacité d’agir qui a frappé toute l’Education nationale lors du confinement de mars et du déconfinement de mai 2020. La cacophonie ministérielle qui s’est immédiatement défaussée sur l’échelon local a montré à quel point justement, les structures et leurs directions étaient désormais hors de contrôle, pataugeant dans le pire chaos et sans ressource pour faire face à une crise d’ampleur nationale, perdus comme des poulets sans tête.

     

    Ce fut le grand nimporte quoi, et l’occasion d’un nouveau sentiment dinjustice pour les enseignants, se voyant imposer des protocoles intenables et des consignes différentes d’un établissement à l’autre, rarement soutenus, souvent livrés à eux-mêmes, et même parfois harcelés ou menacés.

    Et le ministère d’en rajouter une couche ensuite en jouant le chaud et le froid, promettant aux uns des badges virtuels de mérite, et aux autres des poursuites disciplinaires pour désertion…

     

    COMMENT BÂTIR L’ÉCOLE DAPRÈ? 

     

    Il parait alors évident quaucune réforme dampleur ne pourra plus être envisagée pour lEducation nationale avant que la sérénité et la confiance aient été rétablies entre les fonctionnaires et leur administration.

    Et la concorde ne saura être retrouvée sans une nécessaire et juste revalorisation salariale. Cette revalorisation devra en outre se faire unilatéralement et sans contrepartie, au risque d’apparaitre comme une nouvelle escroquerie.

    La revalorisation de l’ISO (telle que son doublement) est une option équitable que le SNCL défend et qui aura le double mérite de bénéficier surtout au pouvoir d’achat des jeunes collègues entrant dans la carrière, tout en participant à la revalorisation de la retraite de tous (même en cas de système par points réenvisagé).

    Mais cette mesure de justice ne pourra à elle seule réparer les dommages causés. Elle devra faire partie dun plan densemble de reconnaissance et de réhabilitation de la fonction publique, au même titre que ce qui est souhaitable pour la fonction hospitalière ou territoriale. Elle devra aussi passer par des mesures symboliques fortes capables de ramener la paix, comme l’abandon des poursuites disciplinaires contre les collègues s’étant opposés à la falsification des résultats du BAC par exemple, ou l’abandon des sanctions prononcées contre des agents pendant la période télétravaillée.

     

    Il faudra aussi rétablir ce qui a été perdu, comme les heures d’enseignement au lycée ou le paritarisme syndical, sans lequel la loi de transformation de la fonction publique actuelle nous ramène près de 40 ans en arrière, avant 1983.

     

    L’ÉCOLE DAPRÈS SERA AUSSI L’ÉCOLE DE LA SANTÉ 

     

    C’est une autre leçon que nous devons impérativement tirer de la crise sanitaire que nous traversons, pour l’avenir. Il ne peut y avoir dinstruction publique déconnectée de la santé publique. Il appartient à l’école d’être un modèle et une ressource pour les citoyens en matière de respect du corps, de l’hygiène et de la santé au travail.

     

    La sensibilisation des enfants, qui doit être renforcée, restera vaine sans une mise à niveau conséquente des infrastructures sanitaires sur l’ensemble du territoire. Trop d’économies ont été faites durant des années à ce niveau, il est grand temps de combler le retard pris. Une école doit pouvoir faire face à une crise épidémique sans se retrouver bloquée faute de savon ou de lavabos suffisants.

     

    Les personnels quant à eux, doivent être préventivement formés et protégés eux-mêmes grâce à une médecine du travail suffisante et présente. Travailler dans de bonnes conditions et bien accompagné, cela signifie aussi pouvoir disposer d’aménagements de fins de carrière et d’une reconnaissance des facteurs de risques spécifiques à la profession. L’Etat doit s’imposer, pour le bien de ses fonctionnaires, des règles au moins égales à celles qui sappliquent dans le secteur privé : les visites médicales, l’aménagement des espaces de travail (du point de vue des dimensions, du bruit, de la qualité de l’air et de la luminosité par exemple) doivent être des priorités.

     

    Enfin, d’autres sujets plus tabous doivent aussi être traités : les risques psycho-sociaux, les addictions médicamenteuses ou alcooliques et le danger du suicide sont de tristes réalités de notre métier qu’on ne peut plus laisser sans réponse. 

     

    On le voit, penser l’école d’après n’est finalement pas si éloigné des problématiques qui concernent notre société en général, poussée à bout de souffle par les logiques de profit et doptimisation infinies, dans un contexte environnemental très sombre pour les années à venir.

     

    Mieux enseigner, demain, ce sera peut-être aussi apprendre à le faire plus lentement, plus posément, avec davantage de recul et de souci des individus, dans une logique décroissante salutaire pour le bien-être des enseignants comme des élèves.

  • Rentrée 2020 en bref…

    Décret n°2020-1098 du 29 août 2020, personnes à risque : le ministère a tranché…

    Après des mois d’hésitation et de flou, c’est finalement le 29 août dernier que le ministère du travail a fait connaitre les conditions de reprise pour les salariés vulnérables ou partageant leur domicile avec une personne vulnérable dans le contexte COVID 19. On peut dire que le résultat est pour le moins sordide. Retrouvez l’ensemble des nouvelles dispositions ici.
     

     

     

     

     

    Le SNCL demande justice et santé pour l’école d’après

    L’épisode COVID n’a pas seulement mis en lumière des difficultés immédiates dans nos collèges et nos lycées, il a soulevé des problèmes de fond restés sans solution trop longtemps Depuis des années, la réduction du budget de l’éducation s’est opérée de façon sournoise en France, nourrissant un sentiment d’injustice parmi les personnels et exposant dangereusement leur santé, faute de considération et de prise en charge réelle des besoins en la matière. À cela s’ajoute une autre injustice de taille, salariale celle-ci, alors que les enseignants sous-payés subissent chaque année davantage le déclassement social de leur profession. Retrouvez notre dossier de rentrée complet en ligne sur le sujet.

    Un syndicat avec vous dans la rentrée : pourquoi se syndiquer

    Se syndiquer au SNCL c’est mettre en commun tous nos efforts pour se donner les moyens de l’action collective. C’est exprimer concrètement sa solidarité entre tous les personnels exerçant le même métier. C’est travailler à l’émergence d’une école plus juste, plus protectrice, plus libre et républicaine. Vous pouvez adhérer directement en ligne sur notre site internet ici.

    Stagiaire ? TZR ? Contractuel(le) ? Nous avons un dossier pour vous.

    Chaque rentrée, le SNCL édite des dossiers d’informations spécialisées à destination de catégories de personnels plus souvent exposées aux fraudes et injustice de l’administration : établissements de rattachement trafiqués, contrats de travail incomplets, frais de déplacement et de repas non remboursés… la liste est longue des occasions pour l’employeur de faire des économies en misant sur une méconnaissance de nos droits. Ne restez pas dans l’ignorance : ces documents sont téléchargeables gratuitement directement sur notre site internet !

    – Retrouvez le spécial TZR ici !
    – Retrouvez le spécial STAGIAIRES ici !
    – Retrouvez le spécial CONTRACTUELS ici !

  • Décret 2020-1098 : (plus) personne à risque, tous au front !

    Le décret n° 2020-1098 du 29 août 2020 (pris pour l’application de l’article 20 de la loi n° 2020-473 du 25 avril 2020 de finances rectificative pour 2020) vient d’apporter enfin la précision de date de fin d’application que les salariés attendaient depuis plus de quatre mois. Elle a été fixée à deux jours plus tard, soit le 31 août. Comme lors de la publication au mois d’avril, il est inévitable qu’un texte similaire sera décliné dans les jours qui viennent pour la fonction publique. 

     

    QU’EST-CE QUI CHANGE ?

     

    À partir du 1er septembre :

    – les parents d’un enfant de moins de seize ans ou d’une personne en situation de handicap faisant l’objet d’une mesure d’isolement, d’éviction ou de maintien à domicile ne peuvent plus prétendre à aucune activité partielle d’aucune sorte sur ces motifs.

    – les personnes vulnérables présentant un risque de développer une forme grave d’infection au virus SARS-CoV-2 ne seront reconnues comme telles que sur l’un des motifs médicaux suivants :

     

    • Être atteint de cancer évolutif sous traitement (hors hormonothérapie) ;
    • Être atteint d’une immunodépression congénitale ou acquise (médicamenteuse : chimiothérapie anticancéreuse, traitement immunosuppresseur, biothérapie et/ou corticothérapie à dose immunosuppressive ; infection à VIH non contrôlée ou avec des CD4 < 200/mm3 ; consécutive à une greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques ; liée à une hémopathie maligne en cours de traitement)
    • Etre âgé de 65 ans ou plus et avoir un diabète associé à une obésité ou des complications micro ou macrovasculaires ;
    • Être dialysé ou présenter une insuffisance rénale chronique sévère.

    – Les personnes partageant le même domicile qu’une personne vulnérable ne pourront prétendre à l’activité partielle que si cette personne elle aussi répond à un des critères de la liste ci-dessus.

     

    UNE DEROGATION POUR MAYOTTE ET LA GUYANE

    Au vu de la situation sanitaire sur place, les parents d’enfants de moins de seize ans ou de personne en situation de handicap pourront continuer à bénéficer de l’adapation de leur travail jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire sur place dans ces deux académies. 

    De même la restriction des pathologies retenues comme graves ne s’opère pas dans ces territoires avant la fin de l’état d’urgence.

     

    LE POINT DE VUE DU SNCL

    À son impréparation et à ses confusions du printemps, le gouvernement ajoute désormais l’incohérence générale. Du seul point de vue de la forme, la publication de ce décret deux jours avant la rentrée, alors que des dizaines de milliers de personnels de l’Education nationale étaient en attente de réponse quant à la prise en compte de leur état de santé pour la reprise, est à la fois irrespectueuse et irresponsable.

    Maintenant, le texte en lui-même laisse de côté des centaines de situation complexes en jouant l’autorité et en convoquant au travail présentiel des agents dont la situation de santé, bien que grave, ne sera désormais plus couverte par la loi. La situation des parents, aidants, accompagnants de personnes âgées ou en situation de handicap est également niée par un texte lapidaire, dépourvu de finesse et même d’humanité. 

    Le temps venu, le ministère assumera-t-il avec la même froideur sa responsabilité dans la contamination au COVID-19 de milliers de personnes fragiles sur leur lieu de travail ? 

    Ce décret est indigne et en-dessous de tout ce que l’on peut attendre d’une véritable gestion des ressources humaines. Le SNCL le dénonce avec la plus grande fermeté et demande à ce que les contractuels de l’Education nationale bénéficient de mesures dérogatoires immédiates. Quand au versant fonction publique, nous attendons des ministères qu’ils prennent en compte les spécificités des métiers de l’enseignement avant d’aligner unilatéralement les obligations sur le droit privé.