SNCL

Syndicat National des Collèges et des Lycées

  • SYNTHESE retraites : état au 7 janvier 2020

    Pour le SNCL, le projet actuel reste objectivement un mauvais projet de réforme pour les raisons suivantes :
     
    – Un mode de calcul immédiatement défavorable aux enseignants, qui paieront désormais plus de charges sociales sur leurs primes (déjà peu nombreuses) et leurs heures supplémentaires, et ce dès 2022.
    – Une baisse drastique des montants des pensions pour les futurs retraités enseignants, à travail égal, allant de 500 à 1000 euros bruts en moins par mois.
    – Une prise en compte générale de la carrière qui va inévitablement faire baisser le salaire moyen constaté en incluant les années d’accidents de parcours, de chômage, de travail partiel, de temps aménagé.
    – Une absence totale d’information sur le mode de calcul des pensions pour les agents à cheval sur l’ancien et le nouveau système. Ces “précisions” seront fixées dans des décrets après la loi : inacceptable !
    – Une baisse du plafond de cotisation pour les hauts revenus (qui ne cotiseront plus au-delà de 10 000 euros de salaire bruts mensuels) qui va appauvrir le fond universel et rendre le nouveau système d’ores et déjà déficitaire, avant même d’exister !
     
    Le projet contient également d’autres éléments négatifs, malgré les efforts déployés en communication par le gouvernement pour leur donner l’apparence de progrès :
     
    La retraite minimale de 1000 euros promise ne sera versée qu’à ceux ayant réalisé une carrière complète et au SMIC, et non pas à tous comme on le laisse croire. Dans les faits, cette mesure n’avantagera quasiment personne et seulement de quelques euros mensuels. Elle ne résoudra absolument pas le problème de la grande pauvreté des séniors isolés, ou des agriculteurs.
    – La réforme des pensions de reversion, dans sa nouvelle mouture, exclut les veufs et veuves divorcés, qui n’obtiendront plus rien au décès de leur ex-conjoint (là où un prorata était calculé par année jusqu’alors).
    – L’extension du compte pénibilité à la fonction publique ne concernera que les métiers marquant une espérance de vie inférieure à la moyenne nationale, ce qui exclut de fait les agents de l’Education nationale. Les primes de pénibilité se cantonneront aux critères stricts (travail de nuit, grand froid, cadence contrainte…) qui là encore ne répondront pas aux problèmes de pénibilité spécifiques aux agents de l’éducation nationale.
     
    Enfin, parce que le SNCL se doit d’être objectif dans son analyse, nous tenons à souligner les points positifs du projet, aussi peu nombreux soient-ils :
     
    L’indexation des pensions futures sur le salaire moyen prévue par la réforme est un mode de calcul qui, depuis 1996, ce serait toujours révélé plus favorable que le mode de calcul actuel. Le SNCL l’approuve.
    – La participation des hauts revenus à la solidarité nationale avec le maintien d’un taux à 2,81% au-delà du plafond de cotisation est un premier pas encourageant et juste, même si 3 ou 3,5% aurait permis d’assurer davantage de pérennité financière au futur système.
    – La possibilité  nouvelle de surcotiser pour sa propre retraite donnée aux pensionnés qui cumuleront leur pension avec une activité salariée est un bon point. Certes, on peut s’indigner que, dans un pays aussi riche que la France, des retraités soient contraints de travailler pour s’en sortir. Néanmoins, cette mesure va concrètement améliorer les perspectives financières des personnes concernées qui, hélas, si un tel projet de réforme venait à passer, seront de plus en plus nombreuses dans les décennies à venir.
     
    Et qu’en est-il des compensations évoquées par M. Blanquer pour les enseignants ?
     
    A l’heure actuelle, la seule chose qui est certaine, c’est qu’il ne s’agira majoritairement pas de compensations mais plutôt d’activités supplémentaires rémunérées, ce qui est très différent ! L’objectif assumé est de faire travailler plus les enseignants, afin qu’ils gagnent plus, et donc cotisent plus, jusqu’à obtenir une pension équivalente à celle que leur garantissait l’ancien système. Pour nous tous, c’est donc la double peine ! Impossible, dans ce contexte, de signer le moindre chèque en blanc auprès d’un ministre qui en outre n’a aucune parole et n’a pas hésité à trafiquer les résultats du baccalauréat l’été dernier pour enjoliver sa communication ministérielle. 
  • Reconnaissance du métier de direction d’école : en progrès

    Le rapport du Sénat rendu ce 3 juin 2020 met en avant les difficultés rencontrées depuis des années par les directeurs d’école : c’est un rapport qui a le mérite d’écrire noir sur blanc la détresse de nombre de directeurs et directrices. Il souligne la multiplication des tâches confiées, le manque de temps pour les réaliser et la surcharge de travail quotidienne. 60% des directeurs d’école sont en burn-out. Près de 27000 directeurs sont en détresse au quotidien et 9000 d’entre eux relèvent du burn-out clinique : résultat d’un manque de reconnaissance de leur travail et d’un accroissement des tâches qui leur sont confiées….Toujours plus de responsabilités mais aucune aide pour les assumer. Les directeurs souffrent et désormais ils le disent !

    Le rapport de Sénat vise à prendre en compte enfin la spécificité du métier L’agent assume en même temps le travail de direction et, pour le plus grand nombre, celui de professeur des écoles. Cette reconnaissance du double métier qui lui incombe est aujourd’hui indispensable.

    Pour le SNCL, plusieurs propositions vont ici dans le bon sens : l’augmentation du temps de décharge qui est absolument nécessaire puisque tous les directeurs sont mobilisés à 100% et consacrent en moyenne 21h par semaine aux tâches de direction, la création d’un référent « direction d’école » à la DSDEN qui montre une véritable prise en compte de la fonction, la formation spécifique et continue des directeurs, la suppression des heures d’APC pour tous les directeurs et la reconnaissance du métier en matière d’avancement de carrière et de rémunération.

     

    Qu’est-ce qu’un emploi fonctionnel ? 

     

    Dans ce rapport, il est préconisé la création d’un emploi fonctionnel. Ceci implique un co-pilotage et une co-responsabilité avec les IEN. Actuellement, les directeurs doivent assumer beaucoup de responsabilités mais sans avoir bien souvent leur mot à dire sur la mise en œuvre. Pendant la crise du COVID 19, les directeurs ont été en première ligne pour gérer le retour à l’école. Ils ont tout organisé mais sans rien pouvoir décider seuls. Pourtant ils ont prouvé qu’ils étaient capables de gérer la mise en œuvre du protocole sanitaire et d’assurer le retour des élèves en toute sécurité tout en assurant la classe et le distanciel. Le rapport du Sénat le dit : « la crise sanitaire de Covid-19 a démontré le rôle essentiel joué par les directeurs (…). Ils ont été amenés (…) à agir comme de véritables chefs d’établissements ». Il faut donc définir précisément les missions des directeurs et le pouvoir décisionnel qui doit leur être reconnu et donné. On ne peut pas continuellement rajouter des responsabilités aux directeurs sans leur donner les moyens juridiques, administratifs et horaires de pouvoir les mettre en œuvre au quotidien dans leurs écoles. L’emploi fonctionnel apparait alors comme un compromis, une amorce de prise de conscience… Mais suffira-t-il à asseoir l’autorité du directeur d’école et à lui donner l’autonomie nécessaire pour mener à bien ses missions ? Le directeur pourra-t-il enfin être décisionnaire dans les domaines qui impliquent sa responsabilité ? Pour le SNCL, certaines choses restent à conforter : ainsi l’obligation de mobilité de l’emploi fonctionnel n’est pas souhaitable pour un poste qui demande justement une bonne connaissance du terrain et une stabilité pour l’équipe en place dans l’école. L’emploi fonctionnel peut permettre la mise en place de tout cela, sans transformer le directeur d’école en supérieur hiérarchique. L’esprit collégial qui caractérise le travail des équipes pédagogiques dans les écoles est ainsi préservé. 

     

    Plus de temps de décharge pour tous

     

    Le rapport du Sénat préconise aussi d’augmenter la décharge des écoles de 4 à 7 classes (passant d’1/4 à 1/3 de décharge), celles de 8 à 12 classes (passant de 1/3 à ½ décharge). Cette proposition est une façon de reconnaître que les directeurs manquent cruellement de temps pour faire leur travail. Pour le SNCL, même si ceci sera un mieux, il est essentiel d’aller encore plus loin et de demander une reconnaissance du travail des directeurs quelle que soit la taille de l’école. Certaines tâches sont les mêmes dans une école de 2 classes et dans une école de 15 classes. Les directeurs d’école de 1 classe bénéficient de 4 jours fractionnables de décharge dans l’année, ceux de 2 et 3 classes de 10 jours fractionnables. Ce n’est pas suffisant et ne permet pas toujours la réactivité nécessaire. Ces directeurs doivent pouvoir bénéficier d’un jour de décharge par semaine pour voir leur travail reconnu et avoir enfin du temps pour accomplir la part administrative de leur métier.

    Tout le monde s’accorde à dire que ce statu quo sur la direction d’école n’est plus possible. Le rôle essentiel des directeurs a été démontré de nombreuses fois ces dernières années et tout particulièrement ces dernières semaines avec la gestion du confinement puis de la réouverture des établissements. Les directeurs demandent une reconnaissance de leur travail, une définition claire de leurs missions, du temps de décharge suffisant pour assurer à la fois leur rôle d’enseignant et leurs tâches de direction, une bonification indiciaire (et pas une aumône) quelle que soit la taille de leur école et surtout des moyens juridiques leur permettant d’être décisionnaires dans les actions qui engagent leurs responsabilités.

     

    ALLER PLUS LOIN : le SNCL demande la création des CCP direction d’école

     

    La gestion des personnels de chaque corps de fonctionnaire (ayant un statut) est contrôlée dans des CAP (commissions paritaires nationales et/ou académiques ou départementales). Pour les emplois fonctionnels, les choses sont un peu différentes. Pour les plus importants, les plus denses (directeurs d’EREA par exemple), il existe des CCP (ou Commissions Consultatives Paritaires) équivalent des CAP pour les emplois fonctionnels qui ne disposent pas de statut propre. 

    À ce titre, la création d’une CCP propre aux directeurs et directrices d’école apparait comme indispensable. En plus des mutations des collègues, cette commission pourrait être saisie des listes d’aptitude, des congés formation et des avancements de carrière. 

    Ce seraient alors des directeurs seuls et élus par leurs pairs qui donneraient un avis sur la carrière des directeurs. 

     

     

    LOI 2951 : et maintenant ?

     

    Après avoir reçu 149 propositions d’amendements, le texte est aujourd’hui 17 juin en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Les compte-rendus d’examen devraient être disponibles dans les prochaines heures ou prochains jours. Abonnez-vous à nos réseaux sociaux pour rester informés : 

     

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  • Loi créant la fonction de directeur d’école : un pas décisif vers le statut

    Il s’agit de la proposition de loi 2951. Elle semble modeste d’apparence avec seulement 5 pages pour 7 articles, et pourtant elle pourrait apporter un progrès sans précédent dans la reconnaissance des missions des directeurs et directrices d’école. Le SNCL fait pour vous ici l’analyse complète de la proposition qu’il plebiscite, celle-ci répondant partiellement à ses revendications en matière de reconnaissance des directeurs d’école (jusqu’à la création du statut administratif que nous revendiquons), telles que nous les avons réaffirmées dans notre Congrès national en novembre dernier, à Donville-les-Bains. 

     

    L’ESPRIT DE LA PROPOSITION

     

    Celle-ci est claire, il s’agit de répondre au désarroi et à la détresse d’agents écrasés par les obligations et les responsabilités et laissés presque sans aucune reconnaissance par le ministère. On peut légitimement penser que le message édifiant envoyé par Christine Renon à la rentrée dernière n’est pas étranger à certaines formulations de la proposition. Le rôle essentiel joué par les directrices et directeurs aussi face à la crise du covid-19 (voir notre autre article sur le sujet ici) est également un élément déclencheur qui a permis que les pouvoirs publics entendent enfin nos revendications syndicales. Les objectifs sont : 

    – Créer une fonction de directeurs/directrices

    – Donner un cadre juridique afin d’asseoir leur légitimité

    – Leur octroyer davantage de temps pour mener à bien leurs missions

    – Alléger certaines de leurs tâches administratives

    – Leur attribuer une légitime reconnaissance financière

     

    ARTICLE 1 : un agent décisionnaire

    Cet article s’il est adopté permettra au directeur d’école de devenir le réel décisionnaire à tous les niveaux de l’école. Par la rédaction de l’article, il devient aussi officiellement délégataire de l’autorité académique.

     

    ARTICLE 2 : vers la reconnaissance

    Cet article regroupe plusieurs orientations pour la reconnaissance de la mission de direction : 

    – La direction d’école devient un emploi fonctionnel.

    – Les directeurs reçoivent une indemnité de direction spécifique revalorisée (de +150 euros à +300 euros bruts par mois en fonction du nombre de classes dans l’école).

    – Leur progression de carrière (bien qu’elle s’effectue toujours dans leur corps d’origine) est accélérée.

    – Les avancements d’échelon des directeurs seront décidés hors contingent de leur corps d’origine.

    – L’accès à la fonction se fait par liste d’aptitude avec cinq ans d’ancienneté minimum et une formation minimale validée.

    – La décharge de classe devient complète pour les écoles de 8 classes et plus.

    – Le directeur est dispensé des activités pédagogiques complémentaires et devient membre de droit du conseil école-collège

    – Les nouvelles modalités d’évaluation seront fixées par décret.

     

    ARTICLE 3 : aide d’un référent direction d’école

    Il s’agit d’une nouvelle fonction qui apparaitra dans tous les services départementaux. Ce fonctionnaire aura pour tâche unique d’aider les directeurs d’école de son département de référent dans de nombreuses démarches administratives en lien avec les communes et le département.

     

    ARTICLE 4: aide communale 

    Les communes et groupements de commune pourront mettre à disposition du directeur d’école une aide de conciergerie ou une aide administrative.

     

    ARTICLE 5 : simplification des élections des représentants de parents d’élèves

    En cas de liste unique à ces élections, le scrutin ne sera plus organisé mais la liste sera élue automatiquement.

     

    ARTICLE 6 : allègement de responsabilité dans le plan particulier de mise en sécurité

    Ce plan sera désormais (dans sa version générale) du ressort de l’autorité académique et des personnels compétents en matière de sécurité. Le directeur devra le compléter en cas de spécificités propres à son établissement.

     

    ARTICLE 7 : financement

    Le projet est financé par une taxe additionnelle sur les tabacs, alimentant à la fois le paiement de la charge de l’Etat et l’augmentation globale de fonctionnement des collectivités terrioriales.

     

    Notre analyse au SNCL

    Même s’il ne s’agit pas encore d’un réel statut propre, la création de la fonction de direction proposée par ce texte est un pas décisif vers le statut. Elle répond à notre demande de clarification des responsabilités juridiques et administratives. Les articles 1 et 2 ajoutent à cela de nombreux éléments de reconnaissance que nous revendiquons (augmentation des décharges, augmentation de l’indemnité…). Même si l’état intermédiaire de l’emploi fonctionnel n’est pas satisfaisant sur le long terme, il a aussi l’avantage de ses défauts : en maintenant pour le moment les directeurs dans leur corps d’origine, il rend encore possible la marche arrière d’un agent qui, une fois directeur, souhaiterait finalement renoncer à cette fonction. Un statut indépendant n’aurait pas eu cette facilité ; à court terme, ce dispositif va donc permettre à de nombreux agents de s’essayer à cette difficile mission sans leur ôter toute possibilité de retour.

    Les allègements de tâches et les aides administratives apportées aux différents niveaux (départementaux, communaux) vont dans le bon sens et auront un effet bénéfique et concret sur le sentiment de bien-être au travail des agents dès la rentrée prochaine.

    Il nous appartient aussi de veiller à ce que ces évolutions ne se trasnforment pas en cheval de Troie, en piégeant les directeurs et directrices de demain dans un rôle de subordonnant qui n’est pas le leur et qui n’a jamais été la philosophie des équipes éducatives en place dans nos écoles. Pour l’heure, la rédaction de la proposition est encourageante puisqu’elle rappelle qu’un directeur ne saurait  » être le responsable hiérarchique, qui demeure l’inspecteur de l’éducation nationale (IEN) pour les enseignants et la commune pour les personnels municipaux ». Il faudra s’assurer que cette déclaration ne soit pas pervertie lors des différents ajustements que la proposition subira inévitablement durant les examens parlementaires. 

    Enfin, d’autres éléments de la proposition ne peuvent pas encore être pleinement évalués car ils dépendront essentiellement des décrets et autres textes d’application à venir après la loi. Coment se traduira par exemple l’accélération de carrière promise ? Quelle sera la hauteur des contingents de promotion ? C’est ici que le SNCL se montrera encore très vigilant car le diable peut souvent se cacher dans les détails et un simple décret peut  fortement orienter la lecture de la loi et son application sur le terrain…

    En conclusion, le SNCL approuve cette proposition de loi et pèsera de tout son poids pour sa concrétisation la plus rapide possible. 

    Si vous souhaitez suivre notre engagement et nous soutenir dans cette action de promotion de la fonction de directeur/directrice d’école, jusqu’à l’obtention et la consolidation d’un statut véritable pour tous, rejoignez-nous dès à présent. Adhérez au SNCL !   

  • REPRISE DU 11 MAI : LES DIRECTEURS ET DIRECTRICES EN première LIGNE

    La reprise de l’école du 11 mai a mis en évidence le rôle essentiel des directeurs et directrices d’école du premier degré. Sans eux, pas d’ouverture et M. Blanquer courrait encore après ses jolies statistiques d’accueil qu’il médiatise tant !  

    Face à ce défi, les directeurs et directrices ont assuré le lien entre les IEN, les mairies, les collègues et les familles. À leur casquette déjà multifonctions, ils ont ajouté les missions d’« inspecteur de l’hygiène » et de « formateur en gestes barrières ». Au centre de l’échiquier, ils ont été sollicités sans discontinuer, soirs, week-end et jours fériés. Des heures à n’en plus finir, des vies de famille chamboulées, un protocole sanitaire de cinquante-quatre pages à décrypter sans formation en matière d’hygiène sanitaire ou de produits ménagers, des nouvelles normes à appliquer et à communiquer au personnel travaillant dans les écoles… Les directeurs ont été malmenés par leur hiérarchie qui les a laissés bien souvent seuls pour tout affronter, ou leur a donné des ordres suivis aussitôt de contre-ordres balayant d’un revers de main un lourd travail déjà effectué. Certains Inspecteurs n’ont pas hésité à recourir à l’intimidation ou au chantage, intimant les directeurs de mentir aux familles et de les pousser à ramener leurs enfants à l’école.

    La seule ligne directrice ministérielle a été cette ouverture à tout prix le 11. Pour le reste, flou absolu… Les directeurs et directrices ont espéré un résumé du protocole, un document national présentant les nouveaux gestes professionnels que les enseignants devaient acquérir, des réponses aux nombreuses questions soulevées par cette reprise… mais rien.

    Encore une fois, seuls pour tout gérer et pour tout mettre en place dans les écoles, les directeurs ont pourtant réussi ! Démontrant une fois encore que même seuls sous le poids des injonctions ils tiennent bon et réussissent à tout mettre en œuvre. Preuve s’il en fallait une que les directeurs et directrices d’école connaissent leur métier et sont dignes de confiance pour assurer la gestion administrative et pédagogique des écoles.

    Les directeurs sont également des professeurs des écoles. Ils ont en charge des élèves et leur conscience professionnelle n’est plus à démontrer. Lors de cette reprise, ils ont dû à la fois gérer la lourdeur de cette préparation administrative tout en continuant d’assurer la continuité pédagogique pour leurs élèves. Tout ce temps de préparation n’existe pas aux yeux de la hiérarchie et semble normal et dû. Les directeurs semblent corvéables à merci et il est temps de dire stop.

    Aussi incroyable que cela puisse paraitre, la souplesse locale annoncée par le Ministre s’est retournée contre les directeurs et leurs adjoints. Chaque circonscription a agi selon les directives de son Inspecteur, le plus souvent sans s’appuyer sur des textes officiels. Les directeurs ont été l’objet de pressions pour accueillir à temps plein les enfants d’enseignants (afin que ces derniers rejoignent au plus vite le chemin des classes), niant ainsi le droit de chaque enseignant-parent à décider de remettre ou non ses enfants à l’école.

    L’école, telle que le protocole sanitaire l’a transformée, est une école dans laquelle les enseignants ne se sentent plus eux-mêmes. Les directeurs souffrent, les enseignants souffrent et donc l’Ecole souffre.

    Les directeurs sont en première ligne pour communiquer avec les familles. Pressés par leur hiérarchie de leur « vendre du rêve », ils n’en peuvent plus. Épuisés, fatigués des ordres, des contre-ordres et des sur-ordres. La détresse de Christine Renon, directrice à Pantin, et le cri d’alarme lancé à travers son geste fatal n’a pas résonné longtemps. Tous les directeurs se sont reconnus dans sa lettre parce que ce qu’elle a écrit, telle est bien la vie ordinaire d’un directeur d’école. Leur travail est reconnu pour partie par leurs collègues mais très peu par leur hiérarchie. Peu de temps de décharge et une prime de 200 à 400 euros par mois selon la taille de l’école qui ne correspond en rien aux nombreuses heures passées à gérer la direction au quotidien… Les directeurs sont secrétaires, intendants, concierges, comptables, professionnels de la sécurité, gestionnaires de travaux, réparateurs, psychologues, assistants sociaux, médecins scolaires, enquêteurs, animateurs de fêtes d’école…… Tout le monde s’appuie sur eux, IEN, collègues, mairie, parents….mais qui réalise vraiment la surcharge de travail qui en découle ?

    A l’heure de l’école dite de la confiance, quand le Ministre fera-t-il confiance aux directeurs et directrices en leur donnant un pouvoir décisionnel dans leur école ? Quand leur surcharge horaire de travail sera-t-elle récompensée par un salaire correspondant au travail fourni ? Quand les directeurs auront-ils enfin du temps officiel dédié à leurs tâches administratives ? Les directeurs œuvrent pour le bien de leurs élèves et de leurs collègues et ils méritent une reconnaissance à la fois salariale et horaire. Désormais, le temps est venu pour que les responsabilités qui se sont surajoutées l’air de rien sur le dos des directeurs au fil des années soient reconnues à leur juste valeur.

     

    A lire aussi : le détail du projet de loi visant la création d’une fonction de direction d’école.

  • Reprise des cours : quels risques juridiques encourus ?

    De quels risques parle-t-on ? 

     

    On pourrait résumer la situation ainsi : à situation inédite, risques inédits. La plupart des agents de la fonction publique vont se retrouver, dans les jours qui viennent, à devoir prendre des décisions qui vont engager leur responsabilité. Ces décisions seront inévitablement criticables et attaquables, par les usagers du service public comme par d’autres agents. Elles se traduiront en justice par des plaintes d’ordre civil, et d’autres d’ordre pénal. Les enseignants ne seront pas épargnés, principalement par des attaques de parents (sur le plan pénal) ou de leur propre hiérarchie.  

     

    Que cherchera-t-on à reprocher à un enseignant ?

     

    Pour les parents dont un enfant scolarisé sera contaminé par le covid-19 durant les semaines qui viennent, la tentation sera grande de chercher une indemnisation par voie judiciaire. Dans le contexte actuel, la voie civile sera probablement sans issue de par la loi d’urgence qui semble prête à couvrir la plupart des décideurs. A moins d’attaquer l’Etat ou le gouvernement lui-même, c’est donc plutôt le scénario d’une responsabilité pénale qui attirera les parents (s’ils sont bien conseillés par un avocat). Dans ce contexte, ils chercheront à démontrer la responsabilité personnelle de l’enseignant (en tant que personne et non en tant que fonctionnaire exécutant) dans la contamination de leur enfant. 

    Pour la hiérarchie, il est probable que la plupart des dossiers concerneront des collègues qui auront refusé d’appliquer les consignes ou d’assurer des missions. 

    Enfin, d’autres procédures concerneront aussi les collègues qui auront usé de leur droit de retrait. Pour eux, la justice devra déterminer si cet usage était justifié ou non.

     

    Comment limiter les risques de poursuite à notre encontre ? 

     

    La première chose à savoir est qu’un agent, fonctionnaire ou contractuel, au service de l’Etat a une obligation de moyen, et non de résultats. Pour un enseignant, celui-ci est tenu d’appliquer le protocole sanitaire qu’on lui a confié. Il n’est pas de sa responsabilité que ce plan soit utile ou intelligent. La meilleure façon de se protéger de l’essentiel des poursuites possibles consiste donc pour lui à appliquer les consignes reçues, et à conserver des preuves de cette application. Conservez des copies des plans d’hygiène, protocoles et autres mails de directives reçus. Prenez des photos des classes dans lesquels vous intervenez, des photos de vous équipé.e et protégé.e, etc. 

     

    Puis-je faire valoir mon droit de retrait et comment ?

     

    Que vous soyez titulaire ou non, personne ne peut vous ôter votre droit de retrait. Vous êtes toujours en mesure de l’invoquer, sans vous en justifier. Les documents administratifs que vous avez peut-être reçus et qui semblent dire le contraire présentent seulement un point de vue, une interprétation mais il ne revient pas à l’administration de dire si votre droit de retrait est justifié ou non  ; cela revient à la justice.

     

    En revanche, si vous décidez de l’invoquer, il devra toujours être établi par la justice a posteriori s’il était justifié ou non, et c’est là que vous devrez défendre votre position (et votre employeur ou votre hiérarchie la sienne).

     

    Si votre droit de retrait est établi comme justifié, vous n’aurez pas de problème. S’il est établi qu’il était injustifié, vous encourez une retenue sur salaire et une sanction disciplinaire, mais ceci n’est pas le plus à craindre. Le plus dangereux est que vous serez alors considéré comme coupable d’abandon de poste ayant potentiellement mis en danger la vie d’autrui (pour un enseignant par exemple, celle des élèves dont vous auriez dû avoir la charge lorsque vous avez invoqué votre droit de retrait).

     

     C’est pourquoi nous vous encourageons à plusieurs précautions dans le cas où vous voudriez tout de même invoquer votre droit de retrait :

     

     D’abord, ne le faites qu’après vous être rendu au moins une fois sur les lieux de votre travail. En effet, si vous l’invoquiez dès à présent avant le 11 ou le 18 mai, sans même vous rendre à votre poste, la justice considérera quasi automatiquement que vous avez fait un procès d’intention à votre employeur et jugé a priori que les conditions de sécurité ne seraient pas réunies, sans même vous donner la peine d’aller le constater par vous-même. Ces éléments suffiront à presque tous les juges pour clore aussitôt le dossier défavorablement et considérer votre droit de retrait injustifié.

     

    Rendez-vous donc sur place et au contraire profitez-en pour accumuler un maximum de preuves et de pièces qui vous serviront pour vous défendre et justifier votre droit de retrait : récupération des protocoles écrits, photos des sanitaires, de la classe, des comportements à risques, des manquements à l’hygiène etc.

     

    Ne restez pas isolé mais appuyez-vous sur d’autres collègues qui comme vous accumuleront des preuves de ces problèmes et pourront ainsi enclencher une action collective de retrait.

     

    – Enfin, n’usez si possible de votre droit de retrait qu’une fois la première journée de travail terminée ou une fois que vous n’avez plus aucune charge à votre emploi du temps. Ainsi, même si votre cas apparait injustifié à la justice ultérieurement, votre abandon de poste n’aura engagé que vous-même et n’aura mis en danger aucun élève. On ne pourra pas vous poursuivre pour abandon de poste et les parents ne pourront pas se retourner contre vous pénalement sur ce motif.

     

    – Lorsque vous contactez votre chef d’établissement et signifiez votre droit de retrait, faites-le si possible toujours en présence d’un tiers témoin. Notez la date et l’heure exacte.

     

     

    Pourquoi certains disent que le covid-19 ne justifie pas un droit de retrait ?

     

      

    La bataille juridique ne fait que commencer et son issue dépendra probablement de l’ampleur du phénomène et du nombre de cas concernés ; à l’heure actuelle le doute persiste à cause de la formulation du Code du travail qui considère un droit de retrait légitime face à un danger « grave et imminent ». Si personne ne remet en cause le fait que le covid-19 soit grave, certaines lectures juridiques ne le considèrent pas comme « imminent », puisque c’est une maladie dont le processus de contamination est mal connu, qui n’est mortelle que dans un faible pourcentage de cas et souvent après de longues semaines d’hospitalisation.
     

    La responsabilité des enseignants peut-elle évoluer sur le plan civil ?

     

    Oui, sur ce domaine rien n’est encore fixé, principalement à cause de la loi d’urgence en cours d’examen entre le Sénat et l’Assemblée nationale. Une bataille politique est actuellement engagée entre le gouvernement et les représentants des assemblées (y compris certains de son propre parti) sur certains amendements qui pourraient tout changer en matière de responsabilité des maires, des employeurs, des préfets et de tous les fonctionnaires, y compris les enseignants. En fonction de la version finale du texte qui sera effectivement voté, la voie de recours civil sera plus ou moins ouverte aux plaignants. Les enseignants, comme tous les agents, seront donc plus ou moins exposés à des poursuites sur ce plan. Le SNCL vous tiendra informé jour par jour sur ce point. Abonnez-vous à nos réseaux sociaux pour ne rien manquer

      

  • Déconfinement : AESH, les oubliés du service !

    Les protocoles sanitaires bien qu’ils soient détaillés et exigeants, ne donnent aucune précision en ce qui concerne les AESH dont les missions habituelles les obligent à avoir une très grande proximité physique avec les élèves…

  • Contractuels administratifs : une fonction méprisée

     Que vous ayez été secrétaire auprès d’un inspecteur de l’inspection académique, préparant ses documents, organisant ses réunions, rédigeant ses conventions, les comptes-rendus de réunions ou secrétaire de direction d’un collège, tout cela depuis sept à huit ans, que vous ayez été auparavant AED ou AESH  pour payer vos études, que vous ayez été secrétaire en première ligne pour continuer à travailler et à accueillir les enfants scolarisés pendant la période de confinement : peu importe ! Votre expérience professionnelle générale, votre expérience professionnelle de poste, votre compétence, votre capacité d’adaptation sera reconnue à l’égal d’un AESH débutant sans expérience, d’un assistant d’éducation de niveau baccalauréat : même indice brut, même SMIC ! C’est ce qui se passe dans les académies quand on est contractuel !

     

    Quand on est contractuel administratif effectuant un remplacement ou exerçant les fonctions suite à une vacance temporaire de poste, on est invité d’abord à signer le contrat et l’on accède à la fiche de poste seulement ensuite mais bien souvent encore on n’a jamais accès à cette fiche de poste, pourtant celle-ci doit être réglementairement adjointe au contrat de travail.

    Qu’il remplace ou occupe des postes de catégorie A ou B, le secrétaire contractuel est recruté en  qualité d’agent contractuel administratif sur un emploi de catégorie C. Voilà la réalité du terrain. Pourtant l’article 20 de la loi 83 – 634 prévoit que « la rémunération des agents contractuels est fixée par l’autorité compétente en tenant compte des fonctions exercées, de la qualification requise pour leur exercice et de l’expérience de ces agents. Elle peut tenir compte de leurs résultats professionnels et des résultats collectifs du service. »


     Quant aux heures supplémentaires effectuées, elles n’offrent droit qu’à une récupération partielle d’heures à l’interne le mois suivant, selon les services, ce qui signifie que si elles sont régulières et supérieures au quota mensuel du service, elles resteront impayées. Il est de plus impossible de les faire valider sur un compte épargne temps qui ne s’adresse qu’aux contractuels employés de manière continue et qui sont en poste depuis au moins un an.

     Enfin toute l’expérience professionnelle acquise par ces agents risque de ne jamais être sécurisée par l’accès au CDI, au cas où l’on échoue au concours, car l’État prend bien soin d’interrompre les contrats sur plus de quatre mois consécutifs afin que les périodes de travail ne puissent être comptabilisées pour l’accès au CDI.

    La loi de transformation de la fonction publique  qui incite au recrutement accru de contractuels permettra, selon ces pratiques de contrat à rémunération minimale, de réaliser des économies iniques au détriment des conditions de travail d’un nombre grandissant d’agents, d’ augmenter leur précarité. Quel futur salarié en position de demandeur d’emploi osera revendiquer la prise en compte de son expérience professionnelle, discuter de sa rémunération ? Ce n’est pas le sens d’un service public de qualité que de compter sur le musellement de ses salariés et de leur imposer l’humiliation de ne jamais voir leur qualité professionnelle reconnue. 

     Le SNCL demande un dialogue social urgent sur la revalorisation salariale des contractuel-les, notamment des secrétaires contractuel-le-s,  un respect spontané et ambitieux de  la prise en compte de la fonction exercée et de l’expérience acquise pour la rémunération. 

     Le SNCL demande que les contractuels qui donnent satisfaction soient systématiquement reconduits dans leur contrat lorsqu’à l’ échéance de celui-ci, le poste qu’ils occupent est toujours vacant.

     Le SNCL demande en outre que soit systématiquement produite la fiche de poste du fonctionnaire à remplacer en amont de la signature de tout contrat, que les heures supplémentaires effectuées soient payées et qu’elles fassent l’objet d’une mention dans le contrat initial. 

     

  • Les conditions de la reprise ne sont pas assurées : communiqué du 24 avril 2020

    Dans un climat déjà très anxiogène, les dernières hypothèses de reprise présentées par JM. Blanquer plongent un peu plus l’ensemble des acteurs de l’Education nationale dans la confusion et l’inquiétude. 

    Alors que l’enjeu primordial devrait être d’estimer comment réduire les risques qui à ce jour empêchent tout scénario de réouverture de nos établissements scolaires, le ministre laisse à penser que les seize jours qui nous séparent encore du 11 mai sont amplement suffisants pour improviser les conditions pratiques d’une rentrée pour tous les enseignants et pour des millions d’élèves, à peine étalée sur deux ou trois semaines. 

    Le SNCL rappelle que tous les avis scientifiques concordent vers une nécessaire prudence en ce qui concerne le déconfinement, de trop nombreuses incertitudes subsistant encore sur les modalités d’évolution de la maladie ainsi que sur le rôle joué par les enfants dans sa propagation. 

    Le SNCL, signataire du communiqué intersyndical du 17 avril, a déjà alerté le ministère sur les décisions absolument nécessaires avant toute réouverture : politique massive de tests, désinfection des écoles fréquentées pendant le confinement, matériel de protection, mise en place de mesures d’éloignement pour les personnels fragilisés, mesures de distanciation physique pour les élèves et les personnels dans tous les espaces fréquentés (et pas seulement les classes)… 

    Le SNCL a également mis en avant l’étude de l’ONS (Observatoire National de la Sécurité et de l’accessibilité des établissements scolaires) réalisée en mars dernier auprès de 8000 établissements, révélant que 22 à 25% de nos écoles, collèges ou lycées ne disposent pas à l’heure actuelle d’assez de points d’eau ou de savon pour assurer le simple respect des gestes barrière

    À ce jour, aucune réponse précise, aucun chiffre, aucune date de livraison n’ont été donnés pour ces attentes cruciales. Le ministère se défausse sur l’échelon local et l’improvisation au cas par cas des directeurs d’école et chefs d’établissement, des maires et préfets qui vont donc devoir porter la responsabilité à sa place. C’est consternant. 

    Le SNCL demande l’établissement d’un protocole national clair et ferme faisant foi pour tous et engageant la responsabilité de l’Etat pour chaque école, chaque collège et chaque lycée envisageant effectivement d’ouvrir à partir du 11 mai. 

    Le SNCL demande l’émission d’une circulaire ministérielle fixant de façon claire les mesures d’éloignement du travail et d’autorisation d’absence pour les agents de l’Education le souhaitant et : 

    – dont l’âge, la santé ou les antécédents de santé font d’eux des publics à risque face au covid-19. 

    – dont les enfants, les proches ou les ascendants qui partagent leur foyer ou dont ils ont la charge présentent eux aussi des facteurs de risque face au covid-19. 

    – dont les enfants ne font pas partie des tranches d’âge qui seront immédiatement accueillies en établissement et qui nécessitent donc la présence d’un de leurs parents à la maison pour être gardés.  

     

    Le SNCL demande en outre un renforcement immédiat des équipes de personnels (agents d’entretien, de surveillance, personnels médicaux)  qui sinon ne pourront faire face aux besoins nouveaux à la reprise. 

     

    Le SNCL demande un plan triennal d’investissement conséquent dans l’équipement et la rénovation des sanitaires scolaires, tout particulièrement pour la multiplication des points d’eau, la modernisation des systèmes de séchage de mains et l’approvisionnement en savon, gel. 

     

    Le SNCL demande à ce que les Comités d’Hygiène et de Sécurité locaux soient mis en position de valider ou non les réouvertures des établissements sur remise d’un rapport complet de la situation, incluant le projet d’adaptation des enseignements retenu par l’équipe éducative.  

     

    Le SNCL demande aussi au ministère d’annuler la suppression des 440 postes prévue en septembre prochain dans les collèges et les lycées. Ces établissements qui recevront entre 22 500 et 28 000 élèves de plus à la rentrée 2020 par rapport à celle de 2019 (date à laquelle 2650 emplois avaient d’ores et déjà été supprimés par JM. Blanquer…), auront au contraire besoin de 1600 postes supplémentaires pour assurer un taux d’encadrement stable. Le ministère doit y remédier. 

     

    Enfin, le SNCL rappelle que les enseignants ne pourront en même temps assurer leurs cours en présentiel et le suivi du travail à distance pour les élèves ne pouvant accéder à la classe. Les semaines de confinement ont montré à quel point l’organisation d’un enseignement télétravaillé pouvait être lourd  et chronophage. En aucun cas, il ne pourrait être compatible avec une reprise des classes à temps plein. En conséquence, le SNCL demande au ministère : 

     

    – de respecter ses devoirs envers ses fonctionnaires en télétravail qui, en l’absence du nouveau décret attendu sur le sujet, sont soumis aux dispositions du décret 2016-151 et en ce sens sont en droit d’attendre de leur employeur la prise en charge des « coûts découlant directement de l’exercice des fonctions en télétravail, notamment le coût des matériels, logiciels, abonnements, communications et outils ainsi que de la maintenance de ceux-ci ».  

    de promulguer un arrêté ministériel sur la question du télétravail (celui-ci étant appelé à perdurer au moins jusqu’en juillet pour la plupart des enseignants) officialisant cette situation et rappelant aux agents les garanties dont ils disposent en matière d’accident du travail (même à leur domicile dans un contexte télétravaillé).  

    de consacrer la première semaine à l’organisation d’une vraie prérentrée pour tous les enseignants (y compris ceux du premier degré) afin qu’ils puissent s’organiser et s’adapter au nouveau matériel et aux nouvelles consignes avant de recevoir tout public supplémentaire.

    – d’enjoindre toutes les équipes de direction dont les établissements sont appelés à rouvrir à fournir à leurs équipes un emploi du temps modifié à valeur contractuelle respectant les obligations réglementaires de service et partageant de façon proportionnée et raisonnable le temps de travail en classe et/ou le temps de travail à distance, avec l’accord de chaque personnel concerné.  

     

    En l’absence de ces décisions, le ministère devra porter la responsabilité, y compris juridique, de la mise en danger et de la dégradation de la santé de ses agents et des élèves qu’ils recevront, et assumer toutes les conséquences néfastes qu’un déconfinement prématuré et improvisé aura sur le développement national de la pandémie.  

  • Covid-19 : l’injustice pour les candidats aux concours internes

    C’est la stupeur et la colère qui ont majoritairement saisi les candidats aux concours internes du CAPES et de l’agrégation pour cette session 2020, suite aux annonces du ministre visant à aménager les recrutements dans le contexte de la crise sanitaire actuelle.

    Ces annonces s’ajoutent à un contexte déjà très difficile pour ces candidats, qui ont déjà vu en cours de route leurs cours de préparation et de formation annulés un par un par les différentes universités, et leurs lieux de travail et de recherches (bibliothèques municipales ou universitaires) fermés depuis mars suite à l’épidémie de covid-19.

    Une préparation au concours rendue aussi très complexe par la situation particulière de ces candidats souvent déjà enseignants (capétiens, maitres auxilaires, contractuels…) et qui, en tant que tels, sont la plupart du temps aussi en charge de classes cette année, parfois avec des heures supplémentaires ou en poste sur plusieurs établissements. Des classes qu’ils doivent bien sûr continuer d’accompagner à distance pendant le confinement, comme tous les autres enseignants, tout en préparant leurs futures épreuves orales…

    C’est alors que les candidats ont appris la décision de M. Blanquer de supprimer les oraux pour les candidats aux concours externes n’aynt pas passé l’écrit, et de les maintenir en juillet  pour ceux disposant déjà d’un écrit et retenus, alors que pour les admissibles aux concours internes, ces oraux seraient repoussés… en septembre 2020 ! 

     Au-delà de la date, c’est la différence de traitement entre les deux voies de recrutement qui a immédiatement suscité un sentiment d’injustice. En effet, pour le ministère, les admissibles internes ne posant pas de problème d’employabilité dépendante du résultat du concours puisqu’ils sont déjà en poste, il a paru plus simple de repousser les épreuves orales et d’ainsi alléger quelque peu la tâche future des jurys qui, en juillet, seront convoqués pour statuer sur le sort de beaucoup d’autres candidats. Pour les concernés, cette décision est insupportable : un sentiment de ne pas être valeur comptable, voire même d’être méprisés par l’administration.

    Le choix du report en septembre pose aussi d’autres problèmes : en effet, comment préparer sereinement cet oral à l’heure actuelle, entouré par une maladie qui frappe peut-être vos proches ? Comment mobiliser son énergie en septembre quand, déjà, ces candidats devront se concentrer sur la reprise des classes et la préparation de leur rentrée scolaire ? Comment accepter d’être absent dans les premières semaines de septembre dans un établissement qui aura grand besoin de ses équipes pour assurer son redémarrage après ces semaines si spéciales de confinement ? Enfin, comment rester motivé pour préparer, déjà, les nouveaux dossiers d’inscription pour l’éventuelle session 2021, au cas où, à l’arrivée, on ne serait pas reçu au concours (les premières démarches s’effectuant dès octobre, et plusieurs épreuves écrites pouvant avoir lieu avant décembre 2020 pour certaines disciplines) ?  

    La création d’une pétition en ligne a suivi les annonces du ministre, et a réuni d’ores et déjà plus de 5000 signatures.

    Pour le SNCL, le ministère doit revoir sa copie concernant ces candidats, et accepter de décider dès à présent de leur sort sur la base des résultats écrits, comme il s’apprête à le faire pour les candidats aux concours externes n’ayant pas encore composé. Un entretien oral pourrait venir confirmer cette décision en fin d’année scolaire prochaine, sur le modèle de ce qui sera proposé au printemps 2021 aux stagiarisés de la rentrée. 

     

    Si le ministère persiste dans son projet, il doit a minima clarifier dès à présent les règles de titularisation (et d’affectation pour les candidats concernés) de ces admissibles en 2020. Le SNCL demande à ce que les effets indiciaires, les salaires et la durée de carrière soient rétroactivement appliqués au 1er septembre 2020 pour les admis par concours interne, quel que soit la date finale d’obtention de leurs résultats.

     

    Enseignants candidats aux concours externes, pour eux aussi la galère

     

    Ce ne sont pas les plus nombreux des candidats, mais ils sont pourtant aussi concernés par le grand chamboulement des règles des concours cette année. Les collègues qui, déjà en poste mais n’ayant pas cumulé les cinq années d’ancienneté nécessaires, tentent les concours externes, parfois dans le cadre d’un congé de formation professionnelle. 

    En effet, ceux qui disposent d’ores et déjà de résultats écrits peuvent avoir vu les oraux de leurs disciplines maintenus au début de l’été : pour autant, il est évident que le contexte du confinement et le travail à distance à assurer avec les élèves (sans soutien universitaire qui plus est) n’auront pas permis à ces candidats de se préparer dans les meilleures conditions. 

    En conséquence, le SNCL demande un relèvement du nombre d’admis dans les disciplines concernées, et la constitution de listes complémentaires plus fournies afin, par exemple, de compenser à la rentrée 2021-2022 les postes qui seraient finalement non pourvus en fin d’année scolaire 2020-2021.

  • Combien de temps encore utiliserons-nous notre matériel personnel ?

    Un corps pléthorique n’excuse pas tout

     

    Bien sûr, nous sommes près d’un million. C’est la première raison pour laquelle les demandes du SNCL comme des autres syndicats au sujet d’une prise en considération de l’usage du matériel personnel dans le cadre du travail des enseignants ont toujours connu une fin de non recevoir. La dotation en matériel informatique, son suivi, son entretien, son remplacement, et surtout la formation des enseignants à son utilisation pourraient coûter entre 200 et 300 millions d’euros par an. C’est pourtant une demande particulièrement légitime, non seulement parce qu’à l’heure du rapprochement public / privé, une injustice flagrante demeure sur les fonctionnaires contraints d’utiliser à leurs frais leur matériel personnel pour travailler mais aussi parce que les politiques de développement du numérique à l’école ne sauraient avoir de réel sens si les enseignants sont exclus de la montée en charge de l’équipement et de la modernisation en cours dans nos établissements.

     

    Quand le COVID-19 révèle la misère de la situation

     

    C’est sans doute un effet colatéral de la crise sanitaire actuelle que l’on n’attendait pas : mais l’organisation précipitée d’un lien scolaire à distance entre les enseignants et des millions d’élèves confinés chez eux a révélé aux yeux de tous l’impréparation de l’Education nationale face à ce défi. Il n’y a guère plus que le ministre lui-même pour faire semblant d’y croire car sur le terrain les enseignants en bavent au quotidien. Ils doivent sur-solliciter leurs ordinateurs personnels (tout en devant parfois les partager avec leur conjoint et/ou leurs propres enfants confinés avec eux), leurs imprimantes et même leurs propres téléphones portables quand on les enjoint d’appeler quasi quotidiennement les familles de leurs élèves. Même si cela pourrait passer pour des comptes d’apothicaire, la réalité du coût de cette situation est tout autre. Coût matériel bien sûr (électricité, consommables comme papier et encre, usure du matériel informatique, consommation de crédits ou de forfait mobile et internet), coût humain aussi (temps, stress, autoformation précipitée, installation à la hâte de logiciels privés parfois peu soucieux du RGPD, comme le démontre notre récent article que vous pouvez lire aussi ici).

    Au-delà de la déclaration d’impôts aux frais réels, rien ne permet à ce jour aux enseignants de retrouver l’argent qu’ils perdent de cette façon en essayant simplement de répondre aux exigences gouvernementales. Certes, la situation dramatique de notre pays et la souffrance des malades touchés par le virus fait parfois observer de loin des contingences aussi matérielles. Pourtant, demain, à la sortie de la crise, nous savons bien que c’est essentiellement en termes financiers que se posera la question de l’après pour un gouvernement qui sera bien davantage en recherches d’économies que de moyens de compenser ce qui aura été perdu par ses agents si volontaires et impliqués avec force dans le télétravail.

    Très probablement aussi, on aura à coeur d’oublier vite les lacunes ainsi révélées, pour ne pas avoir à déployer enfin un plan d’ampleur à la hauteur des enjeux du 21e siècle en matière de numérique à l’école…

    Pour aller plus loin : retrouver nos revendications en matière d’équipement des enseignants, ainsi que toute nos résolutions pédagogiques de congrès ici et notamment :

     

    • la création de locaux adaptés et fonctionnels avec le développement de points TICE, de salles d’études, de lecture ou multimédia surveillées, de salles de travaux pratiques équipées en informatique,

     

     

    • la saisie des notes par les professeurs facilitée par l’utilisation généralisée d’un seul et même logiciel et à partir de n’importe quel poste informatique en liaison Internet,  avec notamment  l’adoption par l’éducation nationale d’un ENT (espace numérique de travail) , commun à tous les établissements de la même académie,

     

    • le recrutement et l’affectation de personnels titulaires spécialisés pour assurer la maintenance et le fonctionnement des réseaux informatiques, devenus indispensables

     

    • une quotité horaire permettant d’assurer une gestion informatique adaptée aux besoins de l’établissement pour assurer l’installation, la maintenance et le suivi, et la mise aux normes de sécurité des matériels utilisés.